L'armée tchadienne s'est retirée du Soudan après avoir "nettoyé tous les nids" de rebelles qui s'y étaient réfugiés, a annoncé dimanche le ministre par intérim tchadien de la Défense, alors que N'Djamena et Khartoum n'avaient jusqu'ici évoqué que des raids aériens.
"Après avoir poursuivi les mercenaires à l'Intérieur du Soudan, exerçant notre droit de poursuite, les forces de défense et de sécurité se sont retirées cet après-midi (dimanche) de l'intérieur du Soudan", a affirmé le ministre, Adoum Younousmi, à N'Djamena au palais présidentiel. "Nous avons nettoyé tous les nids de mercenaires à l'intérieur du Soudan sur une profondeur de 4 à 40 km. Nous avons détruit sept points de regroupements. Des fuyards ont été traités par l'aviation et ceci sans aucun dégât collatéral", a-t-il ajouté devant la presse. "Nous n'allons plus permettre à aucun pays d'abriter des mercenaires contre le Tchad. Peu importe la profondeur (en territoire étranger), nous irons les détruire là où ils sont", a conclu le ministre. Joint depuis Libreville dans la matinée, une source de l'Union des forces de la résistance, regroupant les principales factions rebelles, avait affirmé à l'AFP que la journée avait été "calme". Samedi, la tension entre le Soudan et le Tchad était grande après les protestations soudanaises contre des raids aériens tchadiens au Darfour (ouest Soudan). L'armée tchadienne fait la chasse aux rebelles tchadiens qui tentaient de regagner leurs bases au Soudan après l'échec de leur offensive lancée le 4 mai. Le président tchadien Idriss Deby Itno avait justifié l'utilisation du "droit de poursuite" et annoncé son intention d'en finir "une fois pour toutes" avec les rebelles. Le Soudan, qui avait protesté contre deux raids vendredi et samedi avait menacé: "l'armée soudanaise est prête à répondre mais attend les instructions", a déclaré Ali Sadiq, porte-parole du ministère soudanais des Affaires étrangères. La France, dans un communiqué, s'était dite "préoccupée" de ces tensions "croissantes" et avait appelé "instamment les parties à éviter toute escalade". A Addis Abeba, le secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des affaires politiques, Haile Menkerios, avait estimé qu'il fallait que le gouvernement tchadien "négocie avec les rebelles tchadiens". De longue date, N'Djamena et Khartoum ont des relations difficiles et s'accusent mutuellement de complaisance envers leurs mouvements rebelles respectifs. Depuis septembre, ils ont repris des relations diplomatiques interrompues en mai 2008. Une paix entre eux est jugée essentielle pour résoudre le conflit de six ans au Darfour, région soudanaise frontalière du Tchad. Cette guerre a fait environ 300.000 morts, selon l'ONU, 10.000 d'après Khartoum. - AFP