Guinée: arrestation de plusieurs militaires après des mouvements de troupes
Plusieurs militaires, dont deux capitaines, ont été arrêtés jeudi en Guinée à la suite de mouvements de troupes dans la capitale Conakry après le report à la dernière minute du départ en Libye du chef de la junte, a-t-on appris de sources militaires.
Le nombre total de militaires arrêtés n'est pas connu mais parmi eux figurent les capitaines Saa Alphonse Touré, commandant adjoint du Régiment commando et Abdoulaye Kéita, maître instructeur et ancien du Bataillon autonome de la sécurité présidentielle (Basp), la garde présidentielle du "président-général" Lansana Conté (1984-2008), selon ces sources. Ils ont été écroués au camp Alpha Yaya Diallo de la capitale, le plus grand camp militaire du pays, ont précisé ces mêmes sources. "Les deux officiers et plusieurs caporaux de leur garde rapprochée ont été arrêtés au lendemain d'une nuit très agitée (de mercredi à jeudi) qui a connu des mouvements de troupes dans la capitale", a précisé un responsable militaire ayant requis l'anonymat. Des militaires avaient érigé mercredi soir un barrage de contrôle à l'entrée de la péninsule du Kaloum, le quartier administratif et des affaires, fouillant tous les véhicules et obligeant les automobilistes à faire demi tour. La situation était redevenue normale jeudi matin. Le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara, au pouvoir depuis le coup d'Etat du 23 décembre, devait s'envoler mercredi matin vers Tripoli dans un avion libyen spécialement affrété, mais son voyage avait été reporté au tout dernier moment, avait constaté un journaliste de l'AFP. Invité par le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi, le chef de la junte patientait au salon d'honneur de l'aéroport quand cette visite annoncée par tous les médias d'Etat avait finalement été reportée "à une date ultérieure", pour "raison de calendrier", selon un communiqué officiel. La nouvelle date de la visite à Mouammar Kadhafi, qui préside actuellement l'Union africaine (UA), n'a pas été précisée. Une source proche de la junte, interrogée mercredi par l'AFP, avait toutefois expliqué ce report par le fait que le service du protocole libyen avait refusé de transporter tous les membres de la délégation guinéenne. "Plus de 40 personnes, dont certaines (étaient) armées, avaient pris place à bord (de l'avion), alors que le nombre prévu était de 25", a indiqué cette source. Selon cette même source, le capitaine Dadis Camara avait également souhaité faire escale à Dakar pour "présenter ses condoléances" au président sénégalais Abdoulaye Wade, après le décès de sa belle-fille. Le président Wade avait été le premier chef d'Etat à apporter son "soutien" aux putschistes ayant pris pris le pouvoir quelques heures après l'annonce du décès du général Conté à l'âge de 74 ans. Début mars, l'ONG International Crisis Group (ICG) avait averti que "les principaux risques pour la transition (vers des élection fin 2009) (étaient) des dissensions au sein de la junte, puis au sein des forces de sécurité dans leur ensemble, à mesure que celles-ci commencent à se disputer le pouvoir et ses privilèges, et éventuellement à se diviser en factions communautaires". "La possibilité d'un contre-coup violent est réelle et s'accroit chaque jour que la junte reste au pouvoir", avait écrit le groupe de réflexion dans un rapport intitulé "Guinée: la transition ne fait que commencer". - AFP
