La libération mardi de dix otages, dont 7 Français, enlevés le 31 octobre à Bakassi (sud-ouest du Cameroun) a été consentie en échange notamment de la libération de 13 prisonniers détenus dans les prisons camerounaises, ont affirmé mercredi les ravisseurs.
"Nous avons échangé les 10 otages contre 13 prisonniers", a affirmé à l'AFP le "général" AG Basuo, chef du Conseil de sécurité et défense du delta du Niger (NDDSC), dont fait partie le groupe des ravisseurs, les Combattants de la liberté de Bakassi (Bakassi Freedom Fighters, BFF). "Ces prisonniers ont été arrêtés cette année. Je ne peux pas entrer dans les détails", a-t-il ajouté joints depuis Libreville. Le commandant Ebi Dari, un adjoint d'AG Basuo, a précisé lors de la même communication téléphonique qu'il s'agissait de "pêcheurs de Bakassi arrêtés en raison de problèmes de papiers d'identité". Interrogé sur le point de savoir s'ils étaient des combattants, il a répondu: "Ce sont des gens de Bakassi. Ils n'avaient pas d'armes". Auparavant, des sources concordantes avaient fait état d'un échange entre les otages et des prisonniers. "Les dix otages ont été échangés contre 13 prisonniers détenus par le Cameroun", avait affirmé une source proche des rebelles à l'AFP. Une autre source proche du dossier a confié qu'il y avait eu "un échange de prisonniers lors de la libération des otages". Depuis leur libération mardi, les contreparties offertes aux ravisseurs sont tenues secrètes. Paris a affirmé ne pas avoir "versé de rançon" alors que l'ambassadeur du Cameroun à Paris, Lejeune Mbella Mbella, a insisté: "Nous sommes sûrs qu'il n'y a pas eu de marchandage et pas de rançon". Les ravisseurs, les Combattants de la Liberté de Bakassi, sont toujours restés flous sur leurs demandes, affirmant qu'elles étaient "secrètes" et qu'ils "ne voulaient pas d'argent". Les otages, sept Français, deux Camerounais et un Tunisien, ont été libérés mardi. Ils avaient été enlevés dans la nuit du 30 au 31 octobre au large de la péninsule de Bakassi, frontalière du Nigeria, alors qu'ils se trouvaient à bord d'un navire du groupe français Bourbon travaillant dans le secteur pétrolier. Les sept otages français et le Tunisien sont arrivés mercredi peu après 08h30 à Roissy où ils ont été accueillis par la secrétaire d'Etat aux droits de l'Homme Rama Yade. Ils ont également été accueillis par une vingtaine de proches et par les ambassadeurs du Cameroun et de Tunisie, a constaté un journaliste de l'AFP. "C'est un dossier que j'ai suivi de très près", a déclaré Mme Yade. "J'ai reçu les familles la semaine dernière. C'est une issue heureuse pour les familles et les otages sont en bonne santé". Les deux otages camerounais devaient rejoindre rapidement leurs familles et leurs proches, avait indiqué mardi le groupe Bourbon. Les autorités françaises, et notamment Nicolas Sarkozy, avaient exprimé mardi leur "soulagement". Le président "s'associe pleinement à la joie de leurs familles, de leurs proches et de la société Bourbon", avait indiqué l'Elysée.