Le fils aîné du défunt président guinéen Lansana Conté, arrêté début février pour sa participation présumée au trafic de cocaïne dans le pays, a été placé mardi en détention provisoire à la prison civile de Conakry, a-t-on appris de source policière.
Le commandant Ousmane Conté, un des enfants du chef de l'Etat décédé le 22 décembre de maladie après avoir dirigé le pays pendant 24 ans, a été écroué et se trouve en attente de jugement, tout comme deux de ses "lieutenants" arrêtés en même temps que lui pour trafic de drogue. Depuis la prise du pouvoir par l'armée, le 23 décembre, le chef de la junte, le capitaine Moussa Dadis Camara présente "le combat contre le trafic de cocaïne" comme l'une des priorités nationales. Ousmane Conté avait reconnu, fin février, "être impliqué dans le trafic de drogue en Guinée" mais s'était défendu d'en être le parrain, au cours d'un interrogatoire télévisé dirigé par les services du capitaine Moussa Tiègboro Camara, "secrétaire d'Etat" en charge de la lutte contre la drogue. Il avait alors demandé pardon au peuple de Guinée pour "tous les désagréments que cela a pu créer au sein de la société". L'été dernier, Ousmane Conté avait été cité dans une affaire qui avait fait grand bruit: celle de l'atterrissage à Boké (300 km au nord de Conakry) d'un petit avion transportant de la cocaïne, en provenance de Bissau, dont la cargaison n'avait pu être saisie. Le dispositif de sécurité était renforcé, mardi, dans la prison civile où il a été conduit, après avoir été détenu à l'hôpital d'un camp militaire. D'autres trafiquants présumés sont également écroués à la prison civile, dont un frère de l'ex-Première dame Henriette Conté, Saturnin Bangoura. Ces derniers mois, plusieurs hauts cadres de la police nationale ont aussi été arrêtés et inculpés de "trafic de drogue, complicité et facilitation de trafic de drogue", parmi lesquels l'ancien ministre de la Sécurité (juin-août 2008) Mohamed Damba. "La cocaïne produite en Amérique du Sud fait de plus en plus de détours par le continent africain pour alimenter les marchés européens croissants" selon un rapport de l'Office contre la drogue et le crime des Nations unies (ONUDC), publié en octobre 2008. La Guinée, qui "n'était pas considérée comme une plaque tournante du trafic", "a été le lieu d'embarquement de 221 passeurs interceptés depuis 2006, ce qui représente le taux national le plus élevé de la région", selon ce rapport. - AFP