Les dirigeants du G20, réunis samedi à Washington, semblaient en voie de s'accorder sur une meilleure surveillance de la finance mondiale et un soutien à l'activité économique pour tenter d'enrayer la crise financière la plus grave depuis celle de 1929.
Après un dîner vendredi à la Maison Blanche, les chefs d'Etat et de gouvernement des grands pays industrialisés et émergents ont posé pour une photo de groupe avant de reprendre leurs travaux au musée d'architecture de la capitale américaine. "Le sommet financier va adopter un plan d'action pour démontrer que la communauté des Etats a la capacité d'agir", a déclaré la chancelière allemande Angela Merkel. "Il existe ici une grande volonté commune de s'assurer qu'une telle crise ne se reproduira pas et de relancer l'économie mondiale le plus rapidement possible", a-t-elle ajouté devant la presse. Le président américain George W. Bush, hôte de la réunion, a qualifié les discussions de "bonnes et franches". Il a aussi mis en garde contre un regain de protectionnisme dans le monde, "l'un des dangers d'une crise comme celle que nous traversons". Le communiqué attendu à l'issue de la réunion devait lancer des "messages positifs de trois ordres : soutien à l'économie, nouvelle régulation internationale, réforme de la gouvernance mondiale", a affirmé la présidence française de l'Union européenne. Et un premier bilan devrait être dressé au 31 mars, avant la convocation d'un second sommet du G20 au plus tard le 30 avril. Ce sont les trop grandes prises de risques, sans véritable contrôle, de grands noms de la finance mondiale qui ont provoqué la crise financière. Pour éviter une répétition de l'Histoire, le sommet veut "faire en sorte que tout intervenant sur les marchés, tous les produits et tous les marchés soient réellement soumis à surveillance, il n'y aura plus de zone d'ombre", a insisté la chancelière allemande. Le plan d'action contiendra des recommandations sur "les règles comptables, les rémunérations des dirigeants" d'établissements financiers (accusés d'avoir exacerbé la crise financière en prenant trop de risque, ndlr), les agences de notation, les fonds d'investissement spéculatifs (hedge funds) et "la mise en place de plateformes" (marchés) pour la régulation de produits dérivés qui s'échangent actuellement hors cote et sans contrôle, selon la délégation allemande. Il s'agit de produits comme les CDS, des contrats d'assurance sur le non remboursement d'un emprunteur qui ont failli couler l'assureur américain AIG, sauvé par l'Etat. Il n'est cependant plus question d'une réforme globale du système financier, sorte de Bretton Woods II, souhaitée par certains pays, dont la France. M. Bush a mis en garde ces derniers jours contre un excès de réglementation, les Etats-Unis s'opposant farouchement à l'instauration d'un régulateur mondial unique. Selon le président américain, le sommet réaffirmera "notre conviction que les principes du libéralisme économique nous offrent la meilleure voie vers une prospérité durable". La Maison Blanche a proposé deux nouveaux mécanismes: un "collège de superviseurs" formé d'autorités de régulation pour surveiller les 30 plus grandes banques mondiales et un "système d'alerte précoce" des crises financières à confier éventuellement au FMI. Mais il est difficile pour Washington de s'engager davantage car le 20 janvier 2009, Bush laissera la place à Barack Obama, absent du sommet. Dans une allocution radiophonique, ce dernier a salué la réunion du G20, parce que "la crise économique mondiale requiert une réponse mondiale coordonnée". Les Etats-Unis souhaitent également une réorganisation des institutions multilatérales, comme le FMI et la Banque mondiale, pour accorder davantage de poids aux pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Brésil. Le Pakistan, dont l'économie est en crise, a annoncé samedi qu'il recevrait une aide - une ligne de crédit - de 7,6 milliards de dollars du FMI. Alors que la récession touchera en 2009 les pays riches de l'OCDE, la pression s'accroît pour répondre de manière efficace à la détérioration de la situation économique mondiale. De grands pays industrialisés comme le Canada et des économies émergentes comme Brésil et Turquie ont donné de la voix pour que le sommet s'accorde en priorité sur des politiques concertées de relance, plutôt qu'une régulation financière. Le G20 rassemble le G8 (Allemagne, France, Etats-Unis, Japon, Canada, Italie, Royaume-Uni, Russie, UU), ainsi que l'Afrique du Sud, l'Arabie Saoudite, l'Argentine, l'Australie, le Brésil, la Chine, la Corée du Sud, l'Inde, l'Indonésie, le Mexique et la Turquie. L'Espagne et les Pays-Bas ont également été invités.