La pop-star américaine Madonna s'est vu refuser vendredi par un tribunal du Malawi le droit d'adopter une petite orpheline de trois ans de ce pays pauvre d'Afrique australe, où une première adoption de la chanteuse avait déjà provoqué une vive polémique.
"Je dois rejeter la demande de Madonna", a déclaré la juge du tribunal de Lilongwe, Esmie Chondo, en expliquant que la fillette, Chifundo James, ne vivait "plus dans la pauvreté depuis son admission à l'orphelinat de Kondanani" (sud). Madonna, absente à l'audience, et son avocat, qui a évité la presse, n'ont pas commenté cette décision de justice. La juge, qui n'avait pas traité le premier dossier d'adoption de la chanteuse, a également motivé sa décision par le risque de favoriser le trafic d'enfants si la justice ouvrait, avec ce précédent, la porte aux adoptions internationales sans respecter la procédure. "Il serait tentant d'abandonner toute prudence et d'autoriser l'adoption dans l'espoir de changer la vie d'un seul enfant", a-t-elle déclaré, "mais, en ôtant toute protection pour nos enfants, les tribunaux pourraient favoriser le trafic de mineurs par certains individus peu scrupuleux, qui profiteraient de la faiblesse de la loi", a-t-elle ajouté. Pour adopter un mineur, les lois du Malawi sont très strictes et les étrangers doivent être résidents depuis au moins 18 mois. "Cette question de résidence constitue un réel garde-fou dans les procédures d'adoption. Cela ne doit en conséquence pas être modifié", a statué la juge. Seule Madonna a fait exception à cette règle en adoptant David Banda, rencontré en 2006 lors de sa première visite au Malawi. Elle avait alors été accusée par de nombreuses associations de s'être servie de sa célébrité et de sa richesse pour accélérer la procédure. La chanteuse américaine, déjà mère de deux enfants, avait en effet obtenu immédiatement la garde de l'enfant pour 18 mois et avait quitté le pays avec lui. En mai 2008, elle avait pu l'adopter de plein droit avec l'accord du père biologique. M. Banda avait expliqué vouloir éviter à son fils de vivre dans la misère. Il a revu son petit garçon pour la première fois cette semaine. Madonna a créé une fondation "Raising Malawi" pour venir en aide aux enfants du pays, durement frappé par le sida, et finance un orphelinat. Le tribunal de Lilongwe a loué ces actions et l'a enjointe à continuer d'aider les enfants du Malawi, où plus de la moitié des 12 millions d'habitants vivent avec moins d'un dollar par jour. "Sans aucun doute", a estimé Mme Chondo, ces projets représentent un espoir "pour améliorer la vie des enfants au Malawi". La chanteuse, âgée de 50 ans et tout juste divorcée du réalisateur britannique Guy Ritchie, avait déposé lundi sa demande d'adoption pour la jeune Chifundo (Grâce, en langue nationale), rencontrée en octobre 2006 dans un foyer pour orphelins de victimes du sida. La fillette, née le 22 janvier 2006, avait été placée dans cette institution après la mort de sa mère. Sa demande d'adoption avait, comme pour le petit David, provoqué la colère des ONG locales et internationales. L'organisme "Eye of the Child", qui fait partie d'une coalition de 85 ONG opposée aux adoptions internationales, s'est réjoui de cette décision "très honnête". "Cela envoie un message au monde: le Malawi est un pays dont les lois et procédures doivent être respectées", a déclaré son directeur Maxwell Matewere. "Si Madonna fait appel, nous allons demander à nos avocats de défendre la décision du tribunal", a-t-il prévenu. - AFP