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Nicolas Sarkozy propose une «nouvelle donne» aux Africains

Mar 27, 2009

Dans un plaidoyer en faveur d'une relation franco-africaine renouvelée, débarrassée des scories de la Françafrique, le chef de l'Etat français a souhaité «abolir ce que le passé a laissé d'obscurité». Une rupture qui a ses limites.

A Brazaville, en 1944, le général de Gaulle avait appelé les Africains à «participer chez eux à la gestion de leurs propres affaires». En 1958, il était de retour dans la capitale congolaise pour offrir l'indépendance «à quiconque la voudra». En mars 2009, son lointain successeur, Nicolas Sarkozy, a proposé hier, lors d'une courte visite à Brazzaville, une «nouvelle donne» aux Africains.

Dans un discours prononcé devant le Parlement, le chef de l'Etat français s'est inscrit dans la lignée des propos qu'il avait tenus au Cap, en Afrique du Sud, en février 2008. Comme si le discours polémique de Dakar, évoquant une Afrique hors de l'histoire, n'avait été qu'un accident... Dans un plaidoyer en faveur d'une relation franco-africaine renouvelée, débarrassée des scories de la Françafrique, il a souhaité «abolir ce que le passé a laissé d'obscurité (...)» sans prôner la «liquidation d'une relation ancienne, fraternelle (...)».

Exprimer cette volonté de renouveau tenait de la gageure dans un pays emblématique de la Françafrique, le Congo du président Denis Sassou Ngueso, où Elf-Aquitaine a connu de beaux jours. A quelques mois d'une élection présidentielle prévue pour juillet, Nicolas Sarkozy a voulu traduire sa profession de foi en actes: il a rencontré, durant une demi-heure, des représentants de l'opposition congolaise. Une première pour un chef de l'Etat de l'ancienne puissance coloniale.

Auparavant, devant les parlementaires, il avait rappelé que le Congo a signé en 2007 la Charte africaine de la démocratie qui l'engage à «promouvoir la tenue d'élections régulières transparentes, libres et justes (...)» Nicolas Sarkozy a également affirmé que la démocratie était un gage de stabilité car - explique-t-il - elle «assure la diffusion de la prospérité (...) vers le plus grand nombre.» Or le Congo de Sassou Nguesso est, précisément, un contre-exemple caricatural dans ce domaine. L'exploitation du brut, notamment par des compagnies françaises, n'a jamais profité au «plus grand nombre».

La rupture avec le passé prônée à Brazzaville par Sarkozy a ses limites: Paris appelle certes à des élections transparentes et libres au Congo, mais refuse d'évoquer quelle sera son attitude en cas de fraudes massives. Hier, on remarquait aussi au Parlement la présence d'un proche conseiller du président Sassou Nguesso, l'avocat Robert Bourgi. Ce dernier est l'un des derniers symboles d'une Françafrique sur le déclin, à laquelle Nicolas Sarkozy affirme vouloir donner le coup de grâce. Sans s'y résoudre. – Libération