Brandissant son épée, le président soudanais Omar al Bachir a menacé dimanche d´expulser des diplomates occidentaux et d´autres ONG, devant ses partisans rassemblés à El Facher, dans le nord-Darfour.
Cinq jours après le mandat d´arrêt lancé contre lui par la Cour pénale internationale pour crimes de guerre dans cette région de l´ouest du Soudan Bachir a, au cours d´une allocution, insulté la CPI, affiché son mépris pour l´Occident et justifié l´interdiction à ce jour de 16 organisations humanitaires non gouvernementales. "Nous avons expulsé ces organisations parce qu´elles menaçaient la sécurité du Soudan. Nous expulserons quiconque qui va à l´encontre de la loi soudanaise, que ce soit des membres d´organisations de volontaires, de missions diplomatiques ou de forces de sécurité", a-t-il déclaré. Le président soudanais a ensuite énuméré d´une voix forte les crimes commis selon lui dans l´Histoire par les pays occidentaux: le massacre des indiens d´Amérique du Nord, Hiroshima, le Viêtnam et l´Irak. "Ils ont tué des millions d´indiens (...) pourquoi ne sont-ils pas devant un tribunal?", a-t-il lancé. Bachir a ensuite utilisé une expression particulièrement insultante dans le monde arabe pour exprimer son mépris envers la CPI. "La Cour pénale internationale et tous ceux qui travaillent pour elle sont sous mes pieds", a-t-il dit. A la fin de son discours, il a brandi son épée, sous les acclamations de la foule qui avait ponctué sa philippique de slogans contre l´Occident et la CPI. LE PROCUREUR DE LA CPI POUR CIBLE Omar al Bachir était arrivé dans la matinée à El Facher juché à l´arrière d´une camionnette découverte. L´attendaient ses partisans venus pour certains à cheval ou à dos de chameau et brandissant des drapeaux et des banderoles. Certains s´en sont particulièrement pris au procureur général de la CPI, Luis Moreno-Campo. L´un d´entre eux avait affublé la tête d´un âne d´une photo du magistrat, tandis que d´autres portaient l´effigie d´un chien avec le nom d´Ocampo écrit dessus. Les critiques occidentales s´abattent depuis jeudi sur le gouvernement de Khartoum qui a expulsé 13 organisations humanitaires étrangères et interdit trois groupes locaux accusés de complicité avec la CPI. Alors que le président soudanais posait le pied dans cette région où la guerre civile a poussé plus de 2,7 millions de personnes à fuir selon les experts internationaux, des responsables gouvernementaux affirmaient que la décision à l´encontre des ONG était "irréversible". La coopération avec la CPI de ces organisations, parmi lesquelles figurent Oxfam ou Médecins sans frontières, a été "prouvée", a affirmé le secrétaire adjoint aux Affaires étrangères Mutrif Siddig, cité par l´agence officielle Suna. Il a ajouté, selon le Centre des médias soudanais, que leurs programmes seraient désormais gérés par le gouvernement avec l´aide des groupes étrangers et locaux toujours présents. Les agences des Nations unies au Soudan ont jugé samedi qu´il serait impossible de combler le manque créé par le départ de ces organisations comptant pour 40% des activités d´aide au Darfour, théâtre de la plus importante opération humanitaire au monde. "Bien qu´environ 85 ONG opèrent au Darfour, la plupart de l´aide va être interrompue sans ces organisations", pouvait-on lire dans un communiqué des agences de l´Onu. - Reuters