L´accident de la route dans lequel le Premier ministre zimbabwéen a été blessé vendredi alimente les inquiétudes sur l´avenir du gouvernement d´union à Harare, et les partisans de Morgan Tsvangirai réclament une enquête indépendante.
M. Tsvangirai a quitté samedi l´hôpital privé à Harare où il avait été admis la veille, après cet accident dans lequel son épouse, Susan, a péri. Accompagné par son adjoint Thokozani Khupe, le ministre des Finances Tendai Biti et le ministre de la planification économique Elton Mangoma, il a été applaudi par des passants avant de partir à bord d´une Mercedes. Le Premier ministre a été victime de cet accident trois semaines après sa prise de fonction dans un gouvernement d´union sous la présidence de Robert Mugabe. Selon la police zimbabwéenne, un camion, dont le chauffeur se serait endormi, a empiété sur l´autre voie et percuté la voiture des époux Tsvangirai, un 4X4 Toyota Land Cruiser, qui arrivait en face. Alors que Morgan Tsvangirai a été l´objet de plusieurs tentatives d´assassinat par le passé, son parti le Mouvement pour le changement démocratique (MDC) s´est refusé à spéculer samedi sur une éventuelle origine criminelle de l´accident, et a demandé une enquête indépendante. "Nous ne nous lancerons pas dans des suppositions tant qu´une enquête complète n´aura pas été menée à terme", a déclaré Eddie Cross, un parlementaire MDC. Tendai Biti a cependant estimé que l´accident aurait pu être "évité", si M. Tsvangirai avait bénéficié d´une "escorte policière" comme devrait l´impliquer son statut de Premier ministre. "La police mène son enquête, nous faisons aussi la nôtre", a-t-il dit. Selon un diplomate américain, le camion impliqué dans l´accident appartenait à un partenaire de l´USAID, l´agence de coopération américaine, et son chauffeur avait été engagé par une agence de coopération britannique. Cet accident a suscité de nouvelles inquiétudes sur la pérennité du gouvernement d´union. Le fragile accord entre le président Robert Mugabe et M. Tsvangirai, pour mettre fin à l´impasse politique qui paralysait le pays depuis des mois, a déjà été ébranlé par l´arrestation d´un des leaders du MDC, Roy Bennett, et son maintien en prison depuis. "Cet accident est un nouvel obstacle pour la fragile cohésion du Zimbabwe", estime l´analyste politique Daniel Makina. "Les gens vont se poser des questions et vont sans doute désigner des coupables." Pour Sydney Masamvu, analyste auprès de l´International Crisis Group, "les tensions sont encore fortes et il y a beaucoup de méfiance entre les deux partis politiques". Dans un geste politique d´apaisement, le président Mugabe et sa femme Grace s´étaient très vite rendus vendredi soir à l´hôpital au chevet de M. Tsvangirai. Tsvangirai a été intronisé le 11 février Premier ministre d´un gouvernement d´union entre le MDC et le Zanu-PF, le parti du président Robert Mugabe, 85 ans, qui monopolisait le pouvoir depuis l´indépendance du Zimbabwe en 1980. Le nouveau gouvernement tente de trouver des aides financières pour sortir le pays d´un crise économique et humanitaire sans précédent. Les premières réactions de la communauté internationale, celles de l´Afrique du Sud et du Royaume-Uni vendredi, sont restées prudentes. Pretoria a assuré M. Tsvangirai de son "soutien moral", tandis que Londres a fait part de sa "profonde tristesse", précisant toutefois "surveiller la situation de près". Paris a demandé samedi que "la lumière soit faite rapidement" sur l´accident. - AFP