Le taux de chômage aux Etats-Unis a atteint son plus haut niveau depuis 25 ans (décembre 1983) à 8,1% en février, un mois durant lequel les entreprises ont détruit 651.000 emplois, selon les statistiques officielles.
Le département du Travail a en outre revu à la hausse les chiffres des suppressions de postes de décembre et janvier, de 161.000 au total. Le nombre des emplois supprimés en février est proche du consensus des estimations d´économistes, 648.000. "Il reflète toujours l´état déplorable du marché du travail, qui incite à penser que la récession américaine est en train de s´aggraver", commente Joe Manimbo, trader devises de Ruesch International à Washington. Pour le taux de chômage, le marché avait anticipé un taux de 7,9%, contre 7,6% en janvier. Le produit intérieur brut (PIB) des Etats-Unis s´est effondré de 6,2% en rythme annuel au quatrième trimestre 2008, sa plus mauvaise performance depuis plus de 28 ans. L´absence de mauvaise surprise dans ces statistiques très attendues a soulagé les investisseurs du monde entier : Wall Street progressait en début de séance et les marchés européens ont un moment évolué en territoire positif, tandis que le dollar cédait du terrain, son statut de valeur refuge repassant au second plan. Les suppressions de postes de janvier ont été révisées à 655.000 contre 598.000 annoncées initialement et celles de décembre passent de 577.000 à 681.000, le chiffre le plus élevé enregistré depuis octobre 1949. Depuis le début de la récession en cours, en décembre 2007, l´économie américaine a supprimé 4,4 millions d´emplois, dont près de 2,6 millions sur les quatre derniers mois. En février, les seuls secteurs ayant créé des emplois ont été la fonction publique, l´éducation et la santé. CERCLE VICIEUX "Depuis que la récession a débuté, la montée du chômage est due pour l´essentiel aux pertes d´emplois, et non plus aux gens qui quittent leur emploi ou qui entrent sur le marché du travail", explique Keih Hall, responsable du Bureau of Labor Statistics. Le secteur manufacturier a supprimé 168.000 postes en février, après 275.000 en janvier. Celui de la construction a réduit ses effectifs de 104.000 postes qui s´ajoutent aux 118.000 supprimés le mois précédent. Et l´hémorragie est encore plus grave dans les services, avec 375.000 postes disparus en février après 276.000 en janvier. Ces chiffres tendent à confirmer que le marché américain du travail se trouve engagé dans un cercle vicieux: les entreprises, confrontées à la baisse de leur chiffre d´affaires et à la dégradation de leurs marges de rentabilité, réduisent massivement leurs effectifs, ce qui incite les ménages à couper dans leurs dépenses, amplifiant l´impact sur l´activité économique. Pour les salariés qui ont conservé leur emploi, l´horaire hebdomadaire moyen de travail est resté en février à son plus bas niveau historique, soit 33,3 heures, comme au cours des deux mois précédents. Et dans l´industrie, le nombre moyen des heures supplémentaires est revenu de 2,8 à 2,6 heures par semaine. Les perspectives de l´emploi ne sont guère encourageantes si l´on en croit les chiffres de la productivité publiés jeudi, marqués par une baisse de 0,4% de la productivité horaire en rythme annuel au quatrième trimestre, ce qui sous-entend que les suppressions de postes ont été insuffisantes pour ramener la production au niveau de la demande. - Reuters