Le chef d´état-major de l´armée de Guinée-Bissau, le général Batista Tagmé Na Waié, avait découvert 200 kg de cocaïne dans un hangar de l´état-major, une semaine avant son assassinat le 1er mars, a indiqué à l´AFP un officier de l´armée, sous couvert de l´anonymat. "Le général avait découvert, une semaine avant sa mort, une cachette dans un hangar de l´état-major, avec 200 kg de cocaïne qui se trouvaient dans quatre sacs de voyage. Il a mis la pression pour connaître ceux qui ont dissimulé la drogue", a indiqué jeudi cette source.
"Faites tout pour que cette affaire soit claire avant mon retour de Praia, nous n´accepterons jamais que des gens soient cachés derrière nous pour salir l´institution militaire", avait alors lancé avec fermeté à ses subordonnés le général, selon cette source, citant ses propos. "Le où les commanditaires doivent être connus et arrêtés, sinon c´est toute l´institution militaire qui risque d´être salie par ce geste", leur avait-il déclaré, selon cette source. Le chef d´état-major devait se rendre au Cap-Vert en début de semaine pour une réunion régionale. Il a été tué dimanche soir lors d´un attentat à la bombe, dans son bureau, juste avant son départ. Petit pays pauvre et instable d´Afrique de l´Ouest, la Guinée-Bissau est devenue ces dernières années une plaque tournante régionale du trafic de la cocaïne sud-américaine à destination des marchés européens. La communauté internationale met une pression croissante sur les autorités pour lutter contre ce trafic. Et ces derniers mois, le chef d´état-major s´était rendu impopulaire au sein des narcotrafiquants en réalisant plusieurs opérations. En mai 2008, le général Na Waié avait saisi un camion citerne contenant 10.000 litres de kérosène à Cufar (350 km au sud). Ce carburant était destiné à ravitailler les avions de narcotrafiquants qui se posaient sur la piste de cette localité, selon la même source. Un mois plus tard, il avait découvert dans un hangar à Bubaque, dans l´archipel des Bijagos, 60 fûts de 200 litres de kérosène. Le mode opératoire choisi pour tuer le chef d´état-major de l´armée, inédit dans la région, suscite de nombreuses spéculations. "La pose de bombe pour tuer est une chose inédite ici en Guinée-Bissau", a souligné cet officier. "Il y a sûrement une main invisible", a-t-il poursuivi, sans plus de précision. La bombe avait été placée sous l´escalier de son bureau et actionnée à distance, juste après son arrivée. Une partie du bâtiment s´est effondrée en raison de la violence de l´explosion. Quelques heures plus tard, des militaires ont tué le président Joao Bernardo Vieira, qui entretenait de mauvaises relations avec le chef d´état-major. Ces violences ont unanimement été condamnées par la communauté internationale. - AFP