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Le président de Guinée-Bissau tué par des militaires

Mar 02, 2009

Le président de la Guinée-Bissau Joao Bernardo "Nino" Vieira a été tué lundi par des militaires, apparemment en représailles à la mort quelques heures auparavant du chef d'état-major de l'armée.

L'état-major dit contrôler la situation et s'est engagé à respecter les institutions démocratiques dans cette ancienne colonie portugaise d'Afriquede l'Ouest très instable politiquement.

La Guinée-Bissau, située au sud de la Casamance, est régulièrement le théâtre de coups d'Etat et de conflits. Le pays est aussi désigné comme une plaque tournante du trafic de cocaïne de l'Amérique du Sud vers l'Europe

"Le commandement des forces armées renouvelle son attachement et sa volonté d'obéir aux institutions démocratiquement élues. Une commission composée de chefs militaires a été mise sur pied pour gérer la crise", précise dans un communiqué l'état-major, dont le chef, le général Batista Tagme Na Wai, a été victime d'un attentat dimanche soir.

L'Union africaine et le Portugal, ancienne puissance coloniale, ont condamné ces violences et appelé au rétablissement de l'ordre constitutionnel.

Pour l'UA, ces meurtres constituent "des actes odieux et lâches". A Addis-Abeba, le Gabonais Jean Ping, président de la commission de l'UA, a pris contact avec des dirigeants de la région pour étudier les moyens de faire face à la situation. Des consultations sont en cours pour organiser une réunion d'urgence du Conseil de paix et de sécurité de l'organisation panafricaine.

"La mort du chef de l'Etat Joao Bernardo Vieira est confirmée. Son épouse se trouve à l'ambassade d'Angola", a déclaré à Reuters Sandji Fati, un proche du défunt président. "Nino Vieira a refusé de quitter sa résidence quand des diplomates de l'ambassade d'Angola sont venus le chercher, lui et sa femme, pour les conduire en sécurité", a-t-il ajouté.

Des membres de la garde présidentielle ont déclaré à des habitants de la ville que le corps du chef de l'Etat gisait à l'intérieur de sa résidence.

AGUENTAS

Les tirs d'armes automatiques et les fortes explosions qui avaient retenti lundi avant l'aube à Bissau, notamment dans le quartier de la présidence, se sont calmés au lever du jour.

Dimanche soir, le général Na Wai, dont les relations avec le président étaient très tendues, avait été tué lors d'une attaque contre son QG.

Cette attaque, qui a également fait cinq blessés, a été menée par un groupe qui n'a pas été identifié. Des témoins ont entendu une forte explosion due selon eux à un lance-roquettes.

Une source proche des services de sécurité a déclaré que des soldats de l'ethnie Balante, à laquelle appartenait le général Na Wai, ont mené l'attaque contre la résidence du président. Ce dernier appartenait à la communauté Papel.

La résidence présidentielle a ensuite été pillée.

"Na Wai avait toujours dit que son sort et celui du président étaient liés et que s'il devait mourir le président ne tarderait pas à le suivre", a-t-on précisé de même source.

Le général Na Wai avait fait partie de la junte qui avait renversé dans les années 1990 Joao Bernardo Vieira, alors dirigeant militaire. Vieira était revenu au pouvoir à l'occasion de l'élection présidentielle de 2005.

Début janvier, une grave crise a opposé l'armée à la garde présidentielle Aguentas, une milice de 400 hommes recrutée par le ministre de l'Intérieur après une attaque de soldats dissidents contre la résidence du chef de l'Etat le 23 novembre dernier.

Des membres de la milice avaient alors tiré - sans le toucher - sur le général Na Wai, toujours très critique vis-à-vis du président Vieira. La garde avait expliqué qu'il s'agissait d'un accident et démenti une tentative d'assassinat mais l'armée avait ordonné le démantèlement de la milice.

Six personnes emprisonnées après l'attaque du 23 novembre ont été libérées tôt lundi matin de leurs cellules par des soldats partisans de Na Wai, a-t-on appris de source judiciaire.

Pour les analystes, l'instabilité politique est exacerbée par les trafiquants de drogue qui tirent avantage de la côte très découpée du pays et de ses aérodromes isolés pour acheminer leurs marchandises par bateau ou par avion. Ils jugent que les cartels ont les moyens financiers d'obtenir la coopération de hauts responsables de l'armée ou du gouvernement. - Reuters