Côte d’Ivoire, Zambie, Tanzanie et Sénégal dans la poule A basée à Abidjan ; Ghana, Libye, RD Congo et Zimbabwe dans la poule B domiciliée à Bouaké ! Tel est le plateau de la toute première édition du championnat d’Afrique des Nations (CHAN) de football qui se dispute à partir de demain jusqu’au 8 mars en Côte d’Ivoire. Uniquement réservée aux joueurs évoluant sur le continent, cette nouvelle épreuve de la Confédération africaine de football (CAF) se disputera sous forme de championnat en aller simple. Les équipes terminant en tête de leur poule au terme des rencontres de groupe, se retrouveront dans des demi-finales croisées d’où sortiront les finalistes du 8 mars à 1- heures au stade Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan.
Tribune de choix pour les « locaux » ou foire d’empoigne ? Des compétitions sportives nouvelles, il est de plus en plus difficile d’en créer. Surtout en football où les calendriers internationaux passent pour être surchargés, et les footballeurs sur-utilisés. Ce qui explique certainement qu’à intervalles réguliers, notamment au début de chaque année paire, lorsque se tient la CAN, certains clubs européens, gros employeurs de footballeurs africains, tapent sur la table pour remettre en cause la périodicité de cette épreuve - phare de la CAF. N’empêche, celle-ci (la CAF, bien sûr) a tenu bon et gardé le cap. Mieux, elle vient d’enrichir son agenda avec le Championnat d’Afrique des Nations (CHAN) dont la toute première édition se dispute à partir de demain et jusqu’au 8 mars en Côte d’Ivoire. Et il en sera désormais ainsi tous les deux ans, au début des années impaires. Dès la 2ème édition de cette « CAN des joueurs locaux » d’ailleurs, en 2011, au Soudan, les équipes finalistes passeront du simple au double : de 8 à 16. Comme lors de la grande CAN ! Ce qui accroîtra les chances des uns et des autres de se qualifier et de passer, peut-être, des éliminatoires sur la base des zones du CSSA à des éliminatoires non limitées géographiquement. Ainsi, le Sénégal qui a composté son ticket pour la phase finale au détriment de ses voisins de la Zone 2, Mali et Guinée, pourrait se voir opposé des adversaires de l’autre bout du continent. Réservée aux joueurs évoluant chez eux, la dernière née des compétitions de la Confédération africaine de football n’emporte cependant pas l’adhésion totale des spécialistes. Certes, il ne s’est pas trouvé une seule voix pour s’élever contre cette création. Au contraire, presque tout le monde s’est félicité de cette énorme chance accordée aux joueurs locaux de briller ailleurs qu’en clubs. Souvent barrés en équipe nationale par la « légion étrangère », les nombreux expatriés bénéficiant de conditions nettement meilleures et évoluant dans un cadre bien plus propice à la performance, ces joueurs locaux ont là l’occasion de prouver qu’ils ont de la valeur. Ironie du ... sport, c’est justement là que réside la principale réserve opposée au CHAN. Il risque d’être une « foire d’empoigne » où les recruteurs viendront en masse faire leur marché. « L’ambiance risque d’être viciée par la présence massive d’agents recruteurs », disait dernièrement sur ces colonnes, Ibrahima Faye, le vice président du CNF chargé des compétitions internationales. « C’est une compétition organisée par la CAF à l’intention des recruteurs », déclarait en substance pour sa part, Georges Kouadio, l’entraîneur de la Côte d’Ivoire, à nos confrères de l’APS. Mais, peut-on simplement reprocher à quelqu’un qui fait son marché d’aller là où il espère trouver ce qu’il cherche ? Peut-on humainement nier à tous ces footballeurs locaux, sénégalais, zimbabwéens, tanzaniens, ivoiriens, zambiens, congolais et autres, le droit de donner le meilleur d’eux-mêmes, de profiter au maximum de cette tribune qui leur est ainsi offerte, pour attirer sur eux l’intérêt de grands clubs ? Assurément non ! Il en va du CHAN comme du ... Mondial du reste, sans oublier toutes les compétitions « intermédiaires », de la Ligue (africaine ou européenne) des champions, à la Cecafa en passant par la Copa America et que sais-je encore. Les recruteurs y pullulent parce que c’est leur métier et les acteurs s’y surpassent pour gagner en pensant à la possibilité de se faire un avenir plus radieux, parce que tel est leur destin. Et roule la balle. Elle ne devrait d’ailleurs que mieux rouler... – Le Soleil