Des milliers de personnes (10.000 selon la police) ont défilé samedi à Paris pour soutenir les revendications des grévistes en Guadeloupe et rendre hommage au syndicaliste tué par balle dans la nuit de mardi à mercredi dernier.
Les manifestants, qui répondaient à l'appel du collectif "continuité LKP", constitué d'associations de la communauté antillaise et des représentations en métropole des organisations et syndicats à l'origine de la grève en Guadeloupe, ont défilé en milieu d'après-midi de la place de la République à celle de la Nation. La CGT, la CFDT, la CFTC, la FSU, Solidaires, le PS, le PCF, les Verts, le Nouveau parti anticapitaliste (NPA), LO, ou encore le Parti de Gauche (PG) avaient appelé à se joindre au défilé et à des rassemblements dans plusieurs autres villes, notamment à Toulouse où 400 à 500 personnes ont manifesté, selon les sources. A Paris, parmi les personnalités politiques, on notait la présence de la députée de Guyane Christiane Taubira et du sénateur de l'Essonne fondateur du PG Jean-Luc Mélenchon. Les manifestants brandissaient des portraits de Jacques Bino, le syndicaliste tué par balle, et certains portaient un brassard blanc en signe de deuil. "La vie est chère sous les cocotiers", "Chômage: Hexagone 8,1%, Guadeloupe 22,7%", "Liberté, égalité, fraternité, pour qui?", ou encore "Non à la répression, oui à la négociation", pouvait-on lire sur les pancartes en tête du cortège encadré par un service d'ordre dont les membres portaient des tee-shirts noirs siglés en lettres blanches "sécurité CLKP". Dans le cortège au-dessus duquel flottait un drapeau français, les manifestants, parmi lesquels de nombreux membres de la communauté antillaise en métropole, reprenaient le slogan chanté dans les défilés et sur les barrages en Guadeloupe: "La Gwadloup sé tan nou, la Gwadloup a pa ta yo" ("la Guadeloupe nous appartient, la Guadeloupe n'est pas à eux"). "Solidarité, solidarité!", scandaient également les manifestants. "Nous sommes ici en solidarité avec la Guadeloupe! Nous sommes ici en solidarité avec la Martinique! Nous sommes ici en solidarité avec la Guyane! Nous sommes ici en solidarité avec La Réunion", a lancé, juché sur un camion-sono et sous les acclamations et les applaudissements de la foule, l'acteur Luc Saint-Eloy, figure de la communauté antillaise. "Peuple de France, nous voulons vous signifier que nous avons soif d'égalité!", a-t-il poursuivi. "Nous sommes en deuil. La Guadeloupe nous regarde, la France nous regarde, mais le monde nous entend!". Le comédien Jean-Michel Martial, également présent dans le cortège, a expliqué être venu parce qu'un "homme est tombé alors qu'il était debout pour défendre ses droits. Je porte le deuil de cet homme". "Je suis là ", a-t-il ajouté, "pour que les négociations qui ont commencé puissent aboutir à ce que chacun retrouve sa place sur l'échiquier, mais une place équitable". AP