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Mauvais placements et fraudes: la BEAC admet plus de 40 M EUR de pertes

Sep 24, 2009

La Banque des Etats de l'Afrique centrale (BEAC) a perdu plus de 40 millions d'euros dans des investissements hasardeux et des détournements, a admis jeudi son gouverneur confirmant partiellement un article de l'hebdomadaire Jeune Afrique.

D'après Jeune Afrique la semaine dernière, la BEAC - qui regroupe les six pays de l'Afrique centrale (Congo, Cameroun, Gabon, Centrafrique, Guinée équatoriale et Tchad) - a perdu 25 millions dans un investissement "toxique" auprès de la Société générale en 2006, et vu un total de 28 millions détournés entre 2004 et 2008.

Le gouverneur de la BEAC, Philibert Andzembé, confirme dans une interview au quotidien gabonais Gabon Matin, l'investissement "toxique" de 16 milliards de F CFA (25 millions d'euros). "Les chefs d'Etat de la Cemac (Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale) ont été informés et ont commandé un audit", a-t-il précisé.

"La Société générale nous a proposé un produit appelé Dépot à terme indexé (DATEI) qui comportait en son sein plusieurs autres fonds de placements dont le produit action pour 20%", a expliqué M. Andzembé, qui est de nationalité gabonaise.

"Nous étions persuadés que le placement était à même de permettre l'amélioration de nos réserves (...) Un rapport met en évidence un manque de vigilance de notre part mais aussi et surtout de la Société générale, qui avait proposé un produit en omettant volontairement d'en présenter toutes les composantes", ajoute-t-il.

En ce qui concerne le détournement de 19 milliards de F CFA (28 millions d'euros) avancés par Jeune Afrique, M. Andzembé parle lui de "15 milliards (22 millions EUR)".

Selon lui, la BEAC s'est "trouvée en 2000 dans l'impossibilité de concilier les écritures entre les relevés de la Société générale qui gère les comptes et la comptabilité de notre Banque (...) On n'arrivait pas à faire la lumière sur 400 millions de F CFA (600.000 euros)".

"Au fur et à mesure, ce montant augmentait. En 2004-2005, ce +gap+ a atteint 1,4 milliard (2,1 millions d'euros). Quand je suis arrivé en 2007 (date de sa nomination), les services m'ont signalé cet écart qui est aujourd'hui de 15 milliards", explique-t-il.

"J'ai saisi le cabinet Mazars (...) qui a révélé qu'il y avait des détournements de fonds. Ce rapport (de Mazars) a réussi à identifier les moyens utilisés (...): chèques, virements et prélèvements en espèces. Des sociétés ont bénéficié de ces prélèvements, ces sociétés sont dans la mouvance de ceux qui ont géré la comptabilité au siège (...) L'enquête se poursuit", souligne M. Andzembé.

Selon plusieurs journaux de la sous-région, les dirigeants des six pays de la Banque envisagent de limoger prochainement M. Andzembé. - AFP