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Quand l’UNESCO fait la promotion d’un «dictateur» africain

May 10, 2010

Une trentaine d'organisations ont appelé lundi l'Unesco à annuler l'attribution, prévue en juin, d'un prix financé par le président de Guinée équatoriale, Teodoro Obiang Nguema, en dénonçant les violations des droits de l'Homme dans ce pays pétrolier d'Afrique centrale.

Dans une lettre adressée à Irina Bokova, directrice générale de l'Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture (Unesco), ces organisations expriment leur "profonde déception", "un choc et une déception majeurs" après le maintien du "prix international Unesco-Obiang Nguema Mbasogo pour la recherche en sciences de la vie", doté de 3 millions de dollars (2,35 millions d'euros).

Créé en 2008, ce prix "financé par et nommé en l'honneur de" M. Obiang Nguema, "serait remis pour la première fois à la fin du mois de juin" malgré des appels à son annulation immédiate adressés à l'Unesco par des "défenseurs des droits humains équato-guinéens, organisations de la société civile, universitaires et autres", écrivent-elle.

"Plusieurs gouvernements membres du Conseil exécutif (de l'Unesco) avaient également objecté à l'instauration de ce prix au moment de sa création", précisent ces ONG, parmi lesquelles figurent Human Rights Watch (HRW), des associations africaines (Afrique du Sud, Cameroun, Erythrée, Malawi, Tanzanie, Togo) mais aussi d'Europe, d'Amérique et d'Asie.

Elles considèrent qu'en maintenant la distinction, "l'Unesco a gâché une occasion critique de protéger sa réputation" en permettant "à un tyran d'utiliser l'organisation pour polir son image".
Cette réputation "ne peut être qu'irréparablement ternie lorsque (l'Unesco) ignore les terribles conditions (...) du peuple équato-guinéen", soulignent les ONG.

"Nous vous supplions de revoir votre position avant qu'il ne soit trop tard", lancent-elles à Mme Bokova, en invitant l'Unesco à "enquêter sur l'origine" de la dotation du prix qu'elle a acceptée. Elles l'exhortent à affecter les 3 millions USD "à l'éducation et au bien-être des Equato-Guinéens plutôt qu'à la glorification de leur président".

Arrivé au pouvoir par un coup d'Etat à l'issue duquel il a fait fusiller Francisco Macias Nguema, son oncle et le premier président de cette ex-colonie espagnole, Teodoro Obiang Nguema dirige son pays d'une main de fer depuis 1979.

En novembre 2008, le rapporteur spécial de l'ONU sur la torture Manfred Nowak avait conclu à l'issue d'une mission en Guinée équatoriale que "la torture (y) est systématiquement pratiquée".
La Guinée équatoriale est le troisième producteur de pétrole d'Afrique subsaharienne mais l'essentiel de son million d'habitants continue à vivre dans la pauvreté. L'opposition estime que les revenus pétroliers sont illégalement utilisés par des responsables de son régime. - AFP