"L'Afrique est notre avenir", a lancé le président Nicolas Sarkozy lundi en ouvrant à Nice un XXVe sommet Afrique-France axé sur un renouveau des relations commerciales entre Paris et ses anciennes colonies, à l'heure où la Chine investit massivement sur le continent noir.
Parmi les 38 chefs d'Etat et de gouvernement réunis jusqu'à mardi, plusieurs représentent d'ailleurs des poids lourds de la scène africaine, comme le président sud-africain Jacob Zuma ou le Nigérian Goodluck Jonathan, qui dirige désormais le pays le plus peuplé d'Afrique. Signe de l'inflexion commerciale de ce sommet, près de 200 entrepreneurs français et africains ont été invités à Nice.
"Il n'est plus possible d'évoquer les grandes questions du monde sans la présence de l'Afrique", a estimé Nicolas Sarkozy. "Nos destins sont indissolublement liés. L'échec de l'Afrique serait le drame de l'Europe", a-t-il lancé, rappelant que le continent noir serait le principal réservoir de croissance du monde dans les décennies à venir.
Dans ces conditions, le président français a jugé "absolument anormal" que l'Afrique ne soit pas membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies.
La France milite depuis plusieurs années pour une réforme de cette instance afin que "chaque partie du monde" y dispose de représentants permanents, et non plus seulement la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne, la Chine et la Russie.
Le président sénégalais Abdoulaye Wade suggère ainsi que "le président en exercice de l'Union africaine représente toute l'Afrique au Conseil de sécurité ou dans d'autres institutions internationales". Son homologue du Congo-Brazzaville, Denis Sassou Nguesso, a également estimé lundi sur France-Info que le Conseil de sécurité ne pouvait "pas continuer de rester sans l'Afrique tel qu'il a été décidé après la Deuxième guerre mondiale".
La place du continent noir dans une nouvelle "gouvernance mondiale" faisait l'objet lundi de l'une des réunions du sommet, où les dirigeants devaient également discuter de la paix et de la sécurité en Afrique, et du climat.
La conférence, qui s'achèvera mardi, coïncide avec le cinquantenaire de l'indépendance de 14 colonies françaises en Afrique, dont les présidents sont par ailleurs invités à Paris les 13 et 14 juillet et dont des contingents défileront sur les Champs Elysées le jour de la fête nationale française.
Nicolas Sarkozy, dont c'est le premier sommet Afrique-France, se dit déterminé à tourner la page des relations troubles de la "Françafrique" post-coloniale et à nouer en toute transparence des "partenariats privilégiés" avec le continent noir.
"Ce qui est important aujourd'hui, c'est que nous pouvons ensemble améliorer la vie de nos peuples, (...) aidés par des pays comme la France qui ont une histoire importante avec le continent", a estimé pour sa part le président sud-africain Jacob Zuma, sur la chaîne de télévision France-24.
La France a perdu beaucoup de son influence en Afrique, alors que la Chine y gagne du terrain, de même que l'Inde, le Brésil et même l'Iran, au risque d'amener des pays dotés d'importantes ressources naturelles à replonger dans l'endettement massif ou de provoquer de nouveaux conflits régionaux. Les organisations de défense des droits de l'Homme s'inquiètent aussi de ce que la recherche de nouveaux profits ne se fasse au détriment des droits humains.
On notait d'ailleurs l'absence à Nice du président zimbabwéen Robert Mugabe, ostracisé pour la répression de l'opposition dans son pays, et le Soudanais Omar el-Béchir, recherché par la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes commis au Darfour. Le nouvel homme fort de Madagascar, Andry Rajoelina, qui n'est pas reconnu par l'Union africaine, n'a même pas été invité. - AP