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Guinée: le directeur général suspendu de la RTG sort du mutisme

Jun 07, 2010

Depuis une dizaine de jours, le directeur général de la radio télévision guinéenne (RTG) « est suspendu de ses fonctions jusqu'à nouvel ordre pour fautes lourdes » selon les termes de la note de service N°2041 signée du ministre Aboubacar Sylla.

Chacun y va de son commentaire pour expliquer ou interpréter la principale cause de la démarche de Aboubacar Sylla que beaucoup « ne reconnaissent pas avec son retour aux affaires au niveau du ministère de la communication qu’il devait quitter au grand dam de nombre d’admirateurs du travail bien fait suite au décret d’un certain 22 décembre » On le trouve « très rancunier prêt à "extirper" des sentiments de frustration ou même de haine vis-à-vis de ceux-là qu’il accuse avoir été à la base de son malheur à une période ou une autre de sa vie administrative… »

Mais, tel n’est pas l’objet du présent article même s’il y a un lien de causalité quelque part. Et surtout que trois projets de décrets du même ministre "se seraient égarés dans les couloirs de la présidence ; des projets visant à limoger le même DG et nommer des "recommandés" de leaders politiques dont "la popularité" fait croire au fauteuil présidentiel …"

Sur les raisons de l’acte ministériel de suspension du directeur général de la RTG, l’auteur les avait avancées au cours de la rubrique "L’invité du journal" animée par Fana Soumah, directeur de la TV de Boulbinet.

Le ministre de la communication : « … je reviens sur le dispositif réglementaire qui a été mis en place dès le départ. Nous avions pris un arrêté, inspiré en cela par une proposition du Conseil National de la Communication. Une proposition aussi qui se réfère tout naturellement au Code électoral. Il est prévu dans le cadre de cette campagne, une stricte neutralité, une totale impartialité des médias de service public vis-à-vis de tous les candidats. Nous devons absolument être objectifs, neutres, on doit être impartial pour que tous les candidats soient traités exactement de la même façon. Ce n’est pas par hasard que les temps d’antenne sont réglementés. On a dit 4 minutes par candidat. Ce n’est pas par hasard que même les décors sont exactement les mêmes. Maintenant les candidats peuvent mettre les affiches, mais le décor c’est exactement le même. Les conditions doivent être les mêmes. L’objectif recherché, c’est quoi ? C’est de faire en sorte, lorsque les résultats seront proclamés qu’il n’y ait pas de contestations fondées et quelconque des candidats ne dise qu’il a été lésé parce qu’il a eu moins d’expression médiatique et qu’il moins de couverture médiatique, qu’il a eu moins d’opportunité pour présenter son programme ou autre ».
Aboubacar Sylla poursuit : « Nous avons décidé, compte tenu du fait que certaines émissions de débat étaient des émissions hebdomadaires - qui dit hebdomadaire donc, dit une émission par semaine - et que la durée de la campagne étant telle, que les émissions hebdomadaires ne pouvaient passer que quatre (4) fois, et qu’on ne pouvait donc pas permettre à quatre (4) seulement candidats de passer pendant la durée de la campagne, alors que les vingt (20) autres n’auront pas cette opportunité. Nous avons donc décidé les émissions de ce type. Notamment une émission que l’on appelle "Face au public", une émission hebdomadaire. »

D’où la sanction qui est tombée à travers la note de service N°2041, selon le ministre de la communication, porte-parole du gouvernement : « Nous avons établi des règles au niveau du cabinet. Mais ces règles ont été violées. Et c’est la violation de ces règles qui nous ont amenés à prendre cette sanction. Ces règles ont été violées parce qu’il y a eu passage de leaders dans cette émission alors que la campagne était ouverte en sachant très bien que l’on avait pas la possibilité de faire bénéficier les autres candidats des mêmes avantages. Pour pallier cela, nous avons décidé de créer une autre émission de débat que l’on a appelé "Au fil de la campagne". Ce qui a commencé à passer hier [ndlr : 31 mai 2010]. Ça c’est une émission qui va être quotidienne. Elle va être en direct. Ce qui simplifie les questions de montage et qui nous permet donc de faire en sorte que tous les candidats, avant la fin de la campagne, puissent bénéficier du même créneau, dans les mêmes conditions pour pouvoir exposer leurs programmes et, de cette façon aller à la pêche de électorat et avec les arguments qui sont les leurs. Donc, c’est pour cette raison que cette sanction a été prise pour violation des règles fondamentales d’équité et d’égalité de traitement entre les candidats. Nous avons voulu bien expliquer à l’opinion que le gouvernement d’union de transition, à travers cette sanction, que notre rôle, c’est d’être neutres d’un bout à l’autre du processus électoral. C’est pour cette raison que nous avons décidé de ne pas nous porter candidats à l’élection présidentielle. C’est pour lui garantir le maximum d’objectivité et de neutralité. Puisque ce principe fondamental est violé, alors que des ordres contraires avaient été donnés, j’étais obligé de prendre des sanctions et c’est ce que j’ai fait. »

Par rapport à ces explications et à certains articles de presse, le directeur général suspendu de la RTG est sorti de sa réserve pour livrer sa part de vérité : « Je suis Alpha Kabinè Doumbouya. Je veux réagir à l'article me concernant. Je suis désolé de lire que je serais proche d'un leader. Voilà les faits: C'est le Ministre qui m'a autorisé à enregistrer Alpha Condé à la sollicitude [ndlr : sollicitation] de ce dernier. Il a précisé qu’Alpha était à Dubréka pour sa campagne et qu'il doit rentrer tard à Conakry, mais qu'il est prêt pour l'émission, même en direct, ce 26 mai 2010.
Quand j'ai informé Yamoussa Sidibé, l'animateur de l'émission "Face au public", il a suggéré d'attendre le 27 mai dans le souci de bien préparer l'émission. Ce qui fut fait.
C'est à quelques heures de la diffusion de l'émission que le Secrétaire général du département de la communication m'a appelé le 28 mai pour me dire que l'émission est annulée. Je lui ai répondu que je ne prends pas cette responsabilité. »

D’après d’autres sources, tout aurait commencé dimanche lorsque l'invité de l'émission "Face au public", Ibrahima Kassory Fofana, s'est présenté à la RTG pour l'enregistrement. L’émission étant diffusée en différé. Le directeur général, Alpha Kabiné Doumbouya lui notifie que, sur instruction du ministre de la communication, l'émission est annulée. Séance tenante, le président du parti "Guinée Pour Tous" entre dans une colère noire. Ses militants qui y étaient présents seraient même allés jusqu’à empêcher les techniciens de conduire normalement les émissions qui passaient. Entre temps, Kassory appelle le Premier ministre pour lui remonter l'information et lui préciser que beaucoup de leaders d’autres formations politiques ont déjà eu leur temps d'émission "Face au public".

C'est alors que Jean-Marie Doré aurait instruit personnellement le DG de la RTG en ces termes : « c'est moi qui te donne l'ordre d'enregistrer et de diffuser l'émission. Il serait injuste que tous les leaders aient droit à ce moment d'explication de leur politique et pas lui [ndlr : Kassory… » L’ordre a été exécuté et ce qui devait arriver, arriva. Vous connaissez la suite.

 Le ministre a-t-il cette information ? Toujours est-il que c’est une autre décision du ministre Sylla qui fait autorité et ce, « pour nécessité de service, Siré Dieng, Directeur de la télévision nationale, est nommé DG de la RTG par intérim en remplacement de Alpha Kabinè Doumbouya, suspendu pour fautes lourdes.» Jusqu’à quand ? - AfricaLog