Ronnie Lee Gardner, 49 ans, a été exécuté par balles par un peloton de cinq tireurs d'élite à environ 1 h 20, heure locale (8 h 20, heure de Paris), après le rejet d'une ultime demande de clémence. Ronnie Lee Gardner avait décidé, le 23 avril, qu'il préférait mourir sous les balles plutôt que par voie intraveineuse. L'Etat de l'Utah a aboli cette méthode d'exécution en 2004 mais les occupants du couloir de la mort condamnés avant cette date conservent le droit de choisir entre les deux méthodes.
M. Gardner est le troisième homme à être fusillé depuis le rétablissement de la peine de mort aux Etats-Unis en 1976, le 1 217e en tout. La seule autre méthode encore utilisée aux Etats-Unis reste la chaise électrique, choisie par quelques rares condamnés dans les Etats où elle fonctionne encore.
Même si elle est devenue rarissime, l'exécution par balle connaît un rituel aussi rodé que les autres. Avant l'exécution, le condamné est solidement attaché à une chaise, dans la chambre d'exécution. A moins de 8 mètres en face de lui prennent place cinq représentants des force de l'ordre armés de fusils, dont un chargé à blanc. Une cible en tissu blanc est épinglée sur le cœur du condamné, une bassine est à ses pieds pour recueillir son sang, indique la presse locale. Après avoir prononcé ses dernières paroles, sa tête est recouverte d'une cagoule et les cinq bourreaux feront feu. Les témoins présents ne peuvent pas voir le visage des tireurs.
LA FAMILLE DE LA VICTIME OPPOSÉE À L'EXÉCUTION
"Il est difficile de comprendre comment nous pouvons encore pratiquer cette forme de barbarie", explique Elisabeth Semel, professeur à l'université de Berkeley et spécialisée dans les questions de peine de mort. "Le peloton d'exécution est tellement anachronique !" ajoute cette spécialiste opposée à la peine capitale. Selon elle, être fusillé est la méthode la plus rapide et la moins douloureuse de mourir.
En 1977 et plus récemment en 1996, deux condamnés à mort avaient déjà réclamé le peloton d'exécution. L'Utah a exécuté six personnes depuis 35 ans. "L'Utah est un Etat à prédominance mormone, ses choix politiques sont très influencés par les mormons et dans cette religion, l'idée de l'expiation par le sang est très significative", explique Mme Semel, en rappelant toutefois que plusieurs responsables de l'Eglise mormone ont publiquement condamné l'exécution de vendredi.
Ronnie Gardner a été condamné en 1985 pour le meurtre d'un avocat pendant qu'il tentait de s'enfuir du tribunal où il était jugé pour un meurtre l'année précédente lors une attaque à main armée. La famille de la victime, Michael Burdell, réclame la commutation de sa peine en prison à vie. "Si les droits des victimes existent bien, Michael n'aurait pas voulu que Ronnie Lee soit exécuté", a déclaré son ancienne compagne lors d'une audience devant le comité des grâces de l'Utah.
"Le peloton d'exécution attire beaucoup d'attention, c'est pourtant une anomalie qui arrive dans un contexte où la peine de mort est elle-même sous le feu des critiques", a assuré Diann Rust-Tierney, directrice de la Coalition américaine pour l'abolition de la peine de mort. "Les gens regardent différemment aujourd'hui la manière dont nous dépensons nos maigres ressources pour une poignée de condamnés", a-t-elle ajouté, en rappelant le coût exorbitant de la peine de mort aux Etats-Unis. – Le Monde avec AFP