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Guinée: en finir avec le manque de financements des donateurs

Jul 31, 2010

Plus de deux millions de Guinéens n’ont pas assez à manger, les services de santé de base sont en ruines et le pays est dans un stade de transition fragile après des décennies de pouvoir militaire. Et pourtant, la plupart des donateurs ne voient pas la Guinée comme une « urgence ».

Mais les problèmes rencontrés par une nouvelle ONG locale montrent la difficulté d’opérer en mode ‘non-urgent’, quand une grande partie des financements en faveur du développement est bloquée au moins jusqu’à la mise en place d’un gouvernement élu, espéré dans les semaines à venir.

Quand Action Contre la Faim-Espagne (ACF-E) a fermé ses bureaux dans le sud-est de la Guinée en 2009, Djomba Mara et ses collègues locaux ont formé leur propre ONG, le Centre d'Etude et d'Appui au Développement (CEAD), « parce que la population locale avait encore des besoins et nous pensions que les gens méritaient que nous poursuivions notre travail », a dit M. Mara à IRIN.

Ces besoins, a-t-il dit, tournent autour des moyens de subsistance, de la santé et de la nutrition. N’zérékoré, où se trouve le siège de l’ONG, est en Guinée forestière, une région luxuriante, mais où la proportion de personnes confrontées à une insécurité alimentaire modérée et sévère est la plus forte, soit un pourcentage de 52,7 pour cent, selon une étude du Programme alimentaire mondial de 2010.

Les membres de la nouvelle ONG voulaient vraiment se mettre au travail, mais « pour le moment, de nombreuses opérations d’ONG locales et nationales sont quasiment interrompues à cause de la situation concernant les donateurs », a dit à IRIN Faya Celestin Millimouno, le coordinateur.

« Nous, les agences d’aide locales et nationales, nous attendons tous la fin de cette transition », a-t-il dit. Même dans le secteur public, a-t-il indiqué, les services sociaux et de santé de base ont souffert de l’instabilité politique.

« La pauvreté en Guinée s’est récemment accrue en conséquence de la crise politique depuis 2006 », a dit à IRIN le Représentant du Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF) en Guinée, Julien Harneis. « La croissance économique est bloquée et l’aide bilatérale s’est tarie ».

Depuis le coup d’Etat de décembre 2008, le pouvoir est aux mains d’une junte. Après 18 mois de tumulte et de fréquentes violences, les Guinéens ont organisé une élection présidentielle le 27 juin. La transition politique nécessite également des élections législatives qui auraient dû avoir lieu il y a longtemps.

« Si le pays réussit à procéder à des élections présidentielles et parlementaires, les fonds de développement seront débloqués », a dit à IRIN Eduardo Martínez de l’Agence espagnole de coopération internationale pour le développement (AECID) en Guinée. « Sans stabilité politique, il y a beaucoup de projets bilatéraux que les donateurs ne peuvent pas mettre en place ».

Pénuries alimentaires

La malnutrition chronique a augmenté de 50 pour cent au cours des cinq dernières années et près d’un quart des 9,8 millions de Guinéens souffre d’une insécurité alimentaire modérée ou sévère, selon le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA).

Pour M. Mara, qui a travaillé pendant neuf ans pour AFC-E et voyage régulièrement dans le pays, les techniques agricoles archaïques et les prix alimentaires élevés, « combinés à des revenus stagnants ou en baisse », sont la cause des pénuries alimentaires.

« La plupart des familles que je rencontre ne mangent qu’un repas par jour… et la vulnérabilité ne fait que croître. Des études identifient les besoins année après année, mais sans réponse adéquate, les problèmes ne peuvent qu’empirer ».

Les objectifs du CEAD sont d’améliorer la sécurité alimentaire, de combattre la malnutrition chez les enfants et les femmes enceintes, en renforçant les capacités de systèmes de santé locaux, de favoriser l’accès à l’eau et d’éduquer les communautés aux questions de VIH/SIDA. Pour l’ONG, la participation des communautés et le renforcement des institutions locales sont indispensables.

ACF-E et quantités d’autres agences humanitaires étaient basées en Guinée forestière dans les années 1990, tandis qu’elles portaient assistance à des centaines de milliers de réfugiés venus du Liberia et de Sierra Leone. En 2008-2009, ACF-E travaillait principalement avec la population locale depuis ses bureaux de N’zérékoré et Kissidougou, mais le financement s’est arrêté, a dit Reza Kasraï, le directeur de l’agence en Guinée.

ACF-E a fait don de véhicules et d’équipement aux travailleurs humanitaires locaux et a aidé le CEAD à rédiger des propositions et à contacter des donateurs. « En fermant nos bases, nous voulions donner aux structures locales une chance de devenir opérationnelles dans les mêmes secteurs, c’est-à-dire la sécurité alimentaire, la nutrition, l’eau et l’assainissement, » a dit M. Kasraï à IRIN.

Le financement ne s’est pas matérialisé, a dit M. Mara du CEAD. Mais un donateur a récemment répondu à l’un des projets proposés par l’ONG et a dit vouloir les rencontrer bientôt, a-t-il dit. « C’est bon signe ». - IRIN