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Guinée: Trop de grades distribués dans l’armée, mais Dadis n’en veut pas!

Aug 27, 2010

S’il y a une situation qui inquiète nombre d’observateurs, c’est bien celle relative à la vague de promotions accordées de façon indicible au niveau de la grande muette, l’armée.

Dès le mois prochain, si aucun nouvel élément fâcheux ne vient perturber le processus en cours, les guinéens vont élire leur président de la République le 19 septembre 2010. Ce que ce dernier n’aura pas prévu dans son projet de société, c’est la gestion des grades attribués avec fantaisie aux forces de sécurité et de défense ainsi qu’aux agents des douanes guinéennes, notamment ces deux dernières années. Le mot "fantaisie" n’est pas du tout méchant. C’est l’expression de la réalité que l’on vit aujourd’hui en Guinée. Et comme par hasard, c’est au moment où sera élu le nouveau Chef de l’Etat, que devront être prises en charge ces attributions opérées, selon les termes des différents décrets présidentiels.

D’autre part, c’est dans la foulée de l’octroi de ces grades, que le Président de la transition, ministre de la défense nationale s’est proposé d’accorder «à titre exceptionnel» le grade de général d’armée à son frère d’arme, le capitaine Moussa Dadis Camara en convalescence au Burkina Faso. Celui-ci a tout bonnement décliné l’offre de son ami de Président intérimaire.

Pour les non avertis, c’est une claque envoyée par Dadis à Sékouba. D’autres également non avertis se verront étonnés – même à court d’explication- par cet acte de l’ex-patron de la junte du 23 décembre 2008.

On peut bien affirmer que l’acte du bouillant capitaine – l’est-il toujours ?- n’est point surprenant.
En effet, lorsque le Président intérimaire de la République, récemment bombardé « général d’armée à titre exceptionnel », tout comme d’autres promus du reste, il a dépêché une délégation au Burkina Faso. Objet : élever le capitaine Moussa Dadis Camara « au grade de général d'armée à titre exceptionnel. »
En répondant aux "envoyés spéciaux" de son frère d’arme en charge de la transition, par cette phrase « je mourrai capitaine », Dadis n’aura fait que respecter sa logique propre selon laquelle, il ne veut plus dépasser ce garde. Il n’a cessé de marteler cette phrase même quand il était Président de la République, chef actif de la junte, le Conseil National pour la Démocratie et le Développement (CNDD).

La raison, celle que lui, Dadis a avancée : « c’est au moment où je m’attendais à monter au grade de Commandant, les jeunes soldats m’avaient même porté en triomphe au camp, que la décision a été annulée.» Depuis ce jour, l’homme n’a plus jamais fini de ruminer cette humiliation qui ne tardera pas à se transformer en haine, notamment contre l’ex-chef d’état-major général des armées, le général Diarra Camara. Il ne le lui a jamais pardonné. Pour preuve, jusqu’au départ de Dadis du pouvoir, l’infortuné croupissait en prison. Sans compter les risées qu’il a fait subir à un des proches de Diarra dans le Dadis show.

Ce que Dadis lui-même ne savait pas, peut être ne sait toujours pas, c’est que, c’est Ousmane Conté qui s’était opposé à cet avancement en grade. Et pour cause. On était à l’époque où il ya avait des bruits de bottes dans les casernes, les soldats en grogne contre le régime du Général Lansana Conté. En tête des contestataires, un certain adjudant Claude Pivi alias Coplan. Lui, il écrivait son "Coplan" avec un "K".
En rencontrant le Président Conté, Pivi n’avait pas hésité de lui dire : « Papa, je suis de la même promotion que votre fils Ousmane Conté. Il est Capitaine, moi je suis encore adjudant.» On connaît la suite.

Entre temps, pour calmer la troupe, durant cette période, Dadis, le turbulent – il était derrière la plupart des révoltes des soldats au camp Alpha Yaya Diallo avec pour paravent Claude Pivi – demande au général Diarra de l’élever au grade de Commandant ; en contrepartie il ramènerait le calme au sein de la troupe. Le chef d’état-major général des forces armées le lui promet. Diarra Camara fait un projet de décret l’élevant au grade supérieur : de capitaine à commandant. Le général Diarra Camara prépare un projet de décret avec pour noms : capitaine Ousmane Conté et capitaine Moussa Dadis Camara. Estimant ainsi que c’est la seule façon d’obtenir du Commandant en Chef des Forces armées guinéennes, le général Lansana Conté, sa signature.

Malheureusement, la proposition est portée à l’attention d’Ousmane Conté, fils du Général Conté.
Ousmane Conté entre dans une colère noire avec des propos peu amènes à l’encontre du général Diarra et le met en garde au cas où il proposerait ce projet d’acte à son père de Président. Ousmane Conté dira en substance : « Mais Diarra n’a pas pitié du vieux [ndlr : Lansana Conté] Il veut lui créer un autre problème oubliant les conséquences de son acte (…) Gare à lui s’il fait signer ça par mon père (…)» C’est ainsi que le document qui avait les noms du capitaine Ousmane Conté et du capitaine Moussa Dadis Camara restera au stade des vœux pieux. Pendant ce temps, fuite aidant, Dadis était porté en triomphe par les soldats au camp.

Telle une onde de choc qu’il a reçu, Dadis sera complètement abattu quand il apprendra que l’acte a été annulé. Il ne s’en remettra jamais. Est-ce que c’est ce qui explique en partie, l’emprisonnement de Ousmane Conté par lui avec pour argument béton, son implication dans le narcotrafic ?

Quand il a pris le pouvoir, il disait chaque fois que l’occasion lui était donnée qu’il ne va plus jamais quitter ce grade. Qu’il va mourir avec le grade de capitaine : « c’est moi qui signe tous les décrets. Je peux même me bombarder maréchal si je veux, personne ne trouvera à redire. Je suis le commandant en chef des forces armées guinéennes, non ! Mais, je préfère garder ce grade de capitaine jusque dans la tombe.»

C’est ce message qu’il vient de réitérer aux deux émissaires de Sékouba Konaté, il y a deux semaines à Ouagadougou. Il s’agit du colonel François Eric Lamah, récemment nommé Directeur général de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale et du colonel Issa Camara, gouverneur de la Région administrative de Mamou.

Donc, ce n’est point l’expression d’une quelconque rancune de Dadis vis-à-vis d’El Tigre. Les deux ont-ils abordé le sujet lors du  séjour de Konaté à Ouaga ? May be. – AfricaLog