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L’anniversaire des massacres du 28 septembre 2009 interdit par Jean-Marie Doré

Sep 29, 2010

28 septembre 2009-28 septembre 2010, il y a un an jour pour jour depuis que 159 Guinéens ont été tués à balles réelles et plusieurs autres violées, violentés et blessés par des bérets rouges, de la garde présidentielle du chef de la junte d’alors, Capitaine Moussa Dadis Camara. Suite à une manifestation pacifique convoquée par les Forces vives de la nation contre sa volonté de se porter candidat à l’élection présidentielle prévue alors le 31 janvier 2010.

Mais, Capitaine Moussa Dadis Camara, président du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement), a annulé la manifestation à une heure du matin, selon le témoignage de Sidya Touré.
Mais il y a un paradoxe. La première commémoration de cette triste date s’est déroulée en différé, du fait de son interdiction par le Premier ministre, Jean-Marie Doré, qui, pourtant à l’époque, était le Porte-parole des Forces vives.

En effet, ce 28 septembre, le PM a refusé que les associations des victimes de ces massacres se recueillent au stade du même nom où ont été perpétrés ces massacres par des militaires de la garde présidentielle, communément appelés Bérets rouges.

C’est pourquoi AVIPA (Association des parents, amis et victimes du 28 septembre 2009) a souhaité faire une déclaration sur l’anniversaire du drame. En présence de Dr Thierno Maadiou Sow, Président de l’OGDH (Organisation guinéenne de défense des droits de l’homme). Mme Diallo Asmaou, présidente de AVIPA a déclaré que depuis cette date, “ les familles des victimes n’ont aucune information sur l’état d’avancement de ce dossier.”

Elle indique toutefois que “ le mutisme du gouvernement sur ce dossier, galvanise davantage la volonté des familles des victimes pour la manifestation de la vérité.”

Ce dossier ne sera pas comme celui des disparus dans les camps Boiro, Alpha Yaya, Samory des deux premiers régimes qu’a connu la Guinée, ajoute-t-elle. Pour la Présidente de AVIPA, ce dossier sombre de l’histoire récente de la Guinée n’est ni à jeter, ni à classer. Elle a remercié les médias guinéens et internationaux qui ont informé l’opinion nationale et internationale en temps réel des massacres du 28 septembre 2009 et des jours qui ont suivi.

Son ONG a entre autres objectifs, l’assistance sociale aux personnes victimes des barbaries du 28 septembre 2009 et à leur famille, l’assistance médicale, juridique et psychologique. AVIPA, dit-elle, a fait une évaluation qualitative des impacts de ce drame dans les ménages des victimes. Parmi ces actions, le recensement de 322 femmes violentées dont 87 violées, 1750 blessés dont 157 avaient été hospitalisés, 82 disparus, 157 morts, 350 mineurs, 1534 victimes ambulatoires et de victimes de vandalisme. Plusieurs de ces victimes, ont bénéficié d’un soutien de AVIPA, dont le paiement des frais de scolarité, de 20 mineurs orphelins, qu’elle avait bénéficié de la Fondation Béa Diallo pour l’année scolaire 2009-2010.

Entre autres projets, l’assistance judiciaire aux victimes, la vulgarisation du code de l’enfant guinéen, qui sont en souffrance à cause de la crise dans laquelle vit le pays. Elle a lancé un appel pour la gestion apaisée de l’après élection, afin que justice soit faite.

Pour Dr Thierno Maadiou Sow, cet événement était une première en Guinée. Il n’y avait pas eu pareil massacre en public, de viol de jeunes filles et femmes, en un temps très court, de tant de personnes. “ Jusqu’à présent, dit-il, il n’est pas possible de savoir combien de personnes ont été tuées ce 28 septembre 2009.

Mais selon un témoignage que nous avons reçu, 28 personnes ont été choisies au stade pour charger 28 camions de cadavres mais elles n’ont jamais su où sont emportés ces cadavres. Il y a eu des témoignages qui disent aussi qu’au niveau des urgences des hôpitaux, des blessés grave y ont été retirés, des morts aussi ont été retirés, sans qu’on sache leur nombre et leur destination. C’est extrêmement grave !” déclare Dr Thierno Maadiou Sow. Qui s’est dit étonné, qu’après 350 jours de ces crimes commis, que le gouvernement n’a pas mis aux arrêts les auteurs de ces crimes reconnus comme tels par plusieurs organismes de défense des droits humains. Il souhaite que le changement qui doit venir puisse permettre d’avoir un Président élu, à la place d’un “ Président, père de la nation. ” Car, dit-il, jusqu’à présent, le pouvoir n’a été géré que par un seul individu. “ Je ne souhaite pas qu’il y ait sanction pour que ça ne recommence pas, mais pour que justice soit faite. ” Au risque dit-il, de créer un terreau des actions criminelles en Guinée.

Selon l’ONG de Mme Diallo qui a perdu son enfant de 33 ans, des victimes souffrent encore de rechute, d’autres sont hospitalisées mais se plaignent de beaucoup de problèmes qui occasionnent l’aggravation de leur état. Des mineurs ont aussi abandonné l’école faute de moyens. C’est pourquoi AVIPA a demandé une aide de chacun et de tous pour la santé des victimes et la justice.

A rappeler que M. Koutoubou Moustapha Sanoh, ministre secrétaire général chargé des Affaires religieuses, a demandé aux Guinéens de faire des prières à la mémoire des victimes de l'an dernier au stade du 28 septembre de Conakry. Il a appartenu au Gouvernement de Dadis en occupant le même poste. – AfricaLog