Crise à la CENI: Loucény Camara parle | Alog News | www.africalog.com
home

Crise à la CENI: Loucény Camara parle

Oct 15, 2010

Lors d’une conférence de presse ce vendredi 15 octobre, Loucény Camara, le président contesté de la CENI a expliqué à la presse les dessous du blocage du compte bancaire de la CENI et les tractations et crises internes. A moins de neuf (9) jours du second tour du scrutin les observateurs se posent des questions sur la stabilité de l’institution chargée d’organiser les élections présidentielles.

AfricaLog vous propose quelques extraits de la conférence de presse

Pourquoi selon vous le compte bancaire de la Céni est bloqué?

Depuis le 27 septembre, j’ai adressé un courrier au Gouverneur de la Banque centrale, pour lui dire qu’un signataire est décédé, en l’occurrence M. Ben Sékou Sylla (paix à son âme. Amen !). Depuis donc cette date, la Banque Centrale refuse d’exécuter les instructions données par une institution indépendante qui est la Céni. Je vais vous épargner des détails, tout ce qui a été discuté à la Banque Centrale par rapport à cette question entre cadres et inspecteurs généraux, je suis informé. J’ai été de ce secteur pendant 20 ans. Je n’ai pas fait que du mal aux gens et je dirais que je n’ai pas que des amis étant syndicaliste, mais, il y a eu des discussions et des oppositions. Le gouverneur de la Banque Centrale a pris position de bloquer, voilà la réalité. Je me suis rendu au niveau des deux banques primaires, ils ont dit qu’ils n’ont pas de problèmes mais qu’ils ont reçu des instructions, ils les exécutent. Et depuis, nous émettons des chèques sur ces deux banques-là. Pourquoi la banque de l’Etat qui reçoit ces financements publics et d’autres financements des bailleurs de fonds, refusent de mettre à notre disposition ces fonds. Quelle intention cachée en M. Alhassane Barry qui ne veut pas le dire publiquement. Mais moi je le dirais, au moment venu, à l’opinion publique nationale et internationale

Vous n’avez pu rallier dans votre camp, la présidente par intérim de la Céni, parce que nous apprenons que c’est elle la principale ordonnatrice des comptes. Est-ce que M. Kerfala Yansané et M. Alhassane Barry ne sont pas des boucs émissaires?

Vous êtes libre de les désigner comme des boucs émissaires. Moi je vous ai cités ceux qui sont à la base du blocage du compte bancaire à la BCRG. Voilà, vous pouvez les qualifier comme vous voulez. Les trois responsables du blocus sont: le Premier ministre, M. Jean-Marie Doré, le ministre des finances, M. Kerfala Yansané et le gouverneur de la Banque centrale, M. Alhassane Barry.

On a appris, ces derniers temps, que les démembrements de la Céni veulent aller en grève s’ils ne perçoivent les arriérés de leurs émoluments et primes au compte de 11 mois. Que comptez-vous faire pour résoudre cette autre crise?

Je ne peux pas les payer si je n’ai pas accès à mes fonds. La décision a été prise au niveau du bureau de la Céni, de leur payer trois mois de salaires. Mais comment les payer environ 4 milliards, si je n’ai pas eu accès à cet argent. Je n’ai pas de solutions miracles. J’ai reçu leur lettre et je leur ai dit que je suis tout à fait disposé à répondre à leur requête, mais il faudrait avoir accès aux fonds domiciliés à la BCRG.

Est-ce que ce blocage des fonds de la Céni à la Banque centrale peut-il entraîner le blocage de la date du 24 octobre 2010?

Inévitablement ! Si les comptes ne sont pas débloqués, nous avons essayé de cumuler certaines actions pour pouvoir gagner en temps. Quand on a fixé la date du 24 octobre, on avait laissé cinq jours pour le problème de ce genre. Mais, si le lundi (18 octobre) à midi, ces comptes ne sont pas débloqués, je viendrais vous dire ce que sera la date du 24 octobre.

Pourquoi n’avez-vous rien dit depuis le 5 octobre jusque là?

Je ne sais pas utiliser la langue de bois. Je ne pouvais pas face au premier obstacle que j’ai trouvé. J’ai suivi les autres dans leur bonne ou mauvaise foi pour voir jusqu’où ils allaient. J’ai adressé la lettre le 27 septembre, ils l’ont reçu le 28 avec le cachet de la BCRG. Après, ils sont venus au contact le lundi 4, après discussion. Mais, si je le disais, on allait dire plutôt que c’est moi qui suis de mauvaise foi. J’ai adressé ce courrier au ministre des finances le 5 octobre. Pour moi, une administration ne peut pas s’arrêter parce que ce dernier est absent. Surtout que ce n’est pas pour autoriser un décaissement, mais un remplacement de signataire. Après le dépôt des dossiers, des ordres de payement sont arrivés sans passer par moi. On m’a demandé s’ils vont payer, j’ai dit que s’ils payent, ils vont répondre. Parce que l’ordonnateur principal n’a pas vu ces ordres de payement. Je me suis déplacé moi-même pour aller au ministère. Ça fait dix jours aujourd’hui, est-ce que je peux traiter ces gens de bonne foi. Rien n’a été fait. Ils ont pris part aux débats internes à la Céni. J’aurais l’occasion de révéler d’autres choses, mais ce n’est pas maintenant. Et ceux qui s’attendent à ma démission, ça n’arrivera jamais.

Une pétition vient d’être signé par certains membres de la Céni, qu’avez-vous à dire?

Moi, je suis élu, je ne suis pas désigné par une pétition. Aucune loi régissant la Céni ne fait allusion à une pétition pour élire un président. Demandez-vous pourquoi des gens qui ont élu un président le 21 septembre, vont-ils le récuser le 7 octobre, en signant une pétition. Est-ce que ce sont des gens responsables auxquels on doit faire confiance pour déterminer la destinée de ce pays ?

Est-ce que ce n’est pas la division qui règne au sein de la Céni, suite à votre élection controversée, qui constituerait ce blocage de compte bancaire dont vous parlez?

Moi, je ne le pense pas. La Céni est régie par des textes. Celui qui ne se soumet pas à ces textes, prendra les conséquences.

Ce blocage n’est-il pas dû à un manque de confiance qu’ils ont en vous?

Je n’ai pas besoin de la confiance du Premier ministre, du ministre des finances et du gouverneur de la banque centrale. Je suis chef d’une institution. Le chef de l’Etat a confiance en moi, c’est tout. - AfricaLog.com