La Guinée est sous état d'urgence, dans l'attente de la proclamation, la semaine prochaine, des résultats définitifs de l'élection présidentielle. Le candidat Cellou Dalein Diallo est donné battu par les résultats provisoires, mais dans son fief à Labé en Moyenne Guinée où il a obtenu 96% des suffrages, la tension est perceptible.
Quelques minutes après la proclamation des résultats, le Docteur El Assane Condé chef du Département de biologie de l’université de Labé s’est retrouvé encerclé dans sa maison par une bande de jeunes qui jetaient des cailloux. Pour son malheur, il porte le même nom que l’homme qui a été proclamé vainqueur provisoire de la présidentielle même s’ils n’ont aucun lien de parenté.
« Même quand les gens me saluent, la vérité, je réponds malgré moi. Avec d’autres, on ne salue plus depuis. Beaucoup m’évitent. Il y a des sages qui viennent demander pardon, mais moi je suis psychologiquement marqué parce qu’il n’y a plus de confiance ».
Les forces de l’ordre ont été déployées en masse à Labé depuis la proclamation de l’état d’urgence. Mais les hommes en uniforme, souvent originaires d’ailleurs, se distinguent par leurs abus, ce qui ne contribue pas à calmer les esprits. Idrissa Sempir Diallo journaliste et militant des droits de l’homme:
« C’est apparemment l’état d’urgence qui a aidé mais quand vous avez la possibilité de pénétrer les quartiers, vous sentez que la tension est perceptible. Les gens ont peur, les gens sont révoltés, il n’y a plus d’atmosphère de confiance entre différentes communautés habitant dans la même cité. Donc, vous sentez la tension».
Des peuls agressés en pays malinké, des malinkés agressés chez les peuls, un engrenage dangereux, tout le monde ici en est conscient tout en accusant les autres d’avoir commencé. Apaiser les rancoeurs, réconcilier les esprits, ce sera sans doute le chantier le plus urgent pour le futur président.
Par ailleurs, la Cédéao est sur le point de lever les sanctions contre la Guinée, prises en janvier 2009 après la prise du pouvoir par la junte militaire. Une décision prise le 26 novembre à Abuja, au Nigéria, quelques jours après le second tour de la présidentielle dont on attend encore les résultats définitifs. – RFI