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Ouattara appelle à la «désobéissance», Gbagbo affirme qu’il est «président»

Dec 22, 2010

Laurent Gbagbo a réaffirmé mardi soir qu'il était le "président" de la mais s'est dit prêt à discuter avec son rival Alassane Ouattara et la communauté internationale qui le soutient, pour sortir d'une crise qui a fait au moins 50 morts selon l'ONU.

Le camp Ouattara a cependant opposé aussitôt une fin de non-recevoir à son offre de dialogue, jugeant que le président sortant "continue de ruser avec le monde".

"Je suis le président de la République de Côte d'Ivoire", a déclaré Gbagbo dans son premier discours depuis son investiture le 4 décembre, diffusé sur la radio-télévision d'Etat RTI, un pilier de son régime.

Sous très forte pression de la communauté internationale qui réclame sans relâche son départ depuis l'élection controversée du 28 novembre, il a accusé le camp Ouattara et ses nombreux soutiens extérieurs de lui "faire la guerre".

"Je ne veux pas que le sang d'un seul Ivoirien soit versé. Je ne veux pas d'une guerre en Côte d'Ivoire qui peut s'étendre aux pays voisins ou les affaiblir", a affirmé Gbagbo.

Il s'est dit disposé à "accueillir un comité d'évaluation sur la crise post-électorale" qui "aura pour mission d'analyser objectivement les faits et le processus électoral, pour un règlement pacifique de la crise".

Ce comité serait "dirigé par un représentant de l'Union africaine" et comprendrait des représentants de l'ONU, de la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), des Etats-Unis, de l'Union européenne, de la Russie, de la Ligue arabe et de la Chine ainsi que "des Ivoiriens de bonne volonté".

"Je tends la main du dialogue. Je tends la main à l'opposition, à M. Ouattara et à la rébellion armée (Forces nouvelles, FN) qui le soutient", a-t-il lancé.

Il les a exhortés à quitter l'hôtel du Golf d'Abidjan, qui leur sert de quartier général, pour "regagner leurs domiciles". Cet établissement de luxe en bord de lagune est soumis à un blocus des Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Gbagbo depuis plusieurs jours.

En signe de détente avant Noël, les FDS ont annoncé dans la foulée la levée dès ce mardi du couvre-feu nocturne instauré à la veille du scrutin.

Le camp Ouattara a rejeté en bloc les propos du chef de l'Etat sortant. Il "continue de ruser avec le monde" et de le "défier", a estimé sa porte-parole Anne Ouloto.

"Il s'agit pour Laurent Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes et de partir, tout simplement", a-t-elle dit, précisant que Ouattara et ses proches ne devraient pas quitter mercredi l'hôtel, pour cause de menaces sur leur "sécurité".

Auparavant, le gouvernement Ouattara dirigé par le chef des FN Guillaume Soro avait montré qu'il n'entendait pas céder, appelant le peuple à "la désobéissance" au gouvernement "factice" de Gbagbo.

La Côte d'Ivoire "vit la pire des escalades dans la barbarie d'un clan, d'un régime fini, contre les populations civiles démunies et désarmées", selon Soro.

Les violences depuis la marche de jeudi à Abidjan sur la RTI, appelée par les partisans de Ouattara et réprimée par les FDS, ont fait au moins 50 morts selon l'ONU, 25 dont 14 dans les rangs FDS d'après le camp Gbagbo, 48 selon les pro-Ouattara.

La Cédéao a annoncé la tenue d'un sommet extraordinaire sur la situation en Côte d'Ivoire vendredi à Abuja. Lors d'un précédent sommet début décembre, elle avait suspendu le pays et demandé à Gbagbo de partir.

Washington a interdit au sortant, ainsi qu'à plusieurs dizaines de ses proches, de se rendre aux Etats-Unis. L'Union européenne avait auparavant décidé de lui infliger la même sanction, ainsi qu'à ses deux épouses et 16 autres proches.

Le camp Gbagbo s'est moqué de pressions qui font "sourire", et n'entend pas revenir sur son exigence de voir quitter le pays la mission de l'ONU, l'Onuci, dont le mandat a été prolongé de six mois par le Conseil de sécurité, ainsi que la force française Licorne.

Alors qu'une confrontation est redoutée à la suite d'incidents, Gbagbo a assuré mardi soir qu'il entendait obtenir le départ de l'Onuci et de Licorne "par voie diplomatique" et demandé aux jeunes de "rester calmes".

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a cependant appelé la communauté internationale à venir en aide aux Casques bleus, avertissant que les forces loyales à Gbagbo tentaient d'"entraver les ravitaillements" de la mission et de l'hôtel du Golf.

Pendant ce temps, Charles Blé Goudé, leader des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, fer de lance des violentes manifestations anti-françaises de 2004 à Abidjan, ne cesse de mobiliser ses partisans en vue du combat pour "la souveraineté de la Côte d'Ivoire". - AFP