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Investiture: Sékouba au garde-à-vous, se rappelle de Dadis

Dec 22, 2010

Ce 21 décembre, à 14h, M. Alpha Condé, le président de la République a prêté serment dans la salle des Congrès du Palais du peuple de Conakry, devant plus d’une dizaine de chefs d’Etat Africains. Ce sont Me Abdoulaye Wade du Sénégal, Denis Sassou Nguesso du Congo, Jacob Zuma d’Afrique du Sud, Amadou Toumani Touré du Mali, Faure Gnassimgbé du Togo, Malam Bacai Sagna de la Guinée Bissau, Pedro Pirez du Cap Vert, Ellen Johnson Sirleaf du Liberia, Ernest Baï Koromah de la Sierra Leone, Général Salou Djibo du Niger. Olusegun Obasanjo, l’ancien président du Nigeria, porte le message du président Goodluck Jonathan, Jean Ping, président de la commission de l’Union africaine, Bernard Kouchner, ancien ministre français des Affaires étrangères sont des invités spéciaux.

Avec plusieurs délégations africaines et internationales. Les partis alliés à l’Union des forces démocratique de Guinée de Cellou Dalein Diallo, qui, lui était absent de la cérémonie, il y a avait M. Sidya Touré, président de l’UFR (Union des forces démocratiques), Mamadou Bah Baadikko, président de l’UFD (Union des forces démocratiques), Boubacar Bah de ADPG, (Avenir démocratique, prospérité de Guinée).

Dans la kyrielle de discours, le Général Sékouba Konaté, le président de laTtransition, a fait un garde à vous apprécié au nouveau président Alpha Condé avant de rejoindre sa place.

L’esplanade du Palais du peuple a enregistré la présence d’une foule de militants et sympathisants de l’Alliance Arc-en-ciel, en liesse, dans des uniformes jaunes, avec des gadgets à l’effigie de leur candidat heureux.

Mouchoir blanc dans la main gauche, le Président Alpha Condé est entré dans la salle des Congrès du Palais, signe d’un rappel du temps du premier président guinéen Sékou Touré. Il a été suivi peu de temps après, par M. Mamadou Sylla alias «Syma», le premier président de la Cour suprême a ouvert la cérémonie. Le Général Sékouba Konaté, a fait le premier discours.

C’est une récompense à Alpha

Le Général Sékouba Konaté, président de la Transition sortant, a d’entrée, estimé que l’investiture du Pr Alpha Condé marque une nouvelle ère, «à l’avènement de laquelle, chacun de nous aura contribué de toutes ses forces. C’est un jour de fierté nationale dans la confiance et l’espoir que nous avons retrouvés notre avenir individuel et commun,» a-t-il ajouté. C’est la première fois dit-on, que la Guinée a un Président démocratiquement élu. Sékouba Konaté a rappelé que les cinquante dernières années de l’histoire de la Guinée ont été marquées par «des rendez-vous manqués avec le destin.»

C’est pour quoi il a déclaré : «Si nous sommes réunis en cet instant solennel, pour installer devant Dieu et les hommes, dans ses fonctions le Président que nous avons élu, nous sommes là aussi pour témoigner devant l’histoire de l’acte de renaissance de la Guinée. La Guinée de demain déjà en marche, sera encore plus différente…»

Et de rappeler la déclaration du 15 janvier 2010, signée à Ouaga, entre le médiateur désigné de la crise guinéenne, Blaise Compaoré, le Président de la République de Guinée, Capitaine Moussa Dadis Camara et lui-même, pour «une Transition apaisée et consensuelle qui permet aujourd’hui de renouer avec l’ordre constitutionnel et l’espoir d’une véritable démocratie».

Une pensée pour Dadis

Cette fois, contrairement à son discours d’adieu aux forces armées il ya quelques jours, il n’a pas ignoré son compagnon, Capitaine Dadis, pour qui il a eu à exprimer «une pensée fraternelle. Toutefois, précise le Général Konaté, il a pu commettre des erreurs, mais il a eu aussi le mérite de comprendre le cri de cœur de notre peuple et l’appel de la communauté internationale.»

Il s’est réjoui que l’engagement que le CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement) a pris le 23 décembre 2008, quant à l’organisation des élections, soit tenu . Cela, reconnaît le Président intérimaire sortant, après avoir «péché par l’inexpérience et l’excès d’enthousiasme dans l’exercice de la fonction d’Etat, qui exige que ceux qui la détiennent s’emploie avec discernement et humilité.»

Parmi les sacrifices consentis par les Guinéens pour l’instauration de la démocratie, le Général Konaté a rappelé la tragédie du 28 septembre 2009, qui devrait faire comprendre, a-t-il dit, à chacun des membres de la junte que ni la force, ni la brutalité, ne peuvent réduire un peuple au silence. « Aucun homme n’ébranle la volonté, la détermination, et la conviction du peuple, à qui il reviendra toujours le dernier mot.»

Et de rendre hommage, par une minute de silence, à toutes les victimes de la marche difficile du pays vers la démocratie. Avant de souhaiter que justice sera rendue afin d’honorer la mémoire de toutes les victimes de la République et de permettre à leurs familles de faire leur deuil. «Il est temps de mettre fin à l’impunité », a lancé Sékouba Konaté, qui estime que l’Afrique ne doit pas offrir l’image d’un continent où se commettent des crimes contre l’humanité dans l’indifférence générale. Il a rendu hommage aux défunts présidents Sékou Touré, Lansana Conté ainsi qu’au convalescent capitaine Moussa Dadis Camara actuellement à Ouaga, qui font tous partie de l’histoire de la Guinée.

Le Général Konaté appelle les Guinéens à regarder l’avenir, plein d’espoir que de faire une rétrospective d’un passé plutôt douloureux. Egalement au pardon et à l’oubli, puisque se convainc-t-il, la Guinée ne sera plus jamais comme avant. Du fait des luttes menées par les Guinéens jusqu’à date, afin d’entrer dans l’ère de la démocratie vraie, dont le Pr Alpha Condé qui serait «mieux placé que qui conque pour mesurer le chemin parcouru, les sacrifices consentis. Il a lui-même connu toutes les épreuves d’une conquête acharnée et intrépide de la liberté, y compris la prison…»

Konaté a félicité, vanté les mérites de son successeur, avant de dire aux Chefs d’Etat et personnalités présentes que le nouveau Président de la République de Guinée est «récompensé aujourd’hui, pour de nombreuses années de lutte, pour la cause de la Guinée, de l’Afrique, de longues années aussi consacrées à défendre des valeurs dont il aura encore besoin pour gouverner et réussir son mandat. »

Il s’agira, pour le peuple, du droit à la liberté, à la démocratie et à de meilleures conditions de vie. Il s’agira également de rétablir l’unité, de recoller le tissu social, fortement ébranlé il y a peu, pour une paix durable. Il a appelé M. Condé à traiter les Guinéens au même pied d’égalité, avant de lui dire : «Votre victoire ne doit pas être ressentie comme une défaite par tous ceux qui ont porté leurs voix sur l’autre candidat. Votre démarche doit rassembler les Guinéens, les rassurer qu’ils ne vivront plus dans l’angoisse du quotidien, la peur des lendemains, la hantise d’un Etat brutal, violent et liberticide.»

Il dit manquer de son devoir, s’il ne félicitait pas le candidat malheureux, Cellou Dalein Diallo, président de l’Ufdg, qui dit-il, n’a pas démérité, au contraire, «il vient de prendre acte, en donnant une chance à la démocratie de s’enraciner dans le pays, par une attitude responsable et digne, devant l’épreuve d’un espoir déçu. Il a fait le choix de l’avenir, l’histoire pourrait lui donner raison.» Et de remercier, Blaise Compaoré, le Président du Burkina Faso, investi le 20 décembre 2010, pour un énième mandat, pour ses efforts, qu’il a loués.

Il a remercié les partenaires qu’il a encore appelés à soutenir la Guinée, à travers le GIC-G (Groupe international de contact sur la Guinée.) Il a remercié le Gouvernement de Transition, qui a essayé, auprès de lui, à essayer d’aller « au bout de la Transition avec des hauts et bas. » Mais il n’a pas cité son Premier ministre Jean-Marie Doré, pourtant présent à la première loge officielle.

Aussi un clin d’œil à la CENI, à ses collaborateurs qui ont été à son écoute, partagé ses espoirs et ses préoccupations. Notamment son ministre d’Etat secrétaire général à la Présidence de la République, Tibou Kamara. « Il a fait avec moi, tous les sommets qui nous ont permis d’obtenir le résultat d’aujourd’hui. Je témoigne solennellement que c’est lui qui a décidé à accepter de conduire la Transition. Il m’a beaucoup aidé et conseillé dans ma délicate mission, m’a servi avec une loyauté et une fidélité totales.»

Il a relevé un paradoxe en Afrique : «Le paradoxe que j’ai relevé est troublant. Ceux qui se battent le plus pour la démocratie au prix de leur liberté, des élections, parfois aussi hélas de leur vie, une fois élus, sont les premiers à piétiner les droits des citoyens, à bafouer les libertés, préoccupés en ce moment-là seulement par la conservation du pouvoir, utilisant au besoin la force, la répression. Les temps ont changé, les hommes aussi. Il n’est plus possible de conquérir ou de garder le pouvoir par la force, contre la volonté des peuples qui en sont les dépositaires naturels… »

Il a rendu hommage aussi à l’armée et dit, qu’au moment de quitter le pouvoir, il n’a pas le moindre sentiment de regret, car il n’a pas eu l’espoir, ni de raison de le garder. Seulement, ceux qui l’ont aidé, les Guinéens, lui manqueront. Sékouba Konaté a souhaité plein succès au Gouvernement d’union que les Guinéens attendent de leur nouveau Président, Alpha Condé. La démission de celui d’union nationale de Transition, du Premier ministre Jean-Marie est attendue.

A rappeler que Sékouba Konaté avait dit le 15 décembre, qu’il doit retourner au Maroc pour se soigner, avant d’aller à l’Union africaine, en tant haut responsable de la FAA (Force africaine en Attente).

Quant au nouveau président de la République, il a entamé son discours d’investiture par des excuses à ses hôtes, à cause de la chaleur étouffante qui régnait dans la salle. Selon lui, “ C’est le signe de la Guinée d’hier ” mais il a promis que la Guinée de maintenant fera oublier cette mauvaise image.

Il a dédié sa “victoire au peuple Guinéen dans son ensemble, en particulier à ceux qui ont consenti des sacrifices y compris au prix de leur vie, pour que triomphe des idées de liberté et de justice. Permettez-moi à cet effet de saluer la mémoire de mon cher frère cadet, Malick Condé qui a été de tous les combats politiques à mes côtés. Et de dire que “ la Guinée, sous ma conduite, occupera toute sa place, dans les institutions internationales tant au niveau continental que régional ”.

Il a rendu ensuite hommage au Président Blaise Compaoré, au Groupe international de contact sur la Guinée et à tous les acteurs qui ont contribué à la fin de la Transition. Pour dérouler son programme en ces termes : “ L’événement que nous célébrons est annonciateur d’une ère nouvelle ; celle de la primauté du droit, d’un meilleur fonctionnement du pouvoir judiciaire pour assurer la protection de l’Etat, des investisseurs et des citoyens sans distinction de fortune, d’ethnie ou de position sociale administrative ou politique. L’heure est donc venue de se donner la main pour assurer la grande marche de notre peuple vers la réalisation d’un destin commun : sortir la Guinée de la grande pauvreté, du sous développement, l’engager sur le chemin de la croissance économique et du progrès social, afin que l’on rejoigne le peloton des pays émergeants ” a ajouté M. Condé qui rassure que “ le changement que nous prenons n’est pas dirigé contre un parti politique encore moins contre une catégorie socioprofessionnelle, il est la mesure incontournable pour créer les nouvelles bases de la bonne gestion publique. Il y a ensuite la condition indispensable pour mettre fin à l’impunité ”.

Il a également annoncé le respect des « intérêts supérieurs de la Nation, plus singulièrement la chose publique, le bien public, la recomposition du tissus social. » Il a rendu hommage à ses militants, dont l’action, le soutien, l’abnégation lui ont été, dit-il, utiles à l’issue du scrutin qui l’a porté à la tête de la Guinée. M. Condé n’a pas oublié les responsables des partis alliés, les jeunes, les associations de femmes, les leaders des mouvements de soutien, avant de conclure par ces trois mots : “ Guinée is Back ! ”.

Mme Asha-Rose Migiro, la première secrétaire général adjointe de l’Onu a déclaré : “ C’est un jour qui reflète l’attachement de la Guinée à la liberté. Un événement qui fait du peuple de Guinée une championne pour l’indépendance de la lutte pour l’Afrique ”. M. Obasanjo, a, lui exhorté les Guinéens à se donner la main pour construire une nouvelle Guinée, unie et prospère.

C’est après tout cela, que le nouveau Président a reçu les honneurs civils et militaires au nouveau Président, précédé par sa décoration, comme “ Grand maître de l’Ordre national du mérite et Grand croix de la République ”, par le Général Sory Doumbouya, le Grand chancelier de l’ordre national du mérite. Celui-ci a porté le collier en or de la grande chancellerie des Roses, autour du coup du Président Alpha Condé.

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