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Affaire du “fugitif†Mouctar Diallo: Silence, on révoque!

Jan 20, 2011

Respect de l'autorité de l'État: Le Président Alpha Condé révoque un cadre «pour faute lourde». Comme premier acte de correction, le Chef de l'État vient de frapper fort. Ce, après que des enquêtes aient relevé un manquement à l'ordre de l'autorité supérieure de la part d'un haut fonctionnaire, en l'occurrence le Secrétaire général du Ministère de l'Elevage.

«Décret portant révocation d'un cadre.

Le Président de la République,

- Vu la Constitution,
- Vu le décret D/2010/007/PRG/SGG du 24 décembre 2010 portant nomination du Premier ministre, Chef du Gouvernement,
- Vu les décrets : D/2010/009/PRG/SGG du 27 décembre 2010, D/2010/016/PRG/SGG du 30 décembre 2010 et D/2011/002/PRG/SGG du 4 janvier 2011, portant nominations de Ministres,

Décrète :

Article 1er : Dr Sény Mané, Secrétaire général du Ministère de l'Elevage est révoqué de ses fonctions pour faute lourde.
Article 2 : Le présent décret qui prend effet à compter de sa date de signature, sera enregistré et publié au Journal Officiel de la République.
Conakry, le 20 janvier 2011
Prof. Alpha Condé

Explication d'AfricaLog: Sur la raison fondamentale de cette révocation, Dr Sény Mané serait impliqué dans l'émission d'un ordre de mission en faveur de son ancien patron de Ministre de l'Elevage, Mouctar Diallo, lorsque celui-ci a manifesté le désir de se rendre en Guinée-Bissau pour un visa d'entrée en Angola. Et c'est lui, Dr Mané, qui serait le signataire de l'ordre de mission utilisé par Mouctar pour quitter le pays.

On dira que c'est tout à fait normal qu'un cadre qui sort du pays soit muni d'un ordre de mission. Cependant, pour le cas présent, il y a problème. Et pour cause.

L'on se souvient qu'à travers un communiqué en date du 22 décembre 2010, le Ministre d'État à la Sécurité et à la Protection civile, général Mamadou Toto Camara annonçait que «sur instruction de son excellence monsieur le Président de la République, le Pr. Alpha Condé, il est demandé aux ministres sortants et aux Hauts cadres de l'État ayant occupé des fonctions de responsabilité ou de gestion à quelque niveau que ce soit, de sursoir à tout déplacement hors du territoire national jusqu'à la nomination de leurs successeurs et à la passation de service. »

L'affaire de la sortie de Mouctar Diallo du territoire a été ébruitée par la presse. Ce qui va déclencher le courroux du Chef de l'État, Pr. Alpha Condé, à la lecture de quelques passages de l'interview Mouctar Diallo , accordée à un confrère de la place le mercredi, 19 janvier 2011 depuis son refuge de Bissau : «Nous étions en partance pour Bissau afin de trouver des visas pour l'Angola. Quand nous sommes arrivés à la frontière, des militaires nous ont dit qu’ils avaient reçu l’ordre de ne pas laisser les véhicules portant l’immatriculation VA de sortir du territoire national. Je leur ai répondu que la Présidence de la République m’a offert ce véhicule. Je n’ai pas enlevé l’immatriculation VA parce ce que j’étais en train de faire les papiers en mon nom. Après plusieurs minutes de discussions, les militaires ont été compréhensifs. Ils nous ont laissés passer »

Et ce qui aurait d'avantage énervé le Chef de l'État, ce sont les réactions d'interprétation qui ont suivi la parution de l'article. Comme celle-ci : «Je pensais que M. le Président avait demandé à M. Doré [NDLR d'AfricaLog : ex-Premier ministre, Jean Marie Doré] de faire tous les inventaires des différents ministères et a ajouté que même une chaise ne bougera pas et je suis étonné d'apprendre que Mouctar aurait reçu l'ordre de garder sa voiture.»

Alpha Condé voyait ainsi son autorité bafouée et son intégrité mise en doute. En attendant que d'autres têtes ne tombent, les agents qui étaient au poste frontalier seraient déjà interpellés à Boké, selon Mouctar Diallo, l'ex Ministre fugitif: «Ils ont été tous conduits à Boké. Une équipe a été laissée sur place pour attendre notre retour afin de nous faire arrêter. Pour l’instant, nous ne savons pas qui a donné l’ordre à ces militaires de nous arrêter (…) »

D'après le confrère qui l'a joint par téléphone à Bissau, Mouctar aurait confié quand il a rempli «les formalités à l’ambassade du Portugal à Bissau, certains militants des NFD ont décidé de rentrer en Guinée». Mais, a-t-il déclaré, «comme moi je suis souffrant, j’ai décidé de rester à Bissau pour quelques jours.»

Avant de conclure: «Dès que les jeunes sont arrivés à la frontière, ils ont été mis aux arrêts et conduits à leur tour au camp de Boké. Mon véhicule a été récupéré (…) Je ne me reproche rien moi.»

C'est le samedi, 15 janvier 2011 que Mouctar Diallo a quitté Conakry pour Bissau à bord de sa 4x4 immatriculée VA (Véhicule administratif).

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