L'opposant gabonais André Mba Obame, qui conteste l'élection d'Ali Bongo à la tête du Gabon depuis 2009, s'est autoproclamé mardi à Libreville président et annoncé la composition de son gouvernement dans une déclaration diffusée par sa télévision TV+.
Citant un article de "la déclaration des droits de l'Homme et du citoyen de 1793" qui évoque "l'insurrection" comme droit "quand le gouvernement viole le droit du peuple", M. Mba Obame a implicitement invité ses compatriotes à suivre l'exemple de la Côte d'Ivoire, où deux présidents proclamés se disputent le pouvoir, et de la Tunisie, où une révolte populaire a renversé le président Zine el Abidine Ben Ali.
"Nous y sommes. Prenons nos responsabilités. (...) Nous ne sommes pas plus lâches que les Ivoiriens, nous ne sommes pas plus lâches que les Tunisiens. Alors, l'Histoire est en marche, on y va"!, a-t-il dit après avoir annoncé le nom de son "Premier ministre": le Dr Raphaël Bandega Lendoye, professeur à l'Université Omar Bongo de Libreville.
"Désormais, il n'y a pas d'autre voie possible: le Gabon doit être dirigé par celui que les Gabonaises et les Gabonais ont réellement choisi", a encore affirmé André Mba Obame, faisant référence à lui-même.
Selon les images de TV+, cet ex-ministre de l'Intérieur qui a toujours contesté les résultats de la présidentielle organisée le 30 août 2009, a prononcé sa déclaration et le serment de la Constitution gabonaise "consacrant l'entrée en fonction du président de la République" devant une foule nombreuse au siège de l'Union nationale (UN, opposition) parti qu'il a créé avec d'autres candidats déclarés battus aux urnes par Ali Bongo Ondimba.
L'élection d'Ali Bongo, fils du président Omar Bongo Ondimba décédé en juin 2000, avait été validée par la Cour constitutionnelle après un long contentieux. Ali Bongo a été investi en octobre 2009.
"Le vote des Gabonais est plus fort que la décision d'une Cour constitutionnelle aux ordres", cette institution, "en ignorant le vote du peuple gabonais pour servir les intérêts d'un clan et imposer son candidat à la tête du pays, s'est disqualifiée d'elle-même", a estimé M. Mba Obame, expliquant avoir pris le temps de la réflexion avant de se proclamer président quinze mois après le scrutin.
"J'avais décidé qu'il était de ma responsabilité de vainqueur de cette élection de privilégier l'intérêt supérieur de notre pays et accepter la mort dans l'âme l'inacceptable en laissant l'imposture s'installer au pouvoir. C'est pourquoi à l'époque, je n'avais pas donné le mot d'ordre que tous attendaient et que plusieurs me suggéraient fortement. Je ne vous avais pas demandé à l'époque de descendre dans la rue", a-t-il dit, sans toutefois appeler clairement à des manifestations de rue.
Après la déclaration de M. Mba Obame, son "Premier ministre", le Dr Lendoye, dévoilé une liste de 19 personnes -y compris lui-même- composant son "gouvernement". Dans cette liste, l'ex-candidat à la présidentielle Bruno Ben Moubamba a le portefeuille de "ministre des Affaires étrangères". - AFP