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Gbagbo prend le contrôle du cacao, violences à Abidjan

Mar 07, 2011

Le président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a annoncé lundi la prise de contrôle par l'Etat de la filière cacao, en pleine bataille avec Alassane Ouattara et ses alliés, tandis qu'Abidjan a été en proie à de nouvelles violences et que les combats continuaient dans l'ouest.

Engagé dans un bras de fer avec M. Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale après le scrutin de novembre, M. Gbagbo a décidé que l'achat et l'exportation du cacao, dont le pays est le premier producteur mondial, seraient désormais du ressort de l'Etat et non plus essentiellement des multinationales, selon une ordonnance publiée lundi.

Le président sortant tente de contrer la paralysie de la filière cacao, entraînée en particulier par les sanctions de l'Union européenne, notamment l'embargo de fait sur les ports d'Abidjan et de San Pedro (ouest), premier port d'exportation de cacao au monde.

M. Ouattara avait ordonné fin janvier l'arrêt des exportations de cacao, un appel respecté par les grands négociants et chocolatiers, alors que le café et le cacao représentent 40% des recettes d'exportations de la Côte d'Ivoire et environ 20% de son PIB.

Sur le terrain, les violences se poursuivaient comme depuis la mi-février, faisant craindre à l'ONU une "résurgence de la guerre civile". Plus de 370 personnes ont été tuées depuis fin 2010 dans le pays, selon les Nations unies.

Au moins trois personnes sont mortes dans la nuit de dimanche à lundi dans une attaque attribuée par le camp Gbagbo aux "rebelles" alliés à son rival dans le quartier d'Abobo à Abidjan, fief de M. Ouattara.
L'attaque a visé un gros village de l'ethnie ébrié, enclavé dans Abobo et réputé pro-Gbagbo. Selon le gouvernement Gbagbo qui a dénoncé une "agression barbare", il y a eu "trois morts" et "30 blessés", mais des habitants ont jugé l'assaut plus meurtrier.

Depuis environ deux semaines, les violences ont redoublé à Abobo, avec des affrontements sanglants entre Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à M. Gbagbo et insurgés armés, accusés par le camp Gbagbo d'être des éléments de l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN), alliée de M. Ouattara.
Se plaignant d'agressions ou de pillages, des centaines de Mauritaniens travaillant souvent dans le commerce fuyaient ces derniers jours Abobo pour rentrer dans leur pays à bord de cars affrétés par leur ambassade.

Dans l'ouest du pays, au lendemain de leur prise de Toulépleu, cité proche du Liberia, les FN ont progressé mais s'affrontaient en fin de journée aux miliciens pro-Gbagbo et aux FDS dans les environs de la ville de Blolékin, à quelques dizaines de kilomètres de là.

"C'est un combat de conquête", a dit un élément FN. "On les a repoussés. Les combats se poursuivent", a affirmé un milicien.

La reprise des combats dans l'ouest depuis la prise par les FN de deux petites localités fin février fait craindre une reprise générale des hostilités le long de l'ancienne ligne de front de 2002-2003. Les FN contrôlent depuis lors le nord du pays, le sud restant aux mains du régime Gbagbo.

Selon un habitant de Toulépleu, "la population a fui la ville pour se réfugier dans la forêt et les villages environnants", certains ayant pris "la direction du Liberia", où environ 70.000 Ivoiriens se sont déjà réfugiés depuis l'éclatement de la crise post-électorale.

Face à la crise humanitaire qui s'aggrave, le président américain Barack Obama a débloqué 12,6 millions de dollars d'aide pour les réfugiés et déplacés de Côte d'Ivoire.

Le panel de l'Union africaine sur la crise ivoirienne, qui a exigé sans succès "l'arrêt immédiat des tueries", a invité les deux rivaux à participer jeudi à une réunion en Ethiopie.

Retranché au Golf hôtel d'Abidjan sous un blocus des FDS et protégé par des Casques bleus, M. Ouattara a accepté l'invitation.

M. Gbagbo et Paul Yao N'Dré, président du Conseil constitutionnel également convié - il avait proclamé M. Gbagbo réélu en invalidant en partie les résultats de la commission électorale donnant M. Ouattara vainqueur - n'ont pas encore fait connaître leur réponse. - AFP