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Ouattara donne une "dernière chance" à Gbagbo pour partir

Mar 15, 2011

Le président ivoirien reconnu par la communauté internationale Alassane Ouattara a appelé mardi son rival, le chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo, à saisir sa "dernière chance" pour une "sortie de crise pacifique et honorable", en pleine explosion de violences à Abidjan.

"Il est temps" que M. Gbagbo, qui refuse de céder le pouvoir, "accepte de se conformer à la volonté des Ivoiriens et de l'Union africaine", qui a reconnu en sommet la semaine dernière la victoire de M. Ouattara à la présidentielle de novembre, a-t-il indiqué lors d'une "adresse à la Nation" sur la télévision créée par son camp.

"Il doit comprendre qu'il s'agit pour lui et ses proches de sa dernière chance pour une sortie de crise pacifique et honorable", a-t-il ajouté.

M. Ouattara vit retranché depuis fin 2010 au Golf hôtel d'Abidjan, sous blocus des forces de son rival et sous la protection des Casques bleus et de ses partisans.

Cette déclaration solennelle de M. Ouattara intervient alors que le pays s'enfonce dans les violences et que les affrontements entre insurgés qui le soutiennent et forces fidèles à M. Gbagbo s'intensifient à Abidjan, menaçant de dégénérer en guerre civile.

M. Ouattara a réaffirmé sa volonté de "former un gouvernement d'union et de réconciliation, avec toutes les forces nationales, y compris le Front populaire ivoirien (FPI, parti de M. Gbagbo)".

"Il est impérieux que nous réapprenions à vivre ensemble", a-t-il souligné, insistant sur sa volonté d'être "un président de tous les Ivoiriens" et "pas d'une partie des Ivoiriens contre une autre".

S'adressant aux forces armés, en majorité fidèles au président sortant malgré des défections, il a lancé: "il n'est pas trop tard, mettez-vous à la disposition de la patrie".

Il a également annoncé la mise en place "dans les meilleurs délais" d'une "commission Vérité et Réconciliation", notamment pour indemniser les victimes des violences.

Debout, en costume sombre, le drapeau ivoirien à ses côtés, M. Ouattara a conclu son allocution par un "appel au sursaut ivoirien", promettant que la "volonté de changement ne sera pas déçue".

Depuis le début de la crise née de la présidentielle, près de 400 personnes ont été tuées selon l'ONU. Et les violences sont désormais quasi-quotidiennes dans la métropole ivoirienne.

Quatre personnes ont été tuées mardi par des hommes armés dans un quartier résidentiel d'Abidjan près d'un barrage tenu par de jeunes partisans de M. Gbagbo.

Derrière un supermarché du quartier de Cocody, des hommes armés non identifiés, arrivés à bord d'au moins un taxi à la hauteur d'un barrage tenu par des "jeunes patriotes" pro-Gbagbo, ont ouvert le feu, faisant quatre morts, selon des témoins.

L'identité des victimes restait incertaine, certains témoins affirmant qu'il s'agissait de passants alors que d'autres assuraient que les tués étaient des jeunes pro-Gbagbo.

"J'ai vu trois personnes sortir d'un taxi, mitraillette au poing, et ils ont +rafalé+. Les personnes touchées sont des passants, c'est horrible", a indiqué un habitant, racontant que les agresseurs avaient "pris la fuite à bord du même taxi".

Un autre témoin a de son côté affirmé que les "quatre jeunes couchés" sur le sol étaient des partisans de M. Gbagbo.

Selon un autre habitant, les auteurs de l'attaque étaient des "rebelles", terme employé par le camp Gbagbo pour désigner les insurgés pro-Ouattara.

Dans le passé ont été rapportés des cas de sympathisants supposés de M. Ouattara brûlés vifs par des militants pro-Gbagbo.

Le raid ciblé de mardi intervient au lendemain d'une attaque des insurgés pro-Ouattara sur un camp de policiers dans le quartier d'Adjamé (nord). Les assaillants ont été repoussés par les militaires pro-Gbagbo, mais au cours des derniers jours leur progression vers le sud de la ville et le coeur du pouvoir menace de plus en plus le régime Gbagbo. - AFP