La Libye a affirmé jeudi soir qu'elle était prête pour un cessez-le-feu contre l'insurrection, mais a demandé de discuter auparavant des détails de sa mise en oeuvre, a déclaré le vice-ministre aux Affaires étrangères Khaled Kaaim, lors d'une conférence de presse à Tripoli.
«Nous sommes prêts pour cette décision (de cessez-le-feu) mais nous avons besoin d'un interlocuteur bien précis pour discuter de sa mise en oeuvre», a déclaré M. Kaaim peu après le vote d'une résolution par le conseil de sécurité de l'ONU autorisant «toutes les mesures nécessaires» pour protéger les civils et imposer un cessez-le-feu à l'armée libyenne.
«Nous avons discuté la nuit dernière avec l'émissaire de l'ONU (pour la Libye, le Jordanien Abdul Ilah Khatib) et nous avons posé des questions légitimes sur l'application d'un cessez-le-feu», a-t-il ajouté.
M. Kaaim a indiqué que son pays allait «réagir positivement à la résolution de l'ONU et nous allons prouver cette volonté en garantissant une protection aux civils», at-il dit.
Kadhafi renonce à attaquer Benghazi
Sur le terrain, le colonel Mouammar Kadhafi a changé de tactique et ne prévoit plus d'attaquer la ville de Benghazi, fief des rebelles, a annoncé jeudi soir la chaîne CNN, peu après que l'ONU eut approuvé un recours à la force contre le régime libyen.
«Je viens juste de recevoir un appel d'un des fils de Kadhafi, Seif (al-Islam)», a indiqué un correspondant de CNN à Tripoli, Nic Robertson.
«Il a dit qu'ils étaient en train de changer de tactique autour de Benghazi, que l'armée n'allait pas entrer à Benghazi. Elle va prendre position autour du bastion» des rebelles, a ajouté le correspondant.
Le leader libyen a affirmé jeudi que les forces gouvernementales allaient attaquer dans la soirée Benghazi, fief de la rébellion dans l'est du pays, dans un message sonore retransmis par la télévision libyenne.
«La raison (à ce changement de tactique) est qu'ils s'attendent à un exode humanitaire. Ils s'attendent à ce que les gens aient peur de ce qui va arriver et il (Seif al-Islam) a dit que l'armée allait être là pour les aider à sortir» de la ville, a expliqué le journaliste de la chaîne américaine.
Des ténors américains appellent à une action rapide
Trois influents sénateurs américains ont salué la résolution de l'ONU autorisant l'usage de la force contre les troupes du colonel Kadhafi en Libye et ont appelé à «la mettre en oeuvre rapidement», dans un communiqué commun.
Le républicain John McCain, l'indépendant Joe Lieberman et le démocrate John Kerry «applaudissent l'action du Conseil de sécurité autorisant 'toutes les mesures nécessaires' pour imposer une zone d'exclusion aérienne en Libye et protéger les civils» des attaques des troupes gouvernementales.
L'administration Obama «mérite d'être créditée pour avoir obtenu que cette résolution soit adoptée avec un aussi large soutien» à l'ONU, soulignent-ils.
Mais, préviennent les trois sénateurs, cette résolution «ne sera efficace que si elle est appliquée».
«Au moment où les troupes de Kadhafi se dirigent vers Benghazi (le bastion des rebelles, ndlr), nous devons immédiatement travailler avec nos amis de la Ligue arabe et de l'OTAN pour appliquer cette résolution et changer le cours des choses avant qu'il ne soit trop tard», ajoutent-ils.
Les parlementaires appellent aussi à «un consensus au-delà des partis» au Congrès américain «pour soutenir le président (Barack Obama) et l'aider à prendre les mesures urgentes qui sont nécessaires pour stopper Kadhafi».
Les sénateurs McCain et Lieberman avaient déposé lundi au Congrès une résolution demandant à l'administration américaine de reconnaître l'opposition libyenne. - AFP