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Blé Goudé appelle les «jeunes patriotes» à rejoindre l'armée

Mar 20, 2011

Le camp du président ivoirien sortant Laurent Gbagbo a appelé samedi ses jeunes partisans à «s'enrôler dans l'armée» pour faire face aux insurgés qui le défient en plein Abidjan, où des milliers d'habitants fuyaient des violences de plus en plus meurtrières.

La crise née du scrutin de novembre entre Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, reconnu président élu par la communauté internationale, menace chaque jour davantage de virer à la guerre civile.
À Abidjan, les combats entre forces armées fidèles au président sortant et insurgés pro-Ouattara s'étendent jusqu'aux abords du Plateau, quartier du palais présidentiel.

Chef des «jeunes patriotes», fervents partisans de M. Gbagbo, Charles Blé Goudé a appelé les jeunes Ivoiriens «qui sont prêts à mourir pour leur patrie, qui ne supportent plus l'humiliation que subit» leur pays, à se rendre lundi matin à l'état-major «pour se faire enrôler dans l'armée afin de libérer la Côte d'Ivoire de ces bandits».

«Est-ce que vous êtes prêts à aller dans l'armée pour servir votre pays?», a-t-il demandé à plusieurs milliers de partisans lors d'un meeting dans le quartier de Yopougon (ouest), considéré comme un bastion de M. Gbagbo à Abidjan.

«Oui! libérez! libérez!», a répondu la foule. Des jeunes levaient les mains vers le ciel tandis que d'autres se frappaient la poitrine.

Vendredi, Laurent Gbagbo avait réclamé «une plus grande responsabilité et une plus grande collaboration» entre les citoyens et les Forces de défense et de sécurité (FDS) pour que «les présences suspectes» soient «neutralisées».

Son ministre de la Jeunesse Charles Blé Goudé a directement visé l'ONU, dont la mission en Côte d'Ivoire (Onuci) est accusée par les siens de soutenir les «rebelles».

«Ce n'est pas Ouattara» mais l'ONU «qui nous mène la guerre», a affirmé celui qui fut le fer de lance de manifestations parfois violentes aux heures chaudes de la crise politico-militaire de 2002, visant en particulier les Français.

Les violences liées à la crise postélectorale ont déjà fait près de 440 morts, selon l'Onuci.

La mission a accusé les forces armées du camp Gbagbo d'avoir tué jeudi, avec des tirs de mortiers, entre 25 et 30 civils dans le quartier d'Abobo, fief électoral de M. Ouattara à Abidjan et de nouveau cible de tirs à l'arme lourde vendredi soir.

Objet d'une large réprobation internationale après ce drame, le gouvernement Gbagbo a dénoncé un «complot».

La France, ex-puissance coloniale régulièrement mise en cause par le régime Gbagbo, a estimé samedi que l'Onuci «devrait jouer son rôle sans doute plus efficacement».

«Elle a un mandat qui lui permet d'utiliser la force si des confrontations ou des violences s'exercent», a souligné le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé.

L'escalade de la violence a poussé samedi des milliers d'habitants vers la gare routière d'Adjamé (nord), la plus grande de la capitale économique, et à celle de Yopougon (ouest), pour se «mettre à l'abri» dans leur village.

Une foule de familles attendaient leur tour pour monter dans des cars, emportant bagages et même appareils électroménagers.

«J'ai peur. Je quitte Abidjan pour me réfugier au village», a déclaré à l'AFP Marguerite, entourée de ses quatre enfants.

Depuis le début de la crise, près de 500.000 personnes ont fui leur habitation, dont 200.000 à Abidjan et 90.000 qui se sont réfugiées au Liberia selon l'ONU, plongeant le pays dans une grave crise humanitaire, en particulier depuis la flambée des violences à la mi-février.

Dans l'ouest durement frappé, les FDS ont affirmé samedi soir avoir repris la nuit précédente la localité de Doké. Mais les ex-rebelles pro-Ouattara, qui avaient conquis coup sur coup quatre localités depuis fin février, ont démenti avoir perdu Doké.

Appelé à céder la place par l'Union africaine, M. Gbagbo s'est dit vendredi prêt à envisager un «schéma de dialogue interivoirien» mais n'a pas précisé ce qui pourrait selon lui être discuté.

Il a exhorté les combattants du camp Ouattara, des «rebelles» à ses yeux, à déposer les armes, s'attirant aussitôt une fin de non-recevoir. - AFP