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Les pro-Kadhafi reprennent le centre pétrolier Ras Lanouf

Mar 30, 2011

Les insurgés libyens ont subi de nouveaux revers mercredi face aux forces de Mouammar Kadhafi qui ont repris le contrôle du site pétrolier de Ras Lanouf et progressé vers Brega, forçant des rebelles paniqués à se replier vers l'Est.

Alors que l'OTAN se prépare à reprendre jeudi la tête des opérations militaires en Libye, le retour en force des loyalistes a remis en lumière la question controversée de l'armement des insurgés, évoquée par Washington et Paris lors de la réunion du «groupe de contact» mardi à Londres. La quarantaine de pays sont convenus que Mouammar Kadhafi devait quitter le pouvoir, tout en divergeant sur les moyens de l'y contraindre.

Les forces loyalistes, revigorées par l'absence de frappes aériennes occidentales depuis plusieurs jours, ont reconquis dans la matinée Ras Lanouf, prise par les insurgés le 27 mars. Cette ville est située à 370 km à l'ouest de Benghazi, le bastion des rebelles dans l'Est.

Pris sous d'intenses tirs de chars et d'artillerie, des centaines de rebelles paniqués ont dans un premier temps reflué vers la ville de Brega, à une centaine de km plus à l'est.

«On a un gros souci, on se replie», a expliqué à l'AFP l'un des combattants, Salama Dadida. «Nous voulons que les Français bombardent les soldats (de Kadhafi, ndlr)», a renchéri un autre rebelle, Ali Atia al-Fatouri, alors que s'intensifiaient les tirs d'armes lourdes et légères.

Dans l'après-midi, les insurgés poursuivaient leur repli vers l'est en direction d'Ajdabiya, selon des journalistes de l'AFP.

Selon des sources proches des rebelles, Brega est tombée aux mains de l'armée gouvernementale dans l'après-midi, une information invérifiable directement. Mais à Ajdabiya, située à seulement 80 km à l'est de Brega, un journaliste de l'AFP pouvait entendre le bruit de la canonnade venant de la région de Brega, accréditant la progression rapide des troupes loyalistes.

En fin d'après-midi, la ville d'Ajdabiya elle-même continuait à se vider de ses habitants et des derniers journalistes encore présents.

Plus à l'ouest, à Misrata, les forces loyales ont mené une nouvelle offensive à coups d'obus de chars et de roquettes mercredi, au lendemain d'une attaque qui a fait 18 morts selon la rébellion et un médecin.
Le régime avait indiqué lundi avoir mis fin à son offensive contre les rebelles à Misrata où la «sécurité» a été rétablie, mais sans préciser clairement si la ville avait été reconquise par les loyalistes.

L'avancée des insurgés a été stoppée puis inversée ces deux derniers jours par les forces du régime.
Les rebelles réclament à cor et à cri la reprise des frappes aériennes internationales sur la route de Syrte, interrompues depuis deux jours. Cet appui aérien, lancé le 19 mars avec le feu vert de l'ONU, est essentiel pour la progression des rebelles, sous-équipés par rapport aux forces loyalistes.

«Nous voulons deux choses», explique à l'AFP un combattant, Younés Abdelghaim, brandissant une kalachnikov et un drapeau français, interrogé près de la ville de Brega. «Que les avions bombardent les chars et l'artillerie lourde de Kadhafi, et qu'ils (la coalition, ndlr) nous donnent des armes pour qu'on puisse se battre».

Cette question de la fourniture d'armes aux insurgés divise toutefois la communauté internationale.
À l'occasion de la réunion de Londres, le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, a déclaré que son pays était prêt à discuter avec ses alliés d'une aide militaire aux rebelles, tout en reconnaissant que ce n'était pas prévu par les résolutions de l'ONU.

Devant le Parlement, le premier ministre britannique David Cameron a affirmé mercredi que son pays «n'exclut pas» de fournir des armes aux rebelles. Même son de cloche aux États-Unis où le président Barack Obama avait dit aussi ne «pas l'exclure. Mais je ne dis pas non plus que cela va se faire».
En revanche, la Russie, l'Italie, la Norvège, le Danemark puis la Belgique n'ont pas caché leurs réticences.

Ajoutant à l'impression de division de la communauté internationale, le président chinois Hu Jintao a prévenu que les frappes aériennes en Libye pourraient violer l'esprit de la résolution de l'ONU. M. Hu s'exprimait mercredi à l'occasion d'une visite du président français Nicolas Sarkozy, dont le pays a été en pointe dans la décision de lancer ces attaques.

Pékin s'était abstenu lors du vote de la résolution 1973 le 17 mars.

Mercredi, M. Juppé a fait état de «premières défections» autour de Mouammar Kadhafi. La Grande-Bretagne a de son côté annoncé sa décision d'expulser cinq diplomates libyens susceptibles de «constituer une menace pour la sécurité» du Royaume-Uni.

Au pouvoir depuis 42 ans, le colonel Kadhafi, qui fait l'objet d'un mouvement de révolte sans précédent depuis le 15 février, ne s'est pas exprimé en public depuis plusieurs jours. Il continue d'accuser les rebelles d'agir pour le compte du réseau Al-Qaïda et refuse de s'en aller. - AFP