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Kadhafi accepte la «feuille de route» de l'Union africaine

Apr 11, 2011

Mouammar Kadhafi a accepté la «feuille de route» proposée par l'Union africaine pour trouver une issue pacifique au conflit en Libye, a annoncé le président sud-africain Jacob Zuma après une réunion à Tripoli entre le leader libyen et une délégation de l'UA.

Les présidents africains étaient venus plaider en particulier pour un arrêt des combats, qui ont fait au moins 23 morts depuis samedi à Ajdabiya (est) et à Misrata (ouest), selon des sources médicales et insurgées. L'OTAN a éovqué une situation «désespérée» dans ces deux villes et a promis de poursuivre les bombardements pour désarmer le régime libyen.

Comme à son habitude, le colonel Kadhafi a reçu sous sa tente, dans sa résidence de Bab al-Aziziya, la délégation de l'Union africaine, composée des présidents Jacob Zuma (Afrique du Sud), Amadou Toumani Touré (Mali), Mohamed Ould Abdel Aziz (Mauritanie) et Denis Sassou Nguesso (Congo), ainsi que du ministre ougandais des Affaires étrangères, Henry Oryem Okello.

A l'issue de l'entrevue, qui a duré plusieurs heures, les membres de la délégation sont montés dans un minibus, par le toit ouvrant duquel le colonel Kadhafi a salué en partant plusieurs dizaines de ses partisans, rassemblés non loin de la tente.

Dans la soirée, M. Zuma a fait une brève déclaration aux journalistes dans la résidence de Bab al-Aziziya.

«La délégation du Frère Leader a accepté la feuille de route comme nous l'avons présentée», a-t-il annoncé. «La solution proposée va être détaillée dans un communiqué».

«Dans ce communiqué, un appel sera lancé à l'OTAN pour qu'il cesse ses bombardements afin de donner une chance à un cessez-le-feu», a précisé M. Zuma.

Réunis samedi à Nouakchott, les médiateurs africains avaient réitéré les objectifs de leur mission: «cessation immédiate de toutes les hostilités», acheminement de l'aide humanitaire et ouverture d'un dialogue entre le régime et l'insurrection.

M. Zuma a indiqué qu'il quittait la Libye dimanche soir, mais que les autres membres de la délégation de l'UA allaient passer la nuit à Tripoli et se rendre lundi à Benghazi, bastion des rebelles libyens à 1.000 kilomètres à l'est de Tripoli, pour tenter de convaincre l'insurrection de déposer les armes.

L'entreprise s'annonce délicate, les chefs de la rébellion ayant rejeté tout cessez-le-feu qui impliquerait le maintien au pouvoir de M. Kadhafi ou de ses fils.

Sur le terrain, les combats dans et autour d'Ajdabiya (est) ont fait au moins 12 morts et 17 blessés ce week-end, selon les hôpitaux de Benghazi, où les victimes ont été transportées.

Pour la deuxième journée consécutive, les forces gouvernementales ont bombardé Ajdabiya, selon un correspondant de l'AFP.

La rébellion a affirmé avoir tué trois mercenaires algériens et en avoir capturé 15 autres à Ajdabiya.
Une dizaine d'explosions ont été entendues dimanche matin en l'espace de quelques minutes en provenance d'Ajdabiya, selon un journaliste de l'AFP.

Des habitants fuyant la ville ont donné quelques bribes d'informations aux rebelles postés un peu plus à l'est. «Il y a des tireurs embusqués sur un grand bâtiment dans le centre-ville», a expliqué Rafah Feraj, 45 ans. «Ce n'est pas sûr d'aller au-delà du rond-point au centre, après il y a des snipers».

Dans l'ouest du pays, un autre front ne montrait aucun signe d'accalmie: Misrata, ville rebelle assiégée et bombardée depuis un mois et demi par les forces gouvernementales.

Les combats y ont fait au moins 11 morts depuis le début du week-end. Samedi, huit rebelles et civils ont été tués, dont six par une roquette dans une mosquée, selon un porte-parole des insurgés. Dimanche, au moins deux autres combattants et un civil ont trouvé la mort, selon un médecin.
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a exprimé dimanche son inquiétude au sujet des milliers de réfugiés égyptiens, soudanais, tchadiens ou d'autres pays bloqués près du port de Misrata, sous des bâches et des abris de fortune.

A Bruxelles, l'OTAN a annoncé avoir détruit au moins 26 chars des troupes gouvernementales dimanche, 12 près d'Ajdabiya et 14 près de Misrata, où d'autres chars et des batteries antiaériennes ont été touchés dans l'après-midi.

La situation dans ces deux villes «est désespérée pour les Libyens qui sont brutalement bombardés par le régime. Pour contribuer à protéger ces civils, nous continuons à bombarder durement les forces» du régime, a déclaré le général Charles Bouchard, commandant de l'opération «Protecteur unifié».
Un autre responsable de l'OTAN a assuré que les bombardements continueraient «jour et nuit». Outre les chars, l'Alliance vise les dépôts de munitions et les lignes d'approvisionnement des forces gouvernementales.

Alors qu'à Misrata et ailleurs, des milliers de réfugiés étrangers rêvent de fuir le conflit, la Corée du Nord a ordonné à ses quelque 200 ressortissants présents en Libye d'y rester.

Le régime de Pyongyang «agit ainsi car il craint que des informations sur les émeutes populaires en Libye ne se propagent au sein de la Corée du Nord», affirme l'agence de presse sud-coréenne Yonhap. La Corée du Nord, l'un des pays les plus isolés au monde, entretient des liens diplomatiques étroits avec Mouammar Kadhafi. - AFP