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Mutinerie à Ouagadougou: des soldats armés dans les rues

Apr 15, 2011

Des dizaines de soldats du régiment présidentiel du Burkina Faso se sont mutinés dans la nuit de jeudi à vendredi à Ouagadougou et, après s'être cantonnés à des tirs dans leurs casernes, sont sortis en tirant en l'air dans les rues, a constaté un journaliste.

La mutinerie débutée dans la nuit à Ouagadougou par des gardes présidentiels s'est étendue vendredi matin à trois autres camps militaires dont l'un des plus importants de la ville, a constaté un journaliste de l'AFP.

Le mouvement se poursuivait aux camps Guillaume Ouédraogo, Sangoulé Lamizana et au camp dit "11-78", tous dans la capitale burkinabè.

Il était marqué par beaucoup de pillages dans le centre-ville de la part de soldats, notamment de boutiques d'électroménager.

Le domicile du général Dominique Diendiéré, chef d'état-major particulier du président Blaise Compaoré, qui se trouve dans une caserne à 3 km de celle du régiment présidentiel, a été totalement incendiée, a constaté le journaliste de l'AFP.

Le mouvement a débuté jeudi soir dans une caserne située dans le périmètre d'une vingtaine d'hectares du palais du président Blaise Compaoré, les soldats tirant en l'air pendant plusieurs heures avec des armes lourdes et légères.

Il s'est ensuite étendu à une deuxième caserne située à environ 3 km de là qui abrite d'autres éléments du régiment présidentiel, dont la plupart des officiers qui y résident.

C'est de cette dernière caserne que sont sortis les soldats, la plupart à pied, tirant en l'air, a constaté le journaliste de l'AFP.

Selon un officier de ce régiment ayant requis l'anonymat, il s'agit d'un mouvement de colère de militaires pour protester contre le non-versement d'une indemnité de logement qui leur avait été promise.

Le journaliste de l'AFP a vu une ambulance sortir de l'enceinte du palais présidentiel.

Le régiment présidentiel est composé des éléments les plus performants et les mieux payés de l'armée du Burkina Faso.

Fin mars, des militaires en colère qui protestaient contre la condamnation et l'emprisonnement de certains de leurs camarades inculpés dans des affaires de moeurs et de viols, s'étaient emparés d'armes de guerre dans des garnisons de plusieurs villes du pays, dont sa capitale, Ouagadougou.

Ils avaient tiré en l'air dans les rues, pillé des boutiques et libéré certains de leurs camarades emprisonnés.

Après ces incidents, le président Compaoré avait rencontré toutes les composantes de son armée, des simples soldats aux généraux, et annoncé la fin de la crise à l'issue de ces rencontres.

La révolte de ces soldats avait été précédée par un mouvement de contestation de jeunes étudiants à la suite de la mort, fin février, d'un des leurs, tué lors d'une manifestation. D'autres manifestations s'étaient produites par la suite dans tout le pays, faisant au moins six morts, dont quatre étudiants.

Cette double protestation des militaires et des jeunes avait constitué l'une des plus graves crises qu'ait connue le régime du président Compaoré, un ancien militaire arrivé au pouvoir il y a 24 ans à la faveur d'un coup d'Etat contre son ancien compagnon Thomas Sankara, figure emblématique de l'émancipation africaine, qui avait été tué.

Il y a une semaine, des dizaines de milliers de personnes avaient manifesté à Ouagadougou et dans plusieurs villes de l'intérieur du Burkina Faso contre le régime du président Compaoré. - AFP