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La "dame blanche" de Bongo parle

Jul 16, 2009

Katherine Icardi-Lazareff a partagé la vie du président disparu pendant près de quatre ans. En exclusivité, elle raconte.

"Ma femme blanche." Ainsi Omar Bongo la désignait-il devant ses confidents. Petite-fille de Pierre Lazareff, le légendaire fondateur de France-Soir, Katherine a partagé en pointillé, de 1978 à 1981, la vie du président gabonais, disparu le 8 juin. Installée à Biarritz, Katherine Icardi-Lazareff n'a pas reconnu dans les "nécros" parues l'homme qu'elle aima.

"Il n'avait rien du dictateur que l'on dépeint. Je garde l'image d'un être à l'écoute, plein d'humour, généreux et vif. Un chef de tribu africain, paternaliste, autoritaire, colérique parfois." Pourquoi dire ce qui était tu? Sans doute pour se délester du fardeau d'une "histoire d'amour clean", qui commence comme un conte de fées postmoderne et se termine dans l'amertume.

L'histoire d'une "gamine" de 23 ans, couturière chez Ted Lapidus, bientôt investie d'une mission à haut risque: veiller sur la garde-robe de Bongo, fana de sape de luxe et "coureur" impénitent. L'usage veut alors que les tailleurs en vue fassent livrer leurs trois-pièces par des costumières peu farouches.

"Mais, voilà, nuance Katherine: notre relation a pris une autre tournure." Qui savait? "La garde rapprochée et, à l'évidence, les services français." Sans doute les enfants du président - Pascaline, Albertine ou Ali, longtemps prénommé Alain - que la "conseillère vestimentaire" habille aussi, devinent-ils la liaison. Comme Joséphine, la première dame officielle.

"Je gênais"

La cour de Sa Majesté Omar s'apparente à un Versailles tropical au temps du Roi-Soleil. Katherine, dont les séjours au Gabon n'excèdent pas une semaine, réside à l'hôtel, puis dans une villa de la présidence. Profil bas, certes ; planquée, non. Bongo l'envoie à tel congrès du parti unique, tout à sa dévotion ; et elle apparaît dans son sillage lors d'une réception à l'ambassade à Paris ou d'un dîner de notables francs-maçons.

Bientôt, pourtant, l'aventure vire à l'aigre. "Je gênais, avance Katherine. Notamment ceux qui, gabonais ou français, lorgnaient sur leur part de la manne." Vient le temps des mises en garde "amicales", puis des menaces voilées. "J'ai eu peur d'un mauvais coup. Et j'ai décidé de m'éloigner. Au fond, on a essayé de l'atteindre à travers moi." Katherine n'a jamais revu l'homme de Libreville. Sauf une fois, par hasard, dans le hall d'un palace parisien.

Depuis... il y a eu un mariage, trois enfants, l'épopée des chèques-cadeaux, dont l'ancienne habilleuse fut l'une des pionnières, un divorce, des procès. Avec, à la clef, ces audiences au cours desquelles on lui jetait au visage son passé de "maîtresse de Bongo". "Cette histoire, soupire-t-elle, a pesé si lourd sur ma vie..." Si lourd que la petite-fille de Lazareff l'a couchée sur le papier. Dans la première mouture du récit, qu'elle publiera à l'automne, l'amant d'hier n'était pas nommé. Il le sera. – L’Express