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Kadhafi a survécu au bombardement de sa résidence

Apr 25, 2011

Les bombardements aériens de l'OTAN ont visé tôt lundi matin Bab el-Aziziya, le coeur du régime Kadhafi à Tripoli, faisant trois morts, selon le gouvernement, et détruisant un bâtiment de plusieurs étages abritant une bibliothèque et un bureau.

La frappe de lundi intervenait après un week-end particulièrement sanglant à Misrata, troisième ville du pays avec 300.000 habitants, assiégée par les forces pro-Kadhafi, qui a fait au moins 32 morts et des dizaines de blessés. Selon des témoins sur place, le pilonnage de la seule ville de Tripolitaine (ouest) encore aux mains des insurgés s'est poursuivi lundi matin, détruisant deux écoles. Les derniers bombardements ont touché un quartier résidentiel, faisant dix morts dont cinq membres d'une même famille, selon un médecin de Misrata qui a requis l'anonymat.

On ignorait où se trouvait Moammar Kadhafi au moment de l'attaque sur l'immense base militaire de Bab el-Aziziya, où le dirigeant libyen et son clan disposent d'une résidence officielle. Lors d'une conférence de presse, le porte-parole du gouvernement, Moussa Ibrahim a affirmé que trois personnes avaient été tuées et 45 autres blessées, dont 15 grièvement. Il a également assuré que Moammar Kadhafi n'avait pas été blessé. "Il va bien. Il est en bonne santé. Il a le moral", a-t-il déclaré, qualifiant la frappe de l'OTAN d'"acte de terrorisme".

A Bruxelles, un porte-parole de l'OTAN a expliqué que l'Alliance visait désormais de plus en plus des installations liées au régime, les troupes pro-Kadhafi ne progressant plus sur le terrain. "Nous sommes passés à ces installations de commandement et de contrôle, qui sont utilisées pour coordonner ces attaques menées par les forces du régime", a-t-il dit.

De son côté, Saif al-Islam Kadhafi, l'un des fils du Guide, a affirmé que ce dernier avait "des millions de Libyens avec lui" et promis l'échec aux forces occidentales. "Dans l'histoire, aucun pays n'a conquis la victoire avec des espions, des traîtres et des collaborateurs (...) l'OTAN, c'est vous les perdants", a-t-il lancé, cité par l'agence officielle JANA.

Le gouvernement libyen a dit avoir contacté la Russie, la Chine, la Turquie, l'Italie et d'autres pays suite à ce bombardement ciblé particulièrement symbolique. Ces capitales se sont entendues dire que "le message envoyé par l'OTAN tôt ce matin a été envoyé à la mauvaise adresse", a persiflé le porte-parole Moussa Ibrahim.

Le mois dernier déjà, un missile de croisière avait détruit un bâtiment administratif de trois étages à Bab al-Aziziya, dans ce complexe qui fut bombardé par les Etats-Unis en avril 1986, en représailles à l'attentat contre une discothèque fréquentée par les forces américaines à Berlin.

A Washington, lors des émissions télévisées du dimanche, le républicain Lindsey Graham, membre de la Commission des forces armées du Sénat, a jugé qu'il fallait faire plus encore pour chasser Kadhafi du pouvoir: il "doit se réveiller chaque matin en se demandant 'est-ce qu'aujourd'hui sera mon dernier jour?'".

Dans la nuit de dimanche à lundi, au moins deux bombes ont frappé Bab al-Aziziya, détruisant un bâtiment utilisé, selon les gardiens du site, comme bibliothèque et bureau par Kadhafi. Des dizaines de ses fidèles ont ensuite escaladé les décombres, hissant le drapeau vert du régime et scandant des slogans à sa gloire.

Quant au second bâtiment atteint, celui servant aux réceptions de dignitaires étrangers, il a été endommagé. Il y a deux semaines, le maître de Tripoli y avait accueilli la délégation de l'Union africaine dirigée par le président sud-africain Jacob Zuma, venue appeler au cessez-le-feu et à l'ouverture du dialogue.

Dans le même temps, la bataille de Misrata, qui a fait des centaines de morts ces deux derniers mois, est devenue le centre de la guerre en cours, la situation sur les autres fronts étant gelée. Les images de civils tués ou blessés par les armes lourdes des pro-Kadhafi à Misrata ont provoqué des appels au renforcement des actions internationales, pour mettre un terme au bain de sang.

Ces derniers jours, les insurgés ont enregistré des succès dans le centre. Après avoir réussi à faire descendre les snipers de Kadhafi des toits des immeubles, ils ont pris le contrôle du principal hôpital de Misrata, dernière position tenue par les forces gouvernementales dans le centre, selon un habitant ayant voulu garder l'anonymat. Mais les tirs se poursuivaient sur la ville, depuis ses banlieues, au lance-roquettes, a-t-il ajouté.

Selon un insurgé, les 300 à 400 hommes qui tiennent l'hôpital et les environs cherchent désormais à se fondre dans la population. Quant à Ali Misbah, soldat gouvernemental blessé à la jambe de 25 ans, prisonnier sous une tente sur le parking de l'hôpital Al-Hikmeh, il expliquait que le moral était bas parmi les forces de Kadhafi. "Il y a peu, ceux qui étaient devant nous se sont enfuis et nous ont laissés seuls", a-t-il dit. Il a également expliqué que le gouvernement avait "menti" aux soldats en affirmant qu'ils combattaient Al-Qaïda, et pas des Libyens ordinaires ayant pris les armes contre Kadhafi. - AP