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L'OTAN accusée d'avoir laissé mourir des migrants africains

May 10, 2011

L'OTAN a catégoriquement démenti lundi avoir refusé de secourir fin mars des migrants africains dont le bateau était à la dérive entre la Libye et l'île italienne de Lampedusa, provoquant la mort « de faim et de soif » de 61 personnes.

« L'OTAN a pris connaissance d'un article de presse indiquant qu'un porte-avions de l'OTAN a laissé périr en mer 61 migrants, le 29 ou le 30 mars, entre Tripoli et Lampedusa », a déclaré une porte-parole de l'organisation, en faisant allusion à une enquête publiée dimanche par le quotidien britannique The Guardian affirmant que l'OTAN avait délibérément ignoré ce naufrage.

« Un seul porte-avions était sous commandement de l'OTAN à cette date, le navire italien Garibaldi, et il se trouvait à plus de 100 milles nautiques au large », a ajouté Carmen Romero.

« Par conséquent, toute déclaration affirmant qu'un porte-avions de l'OTAN a repéré puis ignoré le navire en détresse est fausse », a-t-elle affirmé.

La porte-parole a rappelé que les bâtiments de l'OTAN avaient déjà sauvé « des centaines de vies en mer » et souligné notamment que, dans la nuit du 26 au 27 mars, des navires de l'OTAN avaient secouru au total plus de 500 personnes dont les bateaux étaient en difficulté au large de la Libye, au cours de deux opérations distinctes.

Le droit maritime international oblige les navires, y compris les bateaux militaires à répondre aux alertes d'autres embarcations et à offrir leur aide quand cela est possible.

Selon le Guardian, le bateau transportait 72 passagers, dont des femmes et de jeunes enfants, et aurait quitté Tripoli pour l'île italienne de Lampedusa le 25 mars. Tombée en panne, l'embarcation a dérivé avant d'échouer sur les côtes libyennes, près de Misrata, le 10 avril.

En difficulté, les migrants auraient d'abord contacté par téléphone satellitaire une association de défense des droits des réfugiés à Rome, qui aurait à son tour alerté les gardes-côtes italiens. Un hélicoptère militaire aurait survolé l'embarcation qui se trouvait alors à environ 60 milles au large de Tripoli.

« Les pilotes, qui portaient des uniformes militaires, ont lâché des bouteilles d'eau et des paquets de biscuits, ils ont fait signe aux passagers de maintenir leur position avant qu'un bateau de sauvetage ne les rejoigne. L'hélicoptère est parti et aucune aide n'est arrivée », écrit le Guardian, qui a reconstitué le récit du naufrage à l'aide de témoignages de survivants.

Aucun pays n'a admis avoir établi un contact avec le bateau d'immigrants indique le journal.
Après plusieurs jours à la dérive, « le 29 ou le 30 mars, le bateau a approché un porte-avions de l'OTAN de si près qu'il aurait été impossible que ce dernier ne remarque pas l'embarcation ». Selon les survivants, deux avions ont décollé du navire et ont survolé leur bateau à basse altitude tandis que les immigrants se tenaient debout, brandissant deux bébés affamés. Incapable de se rapprocher du porte-avions, le bateau a dérivé. « À court de vivres, de carburant et sans moyens de contacter le continent, ils sont morts de faim et de soif les uns après les autres », décrit le Guardian. Sur les 72 passagers, onze seulement ont survécu, précise le quotidien. - AFP