La victime présumée a formellement désigné dimanche après-midi le patron du FMI comme son agresseur parmi un groupes d'hommes lors d'une séance d'identification au commissariat. Il s'agit d'une «femme noire de 32 ans», selon la police.
Selon le New York Times, elle est d'origine africaine et a une fille d'une dizaine d'années.
Le directeur général du Fonds monétaire international Dominique Strauss-Kahn est entré lundi matin à 10h50 dans la salle d'audience du tribunal pénal de New York où il doit se voir signifier les chefs d'inculpation d'agression sexuelle, tentative de viol et séquestration de personne retenus contre lui.
Le directeur général du Fonds monétaire international a quitté le commissariat, un bâtiment en briques rouges situé dans le quartier de Harlem, vers 23 h dimanche soir (3 h GMT lundi), les mains menottées dans le dos et encadré par deux policiers en civil sous les flashes des photographes et les objectifs des caméras.
M. Strauss-Kahn, vêtu d'un pardessus sombre, est monté à l'arrière d'une voiture de police banalisée pour une destination inconnue.
Les images de cet homme de 62 ans serré entre deux policiers, visiblement fatigué, le visage crispé, illustrent la tourmente dans lequel est plongé le patron du FMI depuis son interpellation samedi après-midi à bord d'un avion d'Air France.
La victime présumée a formellement désigné dimanche après-midi le patron du FMI comme son agresseur parmi un groupes d'hommes lors d'une séance d'identification au commissariat. Il s'agit d'une «femme noire de 32 ans», selon la police.
Un porte-parole de la police a indiqué que la victime était entrée dans la suite 2806, croyant qu'elle était vide pendant que DSK prenait une douche: «Il s'est approché d'elle par-derrière et l'a touché de manière inconvenante. Il l'a forcée à accomplir un acte sexuel».
L'affaire a ébranlé la classe politique française à un an de la présidentielle, où DSK faisait figure de favori. Elle a également plongé dans l'incertitude le FMI au moment où l'institution doit piloter la réponse à la crise de la dette dans plusieurs pays européens.
M. Strauss-Kahn «a été inculpé d'acte sexuel criminel, de tentative de viol et de séquestration», suite aux accusations d'une femme de chambre de 32 ans, employée dans un hôtel Sofitel de New York, a indiqué la police.
Selon le New York Times, elle est d'origine africaine et a une fille d'une dizaine d'années.
M. Strauss-Kahn «a l'intention de se défendre vigoureusement contre les accusations et il dément toute mauvaise conduite», a déclaré un de ses avocats, Benjamin Brafman, en s'adressant dimanche soir aux journalistes devant le tribunal du sud de Manhattan, où DSK, comme il est connu en France, doit être présenté à un juge.
«Ce sera au juge» de décider ensuite si M. Strauss-Kahn peut être libéré sous caution, et à quelles conditions, a expliqué un porte-parole de la police de New York, John Grimpel, précisant que le patron du FMI ne pouvait se prévaloir d'aucune immunité diplomatique dans cette affaire.
Cette comparution, prévue dimanche, a été reportée à lundi afin de permettre aux enquêteurs d'effectuer de nouveaux tests, a indiqué un autre avocat de DSK, William Taylor.
L'avocat a précisé que «(son) client avait, de son plein gré, accepté de nouvelles analyses». M. Strauss-Kahn «est fatigué, mais il va bien», a ajouté Me Taylor.
La police de New York a de son côté obtenu un nouveau mandat pour examiner les vêtements du patron du FMI, à la recherche de nouvelles traces d'ADN, sur «des cheveux, du sperme», et souhaite vérifier si M. Strauss-Kahn présente des traces de griffures.
Face à la situation périlleuse dans laquelle se trouve son directeur, le FMI a annoncé dimanche soir avoir repoussé à lundi la réunion informelle de son Conseil d'administration consacrée à l'affaire. La situation «n'est pas simple», a confié une source proche de l'institution.
Les faits dont est accusé M. Strauss-Kahn se seraient produits samedi en milieu de journée à l'hôtel Sofitel situé près de Times Square.
M. Strauss-Kahn a ensuite fourni lui-même les renseignements qui ont permis à la police de l'interpeller à l'aéroport Kennedy de New York en appelant son hôtel pour qu'on lui fasse porter un téléphone portable qu'il avait oublié, selon la police.
L'arrestation de DSK provoquait lundi de premières conséquences sur le plan économique: les Bourses perdaient du terrain, les investisseurs craignant que la situation ne complique les efforts pour régler la crise de la dette en zone euro.
Le patron du FMI ne participera pas lundi à Bruxelles à une réunion importante sur la Grèce des ministres des Finances de la zone euro.
«Pendant quelques jours au moins, le marché va craindre une paralysie de la direction au FMI», a déclaré à Dow Jones Newswires Gareth Berry, analyste sur les devises chez UBS.
La Commission européenne a cherché à rassurer, affirmant que l'affaire n'aurait «pas d'impact» sur les programmes d'aide aux pays de la zone euro, notamment la Grèce.
En France, l'incroyable arrestation de l'ancien ministre de l'Économie, favori dans les sondages pour la présidentielle de 2012, même s'il ne s'était pas officiellement déclaré, a fait l'effet d'une bombe.
L'affaire constitue un coup dur pour la gauche, qui a insisté néanmoins sur le nécessaire respect de la présomption d'innocence, tout comme le gouvernement qui a appelé à «la prudence».
Le parti socialiste (PS) français a en tout cas annoncé lundi qu'il maintenait le calendrier des primaires visant à désigner son candidat pour 2012 et devait réunir mardi sa direction.
M. Strauss-Kahn a été nommé en septembre 2007 à la tête du FMI pour un mandat de cinq ans pour réformer en profondeur cette institution.
En 2008, le FMI avait commandé une enquête sur son directeur à la suite de la révélation d'une relation extra-conjugale avec une ex-responsable du département Afrique, Mme Piroska Nagy. Le FMI avait alors reproché à M. Strauss-Kahn une «grave erreur de jugement».
Selon le quotidien français Libération, DSK avait évoqué fin avril devant ses journalistes son rapport aux femmes comme l'un des points faibles d'une candidature à la présidentielle. «Oui, j'aime les femmes... et alors ?», avait-il lancé selon le journal.
Lundi, l'avocat d'une journaliste française, Tristane Banon, qui a affirmé avoir été agressée sexuellement en 2002 par Dominique Strauss-Kahn, a de son côté indiqué qu'elle «envisageait de porter plainte». Avec AFP