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Washington appelle Kadhafi à s'exiler

May 23, 2011

Washington a appelé lundi le colonel Kadhafi à prendre le chemin de l'exil à l'occasion de la visite à Benghazi d'un haut responsable américain, offrant un nouveau succès diplomatique aux rebelles du CNT, désormais élevé au rang d'interlocuteur "clé" de l'Union européenne.

Les Etats-Unis ont profité de la venue surprise dans la "capitale" de la rébellion du sous-secrétaire d'Etat chargé des affaires du Proche-Orient, Jeffrey Feltman, pour exhorter Mouammar Kadhafi à quitter son pays.

Washington "reste engagé à protéger la population libyenne et estime que Kadhafi doit quitter le pouvoir et la Libye", écrit le département d'Etat dans le texte annonçant la visite de M. Feltman, plus haut dignitaire américain à se rendre à Benghazi depuis le début du soulèvement il y a plus de trois mois.

L'émissaire américain est arrivé dimanche soir, dans la foulée de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, et doit repartir mardi.

Sa visite constitue "un signal de plus du soutien américain au CNT (le Conseil national de transition), un interlocuteur crédible et légitime", note le communiqué du département d'Etat.

Depuis son arrivée, l'émissaire américain a "eu une série de rencontres avec des membres du CNT, dont son président" Moustapha Abdeljalil, a précisé à l'AFP un porte-parole de l'administration de Barack Obama en poste à Benghazi.

Les Etats-Unis ont été en pointe -avec la France et la Grande-Bretagne- de la coalition intervenue en Libye le 19 mars sur mandat de l'ONU pour mettre fin à la répression sanglante d'un mouvement de révolte.

Du côté de l'Union européenne, les ministres des Affaires étrangères des 27 ont étendu à un membre de l'entourage du colonel Kadhafi, ainsi qu'à une compagnie aérienne libyenne, les mesures -gels des avoirs et interdictions de visa- déjà prises contre des membres du régime.

"L'UE a décidé d'intensifier ses efforts afin de bloquer l'accès du régime de Kadhafi à des ressources et à des fonds (...) en particulier pour empêcher le régime de renflouer son arsenal militaire et de recruter des mercenaires", indique une déclaration adoptée lundi à Bruxelles.

Surtout, l'UE a élevé le CNT au rang d'"interlocuteur politique clé représentant les aspirations du peuple libyen", ce qui rapproche Bruxelles d'une reconnaissance en bonne et due forme.

Le Parlement européen plaide depuis longtemps en faveur d'une reconnaissance du CNT comme unique interlocuteur en Libye, comme l'ont fait la France, le Qatar, l'Italie et la Gambie.

Dimanche, Catherine Ashton avait promis aux rebelles que les 27 les soutiendraient aussi longtemps que souhaité après avoir inauguré une représentation diplomatique européenne.

Alors que le front militaire n'a guère évolué depuis plusieurs jours, ces succès traduisent l'offensive diplomatique lancée par le CNT. Un de ses émissaires, Abdel Rahman Shalgam, devait s'entretenir lundi avec le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov.

Avant même cette rencontre, M. Lavrov a appelé à une trêve des combats, se disant "convaincu que l'arrêt des hostilités, une trêve, un dialogue et un accord sont inévitables".

"Nous essayons d'apporter notre assistance pour que le sang cesse de couler", a ajouté celui dont le gouvernement s'était abstenu lors du vote de la résolution 1973 du Conseil de sécurité de l'ONU ayant autorisé l'intervention d'une coalition internationale en Libye contre le régime du colonel Kadhafi.

Sur le terrain, l'Otan a indiqué avoir effectué 50 frappes dimanche, visant notamment deux centres de commandement, près de Tripoli et de Brega, et un dépôt de munition à Syrte.

Les rebelles se sont quant à eux targués lundi d'avoir progressé de 20 km plus à l'ouest d'Ajdabiya, n'étant désormais plus qu'à 40 km de Brega.

"Nous prévoyons d'aller à Brega dans quelques jours", a déclaré à l'AFP un porte-parole militaire de la rébellion, Ahmed Omar Bani.

Dans les montagnes du djebel Nefoussa, près de la frontière tunisienne, "la situation est terrible", a-t-il dit. "Il n'y a ni eau, ni nourriture. Nous ne pouvons pas les aider et cela dure depuis 47 jours", a-t-il raconté.

Et alors que les lignes bougent peu, la France a dépêché la semaine dernière un navire de guerre français de type Mistral combinant notamment les fonctions de porte-hélicoptères, de transport de troupes et de mise en oeuvre de moyens d?assaut amphibie et de commandement, a indiqué la Défense.

Selon le quotidien français Le Figaro, qui a révélé cette information, le bâtiment a embarqué 12 hélicoptères de l'Aviation légère de l'Armée de Terre (Alat) destinés à participer aux combats.

"Tous les moyens français, du fait de la crise actuelle, peuvent être engagés à un moment ou à un autre dans la crise libyenne", a dit à l'AFP le porte-parole de l'état-major des armées, le colonel Thierry Burkhard, tout en refusant de confirmer la présence des appareils.

"Il y a une évolution de la situation qui ouvre des créneaux, mais pour l'instant il n'y a aucun hélicoptère qui a été engagé en Libye", a-t-il ajouté.

Jusqu'à présent seuls des avions -avec ou sans pilotes- ont mené les attaques de la coalition, mais ne parviennent plus à viser nombre de chars ou de troupes car trop proches de populations civiles. – AFP