L'Union africaine a demandé jeudi la fin des bombardements de l'Otan sur la Libye, indispensable à ses yeux pour ouvrir la voix à une solution politique qu'elle a de nouveau défendue lors d'un mini-sommet extraordinaire à Addis Abeba.
Cet appel figure dans une déclaration adoptée à l'issue de ce sommet et d'autres réunions de haut niveau de l'UA, consacrées depuis mercredi au conflit libyen, a expliqué le commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Ramtane Lamamra.
"En ce qui concerne les frappes aériennes de l'Otan, vous verrez (dans la déclaration finale) un appel par les chefs d'Etat et de gouvernement à ce que ces frappes cessent", a indiqué M. Lamamra devant la presse.
"Ceci fait partie des exigences pour que des solutions politiques deviennent possibles", a poursuivi le commissaire de l'UA.
L'UA a lancé cet appel alors que s'est ouvert jeudi un G8 à Deauville (France) où la Libye sera également au coeur des préoccupations des principaux dirigeants de la planète.
Le président de la commission de l'UA, Jean Ping, doit rejoindre le sommet du G8 vendredi matin, afin de faire entendre la voix du continent africain dans le contexte actuel d'intensification des raids aériens de l'Otan depuis le début de la semaine.
De son côté, le chef de la délégation du Conseil national de transition (CNT), au nom des rebelles libyens, a également plaidé pour une "solution pacifique à la crise en Libye" tout en défendant les frappes de l'Otan.
"Sans l'Otan, nous aurions été témoins de massacres en Libye similaires à ceux qui se déroulèrent au Rwanda (en 1994). L'Otan a essentiellement ciblé des positions militaires pour protéger les civils (...) qui sont toujours attaqués par le régime dans de nombreuses villes libyennes", a déclaré à la presse Abdalla Alzubedi.
L'UA s'est engagée dans une délicate médiation pour faire accepter par les protagonistes libyens une "feuille de route" prévoyant un cessez-le-feu dans les meilleurs délais, un acheminement de l'aide humanitaire et l'instauration d'une période de transition et de dialogue conduisant à des élections démocratiques.
Le régime de Mouammar Kadhafi a très rapidement accepté les propositions de l'UA, mais le Conseil National de la Transition (CNT), au nom des rebelles, a posé comme préalable un départ du colonel Kadhafi et de ses fils.
"La feuille de route a reçu le soutien entier du sommet (...) Cette feuille de route est claire quand elle parle de la nécessité pour les Libyens de se rassembler pendant une période de transition, de travailler à des réformes politiques, y compris la rédaction d'une Constitution (...)", a souligné M. Lamamra.
"La feuille de route montre clairement que nous anticipons la naissance d'une Libye qui répondra pleinement aux aspirations de toutes les parties libyennes, et ce, avec la contribution de toutes ces parties", a ajouté M. Lamamra.
Selon plusieurs sources diplomatiques ayant assisté au sommet, la réunion des chefs d'Etat, qui s'est achevée tard dans la nuit de mercredi à jeudi, a été émaillée de vifs échanges: plusieurs délégations ont en effet demandé, pour la première fois, le départ du colonel Kadhafi comme condition à la résolution de la crise.
M. Lamamra a confirmé ces échanges et expliqué qu'un consensus s'était dégagé pour finalement ne pas inclure cette demande, minoritaire, dans la feuille de route de l'UA.
Mercredi, le président sud-africain Jacob Zuma avait fait annoncer depuis Pretoria qu'il se rendrait lundi en Libye pour discuter avec le colonel Mouammar Kadhafi, "en tant que membre du Panel de haut niveau" de l'UA.
M. Lamamra, qui n'a pas confirmé la date, a assuré que le président sud-africain se rendait au nom du panel en Libye et dans le cadre de la feuille de route défendue par l'UA. – avec AFP