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Le fils de Kadhafi veut des élections

Jun 16, 2011

Un émissaire russe rencontrait jeudi à Tripoli des responsables du régime libyen en vue de tenter une médiation dans le conflit, alors qu'un fils du dirigeant contesté Mouammar Kadhafi s'est dit prêt à accepter des élections sous supervision internationale.

Entretemps, le secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen et le Premier ministre britannique David Cameron sont convenus à Londres de la nécessité de "faire monter" la pression sur le colonel Kadhafi qui refuse de céder le pouvoir après 42 ans de régime autocratique.
Mais les présidents russe Dmitri Medvedev et chinois Hu Jintao ont de nouveau souligné, dans un communiqué commun à Moscou, leur hostilité à toute ingérence étrangère dans les crises dans les pays arabes et appelé à la fin de la guerre en Libye.

Cette déclaration a coïncidé avec l'arrivée de l'émissaire spécial du Kremlin pour l'Afrique, Mikhaïl Marguelov, à Tripoli, bastion du régime, où il s'est entretenu avec le chef du gouvernement Baghdadi Mahmoudi.

Selon son porte-parole, M. Marguelov doit également rencontrer le chef de la diplomatie Abdelati al-Obeïdi lors de sa visite d'un jour mais aucun entretien n'est prévu avec M. Kadhafi, dont Moscou réclame désormais ouvertement le départ.

L'émissaire, cité par les agences russes, a répété que "Kadhafi n'a pas de place dans l'avenir de la Libye. Si le colonel annonce qu'il part et est prêt à un processus politique, les actions (militaires) peuvent s'arrêter très rapidement".

"L'elite politique en Libye est très fragmentée, et il est temps aujourd'hui de construire des ponts", a-t-il ajouté, après s'être rendu le 7 avril à Benghazi, fief des rebelles dans l'Est.

L'émissaire russe entend présenter après sa mission à Tripoli une "feuille de route" pour une sortie de crise en Libye, où une révolte lancée contre le régime le 15 février s'est transformée en conflit armé qui a coûté la vie à des milliers de personnes et entraîné la fuite de près d'un million, selon l'ONU.

La Russie, traditionnellement opposée à toute ingérence et proche alliée de la Libye, a changé de cap en réclamant fin mai ouvertement le départ de M. Kadhafi et en se posant en médiateur alors que la guerre est menacée d'enlisement.

Le régime libyen avait alors rétorqué qu'il rejetait toute médiation en dehors de celle de l'Union africaine, qui ne prévoit pas un départ de M. Kadhafi.

Mais Seif al-Islam Kadhafi, qui avait été présenté comme un successeur possible à son père, a dans une interview au quotidien italien Corriere della Sera, affirmé que le régime était prêt à accepter des élections "dans les trois mois, au maximum d'ici la fin de l'année".

"La garantie de leur transparence pourrait être la présence d'observateurs internationaux", a-t-il ajouté. "Nous ne nous formalisons pas sur lesquels (observateurs). Nous acceptons l'Union européenne, l'Union africaine, l'ONU, même l'OTAN, l'important étant que le scrutin soit propre, qu'il n'y ait pas de soupçons d'embrouilles".

Seif al-Islam ajoute qu'"un mécanisme devra être mis en place" pour garantir l'intégrité des chefs de l'opposition pour le scrutin.

La rébellion a entretemps remporté de nouveaux succès militaires dans l'Ouest en prenant le contrôle de trois localités sur la route de Tripoli, selon un correspondant de l'AFP. Une source hospitalière a fait état de cinq rebelles tués et de plus de 30 blessés mercredi par des "snipers" dans ces localités.

Selon la rébellion, les pro-Kadhafi se dirigeraient à partir du désert (dans le sud-est) vers la localité d'al-Lawanya conquise la veille.

Maintenant la pression sur le régime, l'Otan a poursuivi ses frappes sur Tripoli, de même que dans la région de Zenten (ouest) visant des cibles militaires des pro-Kadhafi.

L'hôtel Wenzrik, apparemment vide du centre de la capitale a été détruit dans un bombardement à l'aube, selon un journaliste de l'AFP sur place. L'émissaire russe y a été emmené brièvement par les autorités.

L'Otan a en outre démenti les affirmations du régime selon lesquelles 12 personnes ont péri mercredi dans un raid de ses forces à Kikla au sud de Tripoli, affirmant n'avoir mené aucune frappe dans cette localité.

L'Otan a pris le 31 mars les rênes de l'intervention internationale, sous mandat de l'ONU, pour protéger la population civile. Mais, plusieurs responsables politiques occidentaux ont reconnu que l'objectif était désormais de pousser à la porte M. Kadhafi. – avec AFP