Plusieurs bâtiments publics, notamment ceux de la société nationale d'électricité du Sénégal, ont été incendiés lundi soir à Dakar et ses banlieues par des habitants excédés par les coupures d'électricité de plus en plus longues et fréquentes.
Dans le quartier de la Patte d'Oie, le bâtiment de la société nationale d'électricité (Sénélec) était en feu en fin de soirée, de même que quatre véhicules de l'entreprise garés dans la cour, a constaté ce journaliste.
Dans le quartier des Parcelles Assainies, les locaux de la Sénélec étaient également en feu et les rues étaient jonchées de pierres et de débris, signe du passage de manifestants en colère qui n'étaient plus présents sur place, pas plus que les forces de l'ordre, selon la même source.
La mairie de ce quartier a aussi été saccagée et brûlée.
Dans la banlieue de Pikine-Guiédawaye, c'est le siège des services fiscaux qui a été totalement saccagé et incendié, a-t-il constaté. Les pompiers tentaient de maîtriser l'incendie.
Un policier présent sur les lieux a affirmé que les manifestants ont tout emporté avec eux, y compris le coffre-fort. Selon lui, c'est tout la ville de Dakar qui s'est embrasée, avec des bâtiments de la Sénélec également incendiés dans les quartiers de Yembeul et de Daroukhane.
Un peu partout dans la ville, des pneus incendiés étaient visibles.
Plus tôt dans la journée de lundi, des manifestations de colère populaire contre la Sénelec s'étaient également produites à Mbour, ville du littoral située à environ 80 km au sud de Dakar.
Des forces de l'ordre étaient intervenues pour les disperser à coups de grenades lacrymogènes. Les protestataires s'étaient ensuite disséminés dans les quartiers, bloquant des voies, brûlant des pneus, et saccageant les locaux de la Sénelec.
Tout est cassé à la Sénélec, ordinateurs et véhicules, a raconté un témoin en ajoutant que les 27 quartiers de Mbour ont chacun leur foyer de tension. Il a parlé d'émeutes des délestages.
Le Sénégal est en proie à des coupures régulières d'électricité depuis des mois, qui se sont aggravées ces dernières semaines, durant parfois deux jours d'affilée dans certaines zones. Ces délestages, qui touchent la plupart des villes, ont un impact négatif sur l'activité économique, en particulier pour les petits commerces, très nombreux au Sénégal.
Ces manifestations de colère sont intervenues quatre jours après une journée d'émeutes jeudi à Dakar, provoquée par un projet de loi du président Abdoulaye Wade visant à permettre, dès février 2012, l'élection simultanée d'un président et d'un vice-président avec un minimum de 25% des voix au premier tour.
La police avait indiqué avoir recensé au total 102 blessés, dont 13 policiers, lors des manifestations qui s'étaient déroulé alors que ce projet controversé était discuté à l'Assemblée nationale.
Le président Wade, 85 ans, au pouvoir depuis 11 ans, avait finalement décidé de renoncer à faire voter le texte en raison de ces manifestations à Dakar et d'autres villes du pays.
Mais l'opposition et la société civile exigent désormais qu'il ne soit pas candidat à sa propre succession comme il en a exprimé l'intention. – avec AFP