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La France prête à augmenter son aide en cas d'élection avant fin 2009 en Guinée

Aug 04, 2009

La France est prête à augmenter son aide financière à la Guinée si ce pays, dirigé par une junte militaire depuis décembre, organise une élection présidentielle avant la fin de l'année.

Lors d'une visite de quelques heures lundi à Conakry, le secrétaire d'Etat français à la Coopération, Alain Joyandet, a exhorté les représentants des "forces vives" du pays (représentants des partis, des syndicats et de la société civile...) et le président auto-proclamé, le capitaine Moussa Dadis Camara, à mettre le pays sur le chemin de la démocratie avec des élections.

"Soyez unis, cela favorisera l'élection", a-t-il dit aux premiers; "respectez vos engagements d'un scrutin avant fin 2009 et sans vous présenter", a-t-il demandé au second.

Le processus électoral a pris du retard dans l'ancienne colonie française et il est de plus en plus question à Conakry de laisser de côté les élections législatives initialement prévues en octobre pour n'organiser qu'un scrutin présidentiel qui pourrait se tenir le 27 décembre, dans moins de cinq mois.

Le pays est dans l'attente d'une annonce à la mi-août en ce sens du chef de la junte.

Quelque 3,5 millions d'électeurs ont été recensés sur 6 millions et plusieurs composantes des "forces vives" aimeraient encore inclure près d'un million de Guinéens vivant à l'étranger, selon elles. "A un moment donné, il faut dire +on fait+ sinon on ne fait jamais", a observé Alain Joyandet, en soulignant l'importance d'avoir une "élection honnête même si elle est imparfaite techniquement".

"Demandez des observateurs internationaux", a-t-il aussi suggéré. "Plus les élections tardent et plus la paix civile risque d'être menacée".

La France a déjà promis 2,2 millions d'euros à la Guinée pour l'organisation des élections. "On peut ajouter 800.000 euros pour arriver à 3 millions d'euros", a précisé le secrétaire d'Etat français.

En incluant la participation française qui transite par l'Union européenne, l'aide française pour ce processus atteindrait ainsi 6,7 millions d'euros (9,5 millions de dollars).

Le coût total d'une élection législative et présidentielle est estimé à 30 millions de dollars en Guinée.

Selon des sources diplomatiques, la junte est demandeuse d'un fort engagement français. Elle a pris le pouvoir sans effusion de sang en décembre après la mort, des suites de maladies, du général-président Lansana Conté qui avait dirigé le pays d'une main de fer pendant 24 ans.

Retranché dans une caserne au camp militaire Alpha Yaya Diallo, dans la banlieue de Conakry, le capitaine Camara a de nouveau assuré, lors d'une audience publique lundi, qu'il "ne resterait pas au pouvoir éternellement".

"Je ne suis pas un homme assoiffé de pouvoir", a-t-il répété, dans une petite salle emplie de militaires armés et où trônaient plusieurs portraits géants à son effigie.

Assurant que sa prise du pouvoir n'était pas "un coup d'Etat" mais répondait à "une vacance de pouvoir", l'officier quadragénaire a longuement fait valoir les liens historiques qui unissent son pays à la France, lors d'une allocution marquée par des changements de tons parfois virulents.

Il a ainsi étrillé l'ambassadeur français Jean-Michel Berit, accusé de "manipulations" et dont Alain Joyandet a pris la défense: "le métier d'ambassadeur est très difficile" et "la France n'a qu'une seule politique étrangère", a assuré le secrétaire d'Etat français.

Pays de neuf millions d'habitants, la Guinée reste un Etat d'Afrique de l'Ouest extrêmement pauvre en dépit d'un sous-sol très riche en minerais. - AFP