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Kabila et Tshisekedi en tête du scrutin présidentiel en RD Congo

Dec 03, 2011

Le président sortant Joseph Kabila et l'opposant Etienne Tshisekedi devancent nettement les neuf autres candidats à la présidentielle du 28 novembre en RD Congo, selon les résultats partiels annoncés vendredi par la Commission électorale (CÉNI) et portant sur 15% des quelque 64 000 bureaux de vote.

Selon les chiffres donnés par le président de la CÉNI, le pasteur Daniel Ngoy Mulunda, Kabila est notamment en tête dans les provinces du Katanga, Bandundu, Maniema, Province Orientale, et au Sud Kivu, des régions traditionnellement favorables.

Tshisekedi mène au Bas Congo et dans les Kasaï occidental et oriental, a-t-il poursuivi en donnant uniquement le nombre de voix des candidats dans chacune des 11 provinces.

Le président du Sénat et opposant Léon Kengo, est en tête dans l'Équateur, et l'ancien chef rebelle, Antipas Mbusa Nyamwisi, déjà candidat en 2006, l'est au Nord-Kivu, d'où il est originaire.

Seuls les résultats de 9746 des 63 835 bureaux sont connus, a précisé le pasteur Mulunda, et le taux des bureaux de vote dépouillés varie en fonction des provinces (de 0,02% à Kinshasa à 44,71% pour le Bas-Congo)

Ces résultats partiels ne prennent pas en compte Kinshasa, une ville plutôt favorable à Tshisekedi avec 3,3 millions d'électeurs et où moins de 1% des bureaux ont été compilés.

Selon un décompte établi par l'AFP en additionnant les voix des provinces données par la CÉNI, Joseph Kabila obtient jusque-là près de 52% des voix, Etienne Tshisekedi près de 34%, Vital Kamerhe près de 4,5%, Léon Kengo près de 3%. MM. Mobutu et Mbusa recueillent environ 2%.

La Céni a justifié cette anticipation de 4 jours des premiers résultats sur son calendrier originel par des «rumeurs sur l'internet, propagées par des personnes non autorisées».

«On ne pouvait pas garder le silence», a déclaré à l'AFP le rapporteur de la CÉNI Matthieu Mpita.

Initialement la CÉNI ne devait donner que le 6 décembre les résultats provisoires de ce scrutin à tour unique, mais elle est confrontée depuis lundi à des critiques incessantes sur les opérations de collecte et de dépouillement, alimentant de dangereuses rumeurs de fraude en faveur du président sortant.

L'Union européenne a insisté vendredi sur la nécessité de mener «dans la transparence» dépouillement et publication.

Le président de la CÉNI avait rappelé jeudi que seule la Commission est «habilitée» à donner des résultats.

La Cour suprême doit annoncer les résultats définitifs le 17 décembre et le nouveau président prêtera serment le 20.

La décision de la CÉNI d'accélérer son calendrier témoigne d'une inquiétude grandissante, accentuée vendredi par un rapport de l'ONG Human Rights Watch (HRW) selon lequel au moins 18 civils ont été tués et une centaine grièvement blessés principalement par les forces de sécurité entre le 26 et le 28 novembre, jour du vote.

Le porte-parole du gouvernement, Lambert Mende, a indiqué à l'AFP qu'il devait «prendre connaissance du rapport» avant de le commenter.

Selon HRW, la plupart des victimes, dont 14 à Kinshasa, ont été tuées «par des soldats de la Garde Républicaine», l'ex-garde présidentielle.

«Les forces de sécurité devraient protéger les populations et non attiser la violence», a déclaré Anneke van Woudenberg, chef analyste Afrique à Human Rights Watch.

Selon l'ONG, le plus grave incident s'est déroulé au dernier jour de la campagne électorale, lorsque des partisans de Tshisekedi rassemblés à l'aéroport international Ndjili de Kinshasa, voulaient accompagner leur leader pour son dernier grand meeting au centre-ville.

La police a tenté de séparer ces militants et ceux de Kabila, qui attendaient aussi leur candidat. Mais ensuite, selon HRW, la Garde républicaine est arrivée pour venir chercher M. Kabila, «certains soldats ont tiré en l'air, d'autres directement sur la foule des opposants».

Selon HRW, «au moins 12 partisans de l'opposition et des passants» ont été tués et 41 autres ont été blessés par balles».

HRW précise toutefois que, selon des témoins, des partisans du candidat de l'UDPS (Union pour la démocratie et le progrès social) ont «provoqué» la Garde républicaine en jetant des pierres. - AfricaLog avec AFP