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L'an un de son investiture: Alpha Condé fait son bilan

Dec 20, 2011

«Je connaissais les difficultés de la tâche, mais ce que j’ai trouvé est pire que ce que j’avais imaginé,» a dit aux Guinéens et au monde, le Président Alpha Condé à l’occasion de l’an un de son investiture.

Le Président guinéen, Alpha condé, s’est adressé à ses compatriotes dans un discours de plus d’une demie heure, ce 20 décembre, à l’occasion du premier anniversaire de son investiture du 21 décembre 2010. Il était 17h 30 GMT à Conakry. Il a fait un bilan positif de sa première année de gestion du pouvoir qui, selon lui a jeté «les bases d’une vraie démocratie en Guinée». Et il a promis de continuer à «demander des efforts pour que les récoltes à venir soient à la hauteur des graines germées». Mais il sait aussi qu’il doit «écouter et avancer», même s’il doit être «à la fois un homme pressé et un leader qui unifie son peuple»…

AfricaLog.com vous livre l'intégralité du discours du président Alpha Condé à l'occasion du 1er anniversaire de son investiture.

Mesdames, Messieurs,
Chers compatriotes, chers invités,
Hôtes étrangers, qui vivent parmi nous !

C’est un réel bonheur pour moi de vous recevoir cet après-midi pour partager ensemble ces quelques heures qui nous séparent du 1er anniversaire de l’investiture que le peuple de Guinée a bien voulu me confier. Aujourd’hui, je veux exposer franchement et clairement où nous, en tant que pays, avons été, où nous sommes à présent, et où nous allons dans le futur.

La Guinée a connu 50 années difficiles. Dans ces moments d’épreuves, avec les jeunes et les femmes, nous nous sommes battus pour transformer notre présent en un futur de liberté et de prospérité.

Depuis une année donc, à travers des élections libres et transparentes, les guinéennes et guinéens ont institué un régime du peuple par le peuple et pour le peuple auquel ils aspiraient fortement, et pour lequel ils ont consenti de lourds sacrifices. Nous tenons ici à rappeler au peuple que ce pouvoir est le sien, cette victoire de la démocratie est la sienne. C’est le juste résultat de son combat.
L’année qui finit bientôt n’a pas été facile. Nous revenons de loin. Notre passé a été sombre et divisé. Notre avenir doit être comme une seule nation, un seul pays, partagé par tous pour le bénéfice de tous. Étape par étape vers une vie meilleure : telle est notre ambition. L’année 2011 a été meilleure que 2010. L’année 2012 doit être meilleure que 2011.

Pendant cette première année, il nous a fallu poser les fondations d’un véritable Etat de droit, d’une administration plus performante et du retour de notre pays sur la scène internationale. Tout au long de cette année, nous avons du faire des choix difficiles et prendre des initiatives audacieuses. Le commencement du développement des infrastructures et de l’énergie, le nouveau code minier, la reforme de l’armée, et les nombreuses réformes structurelles entreprises étaient des préalables nécessaires au changement souhaité par les guinéennes et les guinéens.

Sans vous, qui avez su faire preuve de compréhension, de patience, d’abnégation et de patriotisme, rien de tout cela n’aurait été possible. Et nous n’aurions pas été en mesure de relever les nombreux défis auxquels nous sommes confrontés. Je vous ai promis le changement. Avec votre soutien, je créerai les conditions d’une vie décente pour tous, sans discrimination aucune. Et, surtout je donnerai l’espoir que nos fils et filles vivront mieux que nous dans une Guinée réconciliée avec elle-même, avec son histoire, une Guinée prospère et solidaire.

L’année 2011 a donc été une année d’efforts, de travail incessant et de mutations. A l’image de la préparation d’un champ, nous avons réussi durant les 12 mois derniers, à défricher, labourer et semer les graines qui annoncent d’abondantes moissons.

En cette fin d’année, les premières pousses sortent de terre. Déjà, notre situation financière et macroéconomique s’est notablement améliorée. En effet, le 23 novembre dernier, la Banque Mondiale et le FMI nous ont félicités pour le respect de nos engagements, et des mesures que nous avons prises pour le redressement de notre économie. Le labeur et les difficultés n’ont pas été vains. Des résultats qui augurent d’un lendemain meilleur ont été atteints:

- le déficit budgétaire qui était de 13 pour cent a été ramené à 2 pour cent,
- à notre arrivée, les réserves en devises, de la Banque Centrale, couvraient à peine 8 jours d’importation, aujourd’hui elles peuvent couvrir 5 à 6 mois d’importation,
- L’inflation a été stabilisée et le taux de croissance passe de 1.5 pour cent à environ 5 pour cent, dans les quatre prochaines années
- Les mesures d’incitation (mise à disposition des engrais et d’outillage agricole dont les tracteurs ainsi que l’encadrement technique des paysans) ont permis une augmentation de 8 pour cent de production en cours.

Nous avons réintégré toutes les institutions financières internationales et nous espérons atteindre bientôt le point d’achèvement de l’initiative pour les Pays Pauvres Très Endettes (PPTE). Ce programme du FMI nous permettra de concrètement voir réduite notre dette de deux-tiers en effet. Cette dette de 3 milliards 100 millions de dollars sera réduite de 2 milliards 400 millions de dollars courant 2012.

Les transformations en cours et l’assainissement de l’environnement des affaires ont renouvelé la confiance de nos partenaires étrangers. Ils viennent de plus en plus nombreux en Guinée, motivés par les mesures prises contre la corruption et notre nouvelle politique de partenariat gagnant-gagnant. Nos partenaires étrangers sont rassurés par nos initiatives de renforcement de la transparence dans l’octroi des marchés publics et ils ont apprécié la mise en place du Guichet Unique ainsi que la création de l’Agence pour la Promotion des Investissements (API).

Grâce à nos réformes, les formalités liées à la création d’une entreprise en Guinée prennent aujourd’hui moins de 10 jours, alors qu’il en fallait deux mois par le passé.

Dans le secteur minier, un des piliers de notre économie, nous avons entamé une réforme de fond visant, d’une part, à accélérer le développement de nos mines, longtemps restées dormantes, et d’autre part à assurer des revenus plus importants pour l’ Etat, pour les entreprises et pour les populations. Il s’agit de mieux défendre des intérêts de la Guinée en créant des conditions attractives pour les investisseurs. Il était important de revoir l’ensemble des contrats miniers.

J’ai commencé le travail d’assainissement par un diagnostic du secteur minier en associant tous les acteurs nationaux. Je me suis ensuite informé au niveau international pour identifier les meilleures pratiques qui existaient à travers le monde. Nous sommes ainsi arrivés à un nouveau Code minier, qui constitue un compromis positif entre, d’un côté les intérêts légitimes du peuple de Guinée, véritable propriétaire des ressources et de l’autre côté nos partenaires que sont les sociétés minières. Nous pouvons être fiers d’avoir eu l’ambition, le courage et la détermination d’établir un code innovant, à la pointe des nouvelles normes d’équité, de développement durable et de transparence, qui déjà fait figure de référence pour d’autres pays miniers.

Grace à ce nouveau code, la Guinée va enfin être en mesure de mettre à profit les immenses ressources naturelles dont nous disposons. Les dizaines de milliards de dollars, qui vont être investis en 10 ans vont propulser l’économie guinéenne à une toute autre échelle. Les retombées directes et indirectes de ces investissements miniers vont générer des milliers d’emplois, stimuler un important transfert de technologie et permettre une importante amélioration des conditions de vie des populations.

L’adoption du Code minier constitue la première étape d’un processus, qui comprend en second lieu la mise en place, étape par étape, d’un cadre précis de révision des contrats existants. Ce document appelé « due process », en anglais, vient d’être finalisé par nos équipes techniques. Il permet de clarifier pour nos partenaires étrangers la méthodologie à travers laquelle chaque contrat sera analysé en conformité avec le nouveau code minier et dans le souci de protéger les investissements de nos partenaires tout en respectant et en garantissant les droits et les responsabilités de part et d’autre.

Plus que les mines, le développement des infrastructures et de l’énergie apportera des changements visibles dans la vie des Guinéennes et Guinéens et assurera une évolution durable de notre économie. Ces énormes projets de construction de routes, de chemins de fer, d’usines de transformations qui accompagnent naturellement des activités minières vont engendre des milliers d’emploi qualifies et bien rémunérés. Nous pouvons d’ores et déjà citer :

- La construction du chemin de fer « trans-guinéen », qui permettra de relier Conakry à Bamako par le train en augmentant considérablement la quantité des échanges tout en réduisant leurs couts.

- L’agrandissement et la modernisation des ports de Conakry et de Kamsar vont nous doter de ports modernes d’une capacité nous permettant de devenir le leader sous régional et les partenaires privilégiés de nos voisins.

- La construction des Ports de Matakan et de Benty va assurer l’exportation de nos minerais pars les bateaux de 300,000 tonnes, et nous permettre aussi d’être très compétitifs face à la concurrence d’autres pays miniers.

Je sais combien le problème de l’électricité n’épargne personne en Guinée. Pas plus tard qu’il y a deux semaines une coupure est survenue au Palais du peuple alors même que je m’adressais à la jeunesse. Les jeunes, réunis a l’occasion du salon de l’emploi, n’ont pas manqué de me rappeler qu’ils comptent personnellement sur moi, et qu’ils ne souhaitent par exemple plus devoir préparer les examens à la lumière des lampadaires autour de l’aéroport parce que leur famille n’as pas d’électricité à la maison.

Cette situation dure depuis trop longtemps et n’est plus acceptable. Bientôt les améliorations seront visibles. Vous avez été nombreux à suivre l’arrivée des groupes thermiques. 125 mégawatts supplémentaires suivent et vont permettre d’améliorer la desserte en électricité des foyers de la Ville de Conakry d’ici en 2012.Cela signifie que les populations de Conakry auront de l'électricité à plus de 16 heures par jour.

Pour vraiment remédier au problème, il nous faut faire un travail de fond, acquérir de nouvelles capacités tout en améliorant les réseaux de distribution. Je sais que cela prend du temps, mais c’est le temps de bien faire. Plus de solutions bâclées, qui ne durent que le temps d’une campagne électorale ! Dans ce domaine comme dans d’autres, l’aléatoire et le bricolage peuvent être pire que le manque. Nous méritons de vraies alternatives économiques et écologiques, telles que des énergies propres.

La solution définitive du problème d’électricité dans notre pays se trouve dans la construction de barrages hydroélectriques. Les travaux de Kaléta ont déjà démarré par la construction de la route d’accès. Nous avons nous même financé le lancement des études et des travaux qui seront réalisés par une des plus grandes entreprises spécialisées de la Chine. Je peux aujourd’hui vous annoncer qu’après des décennies de faux départs et d’annulations, le barrage de Foumi va enfin être réalisé et que le financement a été obtenu grâce au dynamisme et à la mobilisation des jeunes issus de la diaspora guinéenne en Europe et en Amérique du Nord.

Le Premier Ministre se rend dans la semaine en Haute Guinée pour inaugurer la mise en place de système d’éclairage solaire dans les rues de Kankan et va officiellement annoncer aux autorités locales le démarrage des travaux de Foumi pour janvier 2012. Les études des mini-barrages de Zégbéla, Mongo et Foutah sont elles aussi en cours. Pour Souapiti et Amariya, situés sur le fleuve Konkouré comme Kaléta, la recherche de financement est engagée.

Tous ces grands travaux doivent s’accompagner d’une nouvelle culture de travail, axée sur des résultats. J’ai demandé aux Ministres concernés de s’assurer que les entreprises qui exécutent les travaux maintiennent leurs équipes 24h/24 en roulement 3 à 8. Par exemple l’Echangeur du pont 8 novembre et la route Kissosso/Dabompa doivent se réaliser dans les meilleurs délais sans en sacrifier la qualité.

Notre ambition de jeter les bases d’une vraie démocratie suppose aussi la reforme du secteur de défense et de sécurité, que j’ai résolument entamée dès mon investiture. Je dois saluer nos forces armées, qui ont partagé cette vision républicaine et accepté toutes les mesures de cette grande réorganisation. Aujourd’hui, l’armée est dans les casernes, mobilisée et motivée pour la professionnalisation et la modernisation de ses forces.

Mon projet est de renouer avec la tradition d’une armée guinéenne, qui faisait la fierté de l’Afrique. Je souhaite d’une part lui donner les moyens d’être une armée véritablement républicaine capable d’assumer sa fonction traditionnelle de défense de l’intégrité du territoire. Et d’autre part, je souhaite la voir aller plus loin en s’impliquant aussi dans le développement économique et social du pays. Déjà, l’armée est fortement impliquée, à travers le Bataillon du Génie Militaire, dans la réalisation des routes et la construction de diverses infrastructures telle que la route d’accès au site du barrage hydroélectrique de Kaléta.

Le recensement biométrique en cours va favoriser le suivi de la formation à la retraite de chaque soldat et de chaque officier. Désormais, chaque avancement en grade doit correspondre au préalable une exigence de formation.

Le départ à la retraite de 4.200 éléments se fera avec un plan d’accompagnement pour chaque homme. La fin de service dans l’armée comme dans la fonction publique en générale doit bientôt être perçue comme une nouvelle opportunité et non comme un désespoir.

Dans quelques jours, nous serons en 2012. 2012 sera pour la Guinée, l’année de la floraison et l’année de la transformation. C’est au cours de cette année 2012 que nous sentirons tous, de façon tangible, une amélioration progressive de notre mode de vie. C’est en effet en 2012 que nous moissonnerons les récoltes semées en 2011.

Toutes ces réalisations que je viens d’énumérer, et j’en ai laissé beaucoup, ne constituent que les premières et fragiles germinations. Elles sont fragiles. Elles ont besoin de notre attention. Nous devons les entretenir, les arroser et les multiplier pour avoir un bon champ et une belle récolte.

Je connaissais les difficultés de la tâche, mais ce que j’ai trouvé est pire que ce que j’avais imaginé. Notre pays, la société, l’économie et l’Etat étaient en agonie. Notre pays était blessé et malade. Donc je continuerai à demander des efforts pour que les récoltes à venir soient à la hauteur des graines germées.

Pour autant nous ne devons pas relâcher nos efforts. De nouveaux chantiers nous attendent et trois priorités se dégagent:

- Renforcer l’unité nationale,
-Changer et améliorer la vie quotidienne des populations,
- Transformer l’économie et attirer les investissements internationaux.

Pour renforcer l’unité nationale, je veillerai personnellement à la poursuite du dialogue politique multipartite que j’ai initié en recevant les leaders politiques le 15 novembre dernier. Le dialogue politique tourne autour de la préparation et de l’organisation des élections législatives 2012. Comme je l’ai dit aux leaders des partis politiques, ma position m’oblige à rester au dessus de la mêlée, mais conformément à leur demande explicite, je veille à la bonne marche du dialogue et j’encourage les parties prenantes à l’écoute et au compromis indispensables pour trouver un accord.

Je souhaite, avec l’ensemble des Guinéennes et Guinéens, que les élections législatives se tiennent le plus rapidement possible en 2012. Et comme je l’ai déjà dit, sur la base d’un chronogramme consensuel prenant en compte le point de vue de toutes les parties impliquées.

Le renforcement de l’unité nationale passe par la réussite du processus de réconciliation nationale. Ce processus est difficile, mais indispensable pour la cohésion de notre nation et pour la construction de sa mémoire historique. La Commission provisoire chargée la réconciliation nationale, qui a été mise en place, co-présidée par l’Archevêque et l’Imam de la Grande Mosquée de Conakry, a tenu une rencontre le 15 décembre dernier.

Les deux vénérables religieux ont installé des groupes de dialogue dans toutes les préfectures et ont débuté leur collaboration avec des experts nationaux et internationaux pour guider et accompagner nos efforts. Leurs premières observations nous donnent l’espoir que nous sommes sur un bon chemin et la réconciliation dans notre pays est non seulement possible mais en route.

Je crois profondément que le changement tant attendu, pour être concret, doit se manifester et s’ancrer dans la vie quotidienne des guinéennes et des guinéens. Par delà l’amélioration de la desserte en eau et en électricité, en plus de la construction de routes et de ponts ; d’autres secteurs clés doivent être d’avantages pris en compte durant l’année à venir : inclus l’agriculture et la mise en avant les femmes et les jeunes.

Mon but fondamental pour la Guinée est la souveraineté alimentaire. Nous devons, encore une fois, apprendre à produire ce que nous consommons et à consommer ce que nous produisons. Le développement agricole est notre meilleur outil de lutte contre la pauvreté. Nous sommes un pays majoritairement agricole. 70 pour cent d’entre nous vivent du travail de la terre. Nous disposons de 6 millions d’hectares de terres cultivables, dont nous n’utilisons que 10 pour cent, tandis que nous importons le riz et les autres denrées, qui constituent l’essentiel de notre alimentation. Accroitre notre potentiel agricole nous permettra d’atteindre un triple objectif :

-Assurer la sécurité alimentaire de chaque famille
- Rééquilibrer notre balance commerciale en exportant plus que nous importons
- Devenir un des greniers du monde dans un contexte international ou la nourriture devient un enjeu crucial.

Dans un pays où 70 pour cent de la population a moins de 30 ans, les jeunes sont les premiers artisans du développement. D’autre part les femmes, qui traditionnellement sont le pilier de leur foyer, ont prouvé leur capacité d’entreprendre et d’assurer la redistribution de leurs revenus pour le bien-être de la communauté. C’est pourquoi j’avais mis en place le Fonds de solidarité des femmes et le Fonds de solidarité des jeunes. Pour pérenniser ces différents fonds, une Agence nationale pour la micro finance a été créée.

Cette Agence va collaborer avec les institutions de microcrédits, et très bientôt, les premiers fonds seront débloqués pour encourager l’entreprenariat féminin et favoriser l’emploi jeune. Dans ce domaine, les efforts seront renforcés et amplifiés dans les mois à venir.

Pour les jeunes, le service civique et d’action pour le développement (SCAD) sera bientôt fonctionnel. C’est un engagement volontaire du jeune pour améliorer sa formation et exercer ses compétences. J’ai donné des instructions pour que le 1er Conseil d’Administration de ce service se tienne incessamment et examine le plan d’action pour le lancement effectif des activités. Les premiers jeunes volontaires non scolarisés, déscolarisés et diplômés sans emploi seront alors recrutés.

Mesdames, Messieurs, chers invités,

La lutte pour le changement a été le combat de tous : syndicats, partis politiques, société civile, jeunes et femmes. Toutes les couches sociales de notre pays se sont donnée la main pour que la période d’exception aboutisse à l’établissement d’une démocratie véritable. Je garde dans mon esprit et dans mon cœur l’apport particulier de chacun.

Je profite de cette occasion pour féliciter et remercier les mouvements syndicaux pour le soutien qu’ils n’ont cessé d’apporter à mon action. La commission tripartite mise en place pour étudier ensemble et proposer des mesures concrètes pour la définition du salaire minimum de la retraite et de l’assurance maladie est le meilleur exemple de la collaboration indispensable entre toutes les forces vives de notre nation.

Aux dirigeants et militants des partis politiques, je renouvelle mon engagement solennel à protéger les libertés dans le respect de la loi. Je leur demande de poursuivre leur mission d’éducation civique des militants et des populations, car il est important que le rôle de creuset des partis politiques pour la construction de la nation soit affirmé et promu.

Comme j’ai dit, étape par étape vers une vie meilleure : telle est notre ambition. A chaque étape, nous cherchons à faire deux choses simultanément : unifier notre nation, mais aussi la changer. En tant que Président, je suis chargé à la fois de la responsabilité de cette unité et de l’urgence de ce changement.

Je dois écouter et avancer. Je dois être à la fois « un homme pressé » et « un leader qui unifie son peuple ». Ce double rôle requiert des qualités différentes. Le Premier –d’unifier- a besoin d’un président pour rassembler, faire des compromis, aborder avec humilité la tâche d’associer différents intérêts ensemble, des mouvements et des personnes.

Je m’engage à faire cela. Je ferai de mon mieux pour combler les différences, accueillir les opinions contradictoires et de guérir les traumatismes de la division.

La seconde – qui consiste à changer la réalité quotidienne de la vie des gens pour le meilleur- le Président doit être résolu, déterminé et franc dans la poursuite de l’amélioration des services de base dont notre population a désespérément besoin.

Unité est un impératif politique profond. Mais l’amélioration de l’électricité, des routes, des infrastructures, des services de base et des emplois sont aussi très importants et représentent une urgence fondamentale pour les Guinéens qui ont vécu dans la pauvreté et les privations pendant trop longtemps.

La Guinée, représente peut-être mieux que toute autre nation, le paradoxe de l’Afrique: Des pays riches aux populations pauvres. Riche en ressources et potentiels ; pauvre dans les conditions de vie et de la réalité quotidienne. Cela doit être changé et mon engagement pour le changement est absolu et déterminé.

Nous devons comprendre aussi que ces deux rôles sont, au niveau le plus profond, intimement liés : Si nous ne gardons pas notre Nation unie, nous n’aurons jamais l’espace politique de la changer. Mais si nous ne changeons pas quotidiennement la vie de notre peuple pour le meilleur, nous n’aurons jamais la réalisation physique nécessaire pour soutenir la politique. Les deux vont donc finalement ensemble. Ils se soutiennent mutuellement. Et moi, en tant que Président, je vais faire les deux, ensemble avec la même détermination et la même résolution.

J’ai lutté longtemps pour le changement, la liberté et la prospérité de notre pays. Je sais que l’une des conditions pour promouvoir la liberté et la prospérité est de rassembler tous les Guinéens, toutes les Guinéennes. Le temps que nous perdons dans les conflits politiques et sociaux peut être mieux utilisé pour bâtir l’avenir de nos enfants.

La richesse dont la Providence et la Nature ont doté notre pays nous permet d’être ambitieux, de nous projeter dans l’avenir en nous donnant les moyens d’être une nation émergente dans les années à venir.

Cependant, ni la Nature ni la providence ne peuvent développer la Guinée à notre place. Il nous faut retrousser nos manches et protéger nos premières pousses afin de les entretenir jusqu’à la récolte. J’ai hâte de voir la Guinée vivre à la hauteur de son potentiel. Cela passe par le travail, par l’unité, par la rigueur et par la solidarité. Je vous remercie !

Propos recueillis et transcrits pas AfricaLog.com