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Abdou Diouf à Conakry: Rencontres et réactions

Jan 06, 2012

Le secrétaire général de l’Organisation internationale de la Francophonie, M. Abdou Diouf, en séjour à Conakry depuis 72 heures a reçu en tête-à-tête plusieurs acteurs politiques guinéens ainsi que les membres du Gouvernement le 5 janvier. Il aura eu une journée chargée. Tôt le matin, M. Diouf a reçu successivement, le Premier ministre guinéen, Mohamed Saïd Fofana, Hadja Rabiatou Sérah Diallo, présidente du CNT (Conseil national de la transition), qui joue le rôle de Parlement et les ambassadeurs de pays membres de l’Union européenne ainsi que l’ambassadrice des Etats-Unis d’Amérique en Guinée, Patricia Moller.

Dans l’après-midi, l’hôte du Président guinéen, Alpha Condé a reçu les deux co-présidents de la Commission provisoire de réconciliation nationale, Mgr Vincent Coulibaly et El Hadj Mamadou Saliou Camara.

Après ces deux religieux, Abdou Diouf a reçu trois anciens Premiers ministres de feu Lansana Conté et leaders de l’opposition radicale. Ils sont, les uns, du Collectif des partis pour la finalisation de la transition (CPFT) et les autres, de l’Alliance pour le Développement et le Progrès (ADP). Leur entretien aura duré près de deux heures.

Au sortir de la rencontre, des porte-parole aux niveaux institutionnel et diplomatique se sont exprimés:

- Mohamed Saïd Fofana, Premier ministre: «Nous avons vu dans quelle mesure, la Francophonie qui était déjà impliquée dans le processus de démocratisation de notre pays, pourrait continuer à nous appuyer sur plusieurs plans. Finalement, c’est ce qui a été l’essentiel de nos entretiens et nous en sortons très réconfortés de savoir que la Francophonie va continuer à appuyer les efforts guinéens, à aider les guinéens à conduire le processus de dialogue politique, dialogue social, les reformes dans tous les domaines pour que nous puissions réellement sortir notre pays de ce trou dans lequel il était depuis une cinquantaine d’années.»

- Rabiatou Sérah Diallo, Présidente du CNT : «C’est toujours sur le dialogue qu’on a entamé. Comment nous comptons amorcer cela. Comment nous comptons partir aux législatives parce que, comme vous devriez le savoir, aller aujourd’hui aux législatives va débloquer beaucoup de choses de bonheur pour le peuple de Guinée. Donc, en tant qu’africain, en tant qu’ancien Président du Sénégal aussi, qui a une grande expérience d’un grand pays, il a pensé qu’il faut venir, qu’il s’agit aussi de son pays. Il est venu pour nous rencontrer pour cela afin de voir ensemble " quels sont les problèmes ? quels sont les blocus que nous avons ?" voir à quel niveau il peut s’impliquer pour qu’il apporte son grain de sel pour aller de l’avant.»

- Jean Graebling, Ambassadeur de France en Guinée: «On a discuté de la situation politique actuelle en Guinée, du dialogue politique, de la responsabilité des partis politiques à s’engager dans ce dialogue et du rôle que la Francophonie peut jouer dans le développement politique de ce pays qu’elle a déjà joué dans le passé et qu’elle est prête à jouer à nouveau dans le futur».

Seront par la suite reçus, les deux co-présidents de la Commission de réflexion sur les conditions de mise en œuvre et de réalisation de la réconciliation nationale, Mgr Vincent Coulibaly, Archevêque de Conakry et El hadj Mamadou Saliou Camara, Imam râtib de la Grande mosquée Fayçal.

- Mgr Vincent Coulibaly: «Nous avons expliqué que nous sommes partis de la foi. Le Président [Diouf, ndlr] nous a fait appel en tant que Chefs religieux. Et nous partons donc de notre foi pour travailler dans ce domaine de la réconciliation. Ensuite, nous partons de la culture africaine. Nous sommes africains. Nos ancêtres, dans le passé, ils ont eu des conflits mais ils trouvaient des moyens pour s’asseoir sous l’arbre à palabres et discuter, trouver un consensus. Nous sommes partis aussi du fait que notre pays a beaucoup d’analphabètes. Si bien que des concepts parfois venus d’Europe comme "Société civile", "Forces vives" ; parfois nos populations ne comprennent pas ces concepts. Alors comment aider nos populations à entrer aussi dans l’esprit de la réconciliation en utilisant le langage que la population peut comprendre ?»

-El Hadj Mamadou Saliou Camara: «Nous l’avons écouté. Ce qui est bon aujourd’hui c’est la réconciliation entre nous. Tout le monde : Gouvernement, opposition, population. Rien ne peut marcher sans la réconciliation. Il nous a dit qu’il veut nous aider à aller vers la paix, la quiétude sociale ».

- Cellou Dalein Diallo, Président de l’UFDG (CPFT): «Nous avons indiqué à Monsieur le Secrétaire général de l’OIF qu’il serait souhaitable qu’il y ait deux parties : le pouvoir d’un côté, l’opposition de l’autre ; maintenant, sous l’arbitrage des Médiateurs que nous avons tous, acceptés. Nous pensons que cela est absolument indispensable pour le succès du dialogue, parce qu’il faut dire qu’il y a des malentendus, des divergences entre un groupe et un autre. Et je pense que les autres partis politiques, dont on ne nie pas le droit de participer au dialogue, peuvent se retrouver soit dans le premier groupe, soit dans le second.»

- Sidya Touré, Président de l’UFR (CPFT) : «Quand on dit dialogue, il faut être deux. Ceux qui sont de la mouvance présidentielle et ceux qui, au niveau de l’opposition, ont une autre perception du problème. Il s’agit de discuter entre ces deux, sous l’œil de la médiation, afin que l’on puisse arriver à une conclusion acceptable».

- Lansana Kouyaté, leader du PEDN (ADP) : « Moi, je souhaite que nous allions, l’esprit apaisé. L’objectif final étant d’avoir des élections crédibles. Et c’est ce que nous avons demandé au Président Diouf, en sollicitant vraiment, très sincèrement, son implication parce que la Francophonie a l’avantage d’être acceptée par tous les acteurs y compris par le Chef de l’Etat qui a un grand égard pour lui. Je crois qu’il nous a promis de s’impliquer pour d’abord, que le cadre soit clair ; deuxièmement, que nous allions à des élections crédibles, transparentes dont les résultats seraient acceptés par tous».

Pour boucler cette série de rencontres de travail, le Secrétaire général de la Francophonie a reçu le leader de l’UPG, Jean Marie Doré, qui se réclame d’un nouveau centre, le "Club des Républicains" (CDR), qui serait en gestation. L’homme a un avis contraire à ce qu’avancent ses pairs des deux autres camps, le Collectif CPFT et l’Alliance ADP qu’il a quittée pour divergence dans la perception du vocable "Centriste". Une structure qu’il avait accusée d’avoir dévié sa vocation originelle pour devenir un appendice du Collectif CPFT. Au sortir de l’entretien avec le patron de l’OIF:

- Jean Marie Doré, leader de l’UPG (CDR): «Après l’analyse de mon parti, ce sont des divisions artificielles et puis, inutiles ; parce qu’elles ne prennent pas en compte l’intérêt de la Guinée. La Guinée a besoin que ses institutions soient établies, qu’elles fonctionnent, qu’elles soient en équilibre. Alors, les petites considérations mesquines ne peuvent pas peser devant cet enjeu-là. La Guinée d’abord, c’est une entité géographique quadripartite. S’il y a aujourd’hui 150 partis politiques en Guinée, c’est qu’il y a 150 courants au moins. On ne peut pas prendre un couteau, diviser l’opinion en deux ! Entre le "oui" et le "non", il y a "peut être". Entre une porte fermée et une porte ouverte, il y a porte entrebâillée. Donc forcément, le centre. Mais, un centre organique, un lieu d’action, de réflexion. On pourra peut-être trouver une solution. Et je crois que le Président Abdou Diouf, avant de partir, fera des suggestions aux uns et autres pour que la Guinée aille de l’avant.»

Une journée marathon pour le Secrétaire général de l’OIF, Abdou Diouf qui entend, par ce séjour, aider à la décrispation de l’atmosphère socio-politique à travers la relance du processus devant mener au dialogue inclusif et à la réconciliation nationale avec, au bout du compte, l’organisation des élections législatives dont les résultats seront acceptées par les différents partis.

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