Fin du dialogue inclusif, des divergences | Alog News | www.africalog.com
home

Fin du dialogue inclusif, des divergences

Feb 21, 2012

Le 20 février, le dialogue politique a entamé sa fin, dans la salle des Actes du Palais du peuple, a vécu AfricaLog.com. Les discussions autour de tous les points qui divisent le pouvoir et l’opposition pour aller aux élections législatives n’ont pas obtenu de consensus. Notamment les questions qui portent sur la restructuration, la recomposition de la Commission électorale nationale indépendante, CENI, l’organe chargé des élections en Guinée.

En dépit de ce consensus autour des questions dites essentielles, Mgr Albert Gomez, le président du Comité de facilitation du dialogue politique indique que le rapport du dialogue sera prêt le mercredi 22 février et sera destiné au Président Alpha Condé.

«Qu’on soit arrivé à un consensus ou pas, tous les points ont été discutés», a réaffirmé le prélat qui a ajouté que les participants au dialogue ont retenu «tous les points qui n’ont pas fait l’objet de convergence».

Après avoir indiqué que le Comité qu’il préside avait pour mandat de faire des propositions pour «rapprocher les points de vue», Mgr Gomez déclare qu’il ne lui reste plus que de faire le rapport final pour le Président Alpha Condé en vue de faciliter le travail. Parlant du rapport, il s’agit selon lui, d’un «document qui permettra à ceux qui décident avec les points de convergence et les points de divergence, de prendre la bonne décision.»

Quels sont les points de divergence?

La réponse du prélat: «La CENI: la recomposition ou le maintien, il n’y a pas eu de consensus.»

Sa proposition aura été de s’inspirer, dit-il, de l’aéroport avec ses avions et sa tour de contrôle: «Le pilote a beau d’être chevronné, mais il est guidé par la tour de contrôle. Dans cette tour de contrôle, il y aurait eu des représentants de toutes les familles politiques, des partenaires techniques et financiers, l’Union africaine, la CEDEAO, le Système des Nations-Unies, l’OIF etc. pour que cette tour de contrôle puisse assurer la validation de tous les actes que la CENI serait amenée à poser du début de l’opération électorale jusqu’à la fin.»

C’est un organe qui coiffe la CENI?

«Non! Ce n’est pas un organe qui est au-dessus de la CENI mais un organe qui va valider. La Constitution est claire : c’est la CENI qui organise, mais en cas de nécessité, pour préserver la paix, on met en place des organes…»

Mais en vain, pourrait écrire AfricaLog.com. Car, la proposition du prélat n’a pas fait l’objet de consentement de la part de tous les dialogueurs. «Donc, en toute honnêteté, on a simplement constaté que malgré telle et telle approche, il n’y a pas eu de consensus», a regretté Mgr Gomez.

Faya Millimono, de la NGR (Nouvelle génération pour la République), est le porte-parole du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la transition, (opposition), aimerait dire aux Guinéens que le dialogue s’est terminé avec satisfaction?

«Malheureusement, non!». Il dira qu’honnêtement, les dialogueurs se sont retrouvés une nouvelle fois, pour ne pas parvenir à un consensus, quoique les jours supplémentaires étaient donnés pour atteindre l’objectif principal. «On n’a pas encore la CENI consensuelle pour aller à des élections propres», affirme M. Millimono. Ni la révision des listes électorales, ni l’audit du fichier électoral, encore moins la recomposition et la restructuration de la CENI, n’ont fait l’objet d’accord. «On n’a même pas été capable de s’entendre sur la définition de l’audit alors que nous aurions pu ouvrir le dictionnaire pour savoir ce que signifie audit. Mais si cela devient un point de vue, il devient difficile d’avoir un consensus».

Si le Président Alpha Condé avait accepté le 18 juillet 2011, qu’il y ait une révision du fichier électoral en lieu et place d’une reprise du recensement général des citoyens, position partagée par l’opposition, M. Millimono accuse la mouvance d’insister sur la délivrance des cartes d’identité biométrique gratuites, qui appellent à un recensement général de la population.

Selon lui, il n’y a pas eu d’accord. Pas d’accord «non plus sur la cogestion. Aujourd’hui, tout ce qui se passe sur le site central de la CENI avec la manipulation des données, l’opposition n’en est pas au courant. Et il ne reste à l’opposition aucun témoin à l’intérieur du pays dans les démembrements de la CENI.»

Et de hausser le ton: «Une chose est certaine. Le Président de la République a le gouvernement en sa position, cent pour cent RPG-arc-en-ciel, il n’y a aucun problème. Les gouverneurs, les préfets, les sous-préfets, sont à cent pour cent à sa cause, il n’y a aucun problème. Là où le problème a commencé, c’est lorsqu’on a voulu aussi faire cent pour cent des élus locaux. On a dissout les conseils communaux pour avoir cent pour cent, ce qui fut fait. On a fait cent pour cent des chefs de quartier, cent pour cent des chefs de district, tout cela, c’est du côté du pouvoir. La seule chose qui reste à l’opposition c’est quoi? C’est la CENI, dans laquelle la loi prévoit une parité. Si nous ne l’avons pas, c’est à une élection que nous irons ?» s’interroge Faya Millimono, dans un ton révolté.

Il réaffirme qu’Alpha Condé a commencé la restructuration de la CENI en remplaçant les deux représentants de l’administration en son sein. «Il faut qu’on termine cette restructuration pour avoir la parité au moins… » déclare-t-il, avant de préciser que l’opposition ne boycottera tout de même pas les législatives. Pour l’heure, M. Millimono pense qu’il n’y aura pas de consensus sur la CENI.

Alhassane Makanéra Kaké de la mouvance lui, estime que le dialogue a porté fruit. «La participation a été de qualité. Et du côté de l’opposition, et du centre, encore plus de la mouvance. Je vous rassure que le Comité de facilitation a fait un travail énorme. C’est pourquoi, aujourd’hui nous avons réussi à avoir un consensus sur un grand nombre de questions.» Ces questions portent selon lui, sur la neutralité de l’administration dans l’organisation des élections, l’accès équitable de tous les partis politiques aux médias d’Etat, le respect de l’autorité de l’Etat et l’installation d’une commission suivi et évaluation qui va «appuyer» la CENI dans ses activités. «Mais, ajoute M. Makanéra, vous savez très bien que notre objectif, en allant au dialogue, n’était pas d’obtenir un consensus sur toutes les questions, mais qu’à chaque fois qu’il n’y pas de consensus sur une question, nous étions d’accord de se référer à la loi. Ceci a permis d’éclairer la lanterne des participants sur bien de questions.» Il se dit heureux.

Pour lui, la Guinée a gagné, parce que «le dialogue qui finit, permettra l’organisation des élections libres, transparentes acceptées par tous.»

Pourtant l’opposition dit le contraire…

«Je ne suis pas d’accord avec elle. Puisque le principe minimum avait été accepté par l’ensemble des participants. Nous nous sommes toujours référés à la Constitution. Si la loi dit: il faut recomposer, nous n’avons pas de problème, on va le faire. Nous avons la conviction que cette CENI va nous conduire aux élections législatives…».

M. Makanéra rassure que le Président Alpha Condé appliquera les résolutions du dialogue ayant abouti au consensus, et qu’au contraire, il appliquera la loi, par rapport à la recomposition de la CENI.

Alpha Ibrahima Sila Bah, président du PGRP (Parti guinéen pour la renaissance et le progrès) se dit du centre. Il n’a pas d’avis contraire. Pour lui, le dialogue a été un franc succès, puisqu’il aurait permis que des gens qui ne voulaient même pas s’associer à la discussion, soient revenus à de meilleurs sentiments pour y prendre part, durant deux semaines.

S’agissant des «divergences» autour de la CENI, M. Bah estime qu’on ne peut pas «avoir une élection sans problème.» Il aurait souhaité qu’il y ait eu entente sur le minimum pour aller le plus rapidement aux élections. En vain. Parlant toujours de la CENI, le président du PGRP a reconnu que ce sont «les partis politiques qui doivent être représentés au sein de la CENI. Mais, dit-il, cela ne se fera pas tant qu’on ne saura pas le poids de chaque parti politique. Et on ne connaîtra ce poids-là que lorsqu’on ira aux élections législatives…» a-t-il cru savoir.

Selon une source du Comité de facilitation pour le dialogue politique, la journée de ce mardi 21 février sera consacrée à la rédaction du rapport synthèse. Ce rapport sera soumis à l’ensemble des dialogueurs, le mercredi 22 février, pour amendement et approbation avant d’être déposé sur la table du Président Alpha Condé, qui appréciera.

AfricaLog.com