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Meeting de l’opposition au stade de Bonfi à Conakry

Mar 17, 2012

Les membres du Collectif des partis politiques pour la finalisation de la Transition et de l’Alliance pour la démocratie et le Progrès, (ADP), étaient devant la presse le 15 mars pour exprimer leur point de vue sur la situation sociopolitique actuelle de la Guinée. Au cours de leur conférence de presse, les responsables de l’opposition ont dévoilé une partie de leur plan visant à empêcher la Gouvernance d’Alpha Condé à «préparer la fraude massive» lors de l’organisation des prochaines législatives. Le seul absent de la rencontre, a été Cellou Dalein Diallo, président de l’UFDG (Union des forces démocratiques de Guinée) qui serait en mission à Djibouti.

A l’ouverture de la conférence, Aboubacar Sylla, au nom des deux forces politiques de l’opposition, a dépeint la crise politique actuelle peu reluisante de la Guinée, que dirige leur ancien compagnon, Alpha Condé.

L’objet de cet énième point de presse du Collectif et de l’ADP, dira-t-il, est de permettre aux partis politiques de l’opposition que nous sommes d’exposer notre vision de la situation actuelle du pays, de vous exprimer les sentiments qui animent les leaders de ces partis politiques par rapport à la situation d’impasse politique dans laquelle se situe «notre pays au regard de l’évolution de ce dialogue que nous avons souhaité et qui s’est terminé comme vous le savez.»

Leur sortie serait plutôt liée à la gestion «unilatérale du processus électoral» par la CENI et par le pouvoir actuel guinéen. Il rappelle leur appel au dialogue ainsi que leur difficile participation, car tout avait été fait pour les exclure de la table des discussions. Le Collectif et l’ADP avaient exprimé leurs points de vue, développé des arguments et proposé des solutions devant permettre de gérer de façon transparente, le processus électoral. Selon le conférencier, cela avait pour objectif de prouver à l’opinion nationale et internationale que «notre opposition est une opposition de dialogue et de concertation.» Même que les deux blocs politiques réfutent cette appellation d’opposition radicale que certains tentent de leur coller. Car aucune opposition radicale ne se serait investie comme ils l’ont fait pour instaurer un dialogue entre pouvoir et opposition. Le président de l’UFC dit ne pas insister sur le rapport final du dialogue qui n’a permis en réalité que de formaliser les désaccords qui existaient entre les différentes parties du dialogue, surtout entre le pouvoir et l’opposition, au lieu d’aboutir à des solutions consensuelles.

«La bonne foi de l’ADP et du Collectif au sein du dialogue politique était telle que l’opposition avait revu à la baisse ses revendications par rapport à la question de la CENI. Au lieu de sa restructuration, l’ADP et le Collectif étaient favorables à la recomposition» de l’institution chargée des élections et du Référendum en Guinée, au regard de la loi sur la CENI qui veut qu’il y ait la parité entre le pouvoir et l’opposition. Mais rien n’en a été. Pire, selon M. Sylla, c’est la CENI qui continue sa fuite en avant en présentant le 29 février, un chronogramme sans concertation préalable des partis politiques de l’opposition. Ce chronogramme, croit-il savoir, a violé le peu de consensus obtenu pendant le dialogue politique du Palais du peuple. Les dialogueurs étaient, entre autres, d’accord dans l’ensemble, pour une recomposition des démembrements de la CENI dont les membres seraient aujourd’hui à 80% du RPG-Arc-en-ciel, avec un peu plus de 12 % pour l’opposition et le reste pour l’amorphe société civile. Devant cette situation, l’ADP et le Collectif jugent nécessaire de peaufiner des stratégies permettant d’amener Alpha Condé à sortir de son silence assourdissant afin de sortir le pays de l’impasse politique anormale dans laquelle il se trouve. Les deux forces veulent montrer à l’opinion qu’ils ont épuisé toutes les voies, utilisé tous les recours pacifiques légaux et réglementaires pour des élections transparentes. Et ils se voient «obligés de faire immédiatement des démonstrations de force à Conakry et à l’intérieur du pays pour exprimer leur opposition de participer à des élections truquées.»

Pour passer à l’acte, ils promettent d’organiser un géant meeting ce samedi 17 mars, au Stade de Bonfi, à Matam. L’orateur a plaidé pour que les services de sécurité et de maintien d’ordres, reconnu pour avoir la gâchette facile, d’encadrer la manifestation.

L’opposition avait conscience qu’en organisant le scrutin présidentiel avant les élections législatives, le pays allait se retrouver dans une telle crise politique, hasarde un confrère. Sidya Touré, le président de l’Union des forces républicaines, UFR, a sèchement répondu: «Ce n’est pas nécessaire qu’on s’échauffe sur des questions qui n’en valent pas la peine. Ce dont il est question, ce n’est pas la primauté d’une élection par rapport à une autre. Il s’agit du comment achever le processus en cours. Les élections, ce sont des élections. Aujourd’hui, nous voulons savoir comment organiser des élections législatives dans des conditions de transparence, d’équité, si vous voulez de consensus, qui permettent à notre pays de mettre en place un parlement qui soit le reflet des différentes opinions politiques. Le fait qu’il y ait eu ce débat sur cela au sein des Forces vives avant, n’enlèvent rien au fait que les élections doivent se tenir dans des conditions de transparences requises».

Il rappelle que les résultats de l’accord de Ouagadougou avant novembre 2009, étaient favorables à l’organisation des législatives avant la présidentielle. Mais en décembre 2009, la situation du pays après la tentative manquée d’assassinat sur la personne du Chef de la junte du CNDD (Conseil national pour la démocratie et le développement, Moussa Dadis Camara, avait créé une situation hors contrôle de tous les dirigeants politiques guinéenne. Une situation qui a été suivie d’une séries de rencontre entre le médiateur Blaise Compaoré, Président du Burkina aso et les militaires guinéens qui avaient le pouvoir, sans la participation des Forces vives.

Sidya Touré pense que le combat des populations pour qu’il y ait en Guinée des élections propres est en train d’être banalisé par le pouvoir d’Alpha Condé qui, «par des moyens frauduleux, par des menaces, par la violence, veut détourner ce changement pour créer un système de pouvoir autocratique qui n’est plus une démocratie, mais une démocrature».

«Cela est dangereux, le pouvoir veut organiser des élections à la soviétique. Il se dit: Si c’est possible, nous allons aboutir à un parti unique, nous allons avoir une administration qui est composée uniquement de militants non pas des fonctionnaires, nous allons remplacer les élus locaux par des responsables de notre partie…», accuse le Président de l’UFR. Avant de poursuivre en ces termes: «Nous voulons montrer que nous sommes une majorité de Guinéens qui protestons tous ensemble contre le système qu’on est en train de mettre économiquement, politiquement, en place dans notre pays. Il s’agit pour la Police et la Gendarmerie d’encadrer cette manifestation». Et de répéter qu’ils organiseront un meeting de sensibilisation de leurs militants au Stade de Bonfing.

Comment cela va-t-il déborder ? S’interroge-t-il avant de rappeler qu’Alpha Condé, les membres du Collectif et de l’ADP étaient tous ensemble pour faire ces genres de manifestations, il y a peu. Il faut demander à la Police et la Gendarmerie pourquoi ils s‘arrangent quand le RPG manifeste, qu’il n’y ait pas de problèmes alors que quand il était dans l’opposition, les meetings dégénéraient, parce que réprimés. Après le meeting de Bonfing, le Collectif et l’ADP ont promis de dévoiler le chronogramme de la caravane qu’ils veulent organiser à travers le pays.

Lansana Kouyaté, président du Parti de l’espoir pour le développement national, lui a ajouté, qu’ils ont estimé qu’avant le 17 mars, Alpha Condé aura reçu et répondu à leur missive. Leurs manifestation sont des «actions pacifiques», dit-il avant d’enchaîner que Les opposants qu’ils sont, quelque soit leur nom, aspirent comme tous les Guinéens, à une vie meilleure. Mais qu’après avoir constaté le silence du président de la République après le dialogue politique, ils lui ont écrit pour lui demander de réagir, puisqu’ils ne sont pas prêts à aller n’importe comment aux sélections législatives.

«On le fait dans l’intérêt supérieur du peuple, pour éviter que ce qui est de boiteux, de crasseux, ne nous rattrape demain», insiste le Président du PEDN qui affirme qu’il est faux de dire que l’opposition constitue le blocus et ne veut point aller aux élections législatives. Avant de redire que l’ADP et le Collectif ne boycotteront nullement ces législatives, mais ils empêcheront la préparation des fraudes, vaille que vaille. Leur meeting de Bonfi ne sera qu’un premier pas vers des actions qu’ils souhaitent pacifiques, tonne-t-il, avant de dénoncer le mépris du pouvoir Guinéen à respecter les lois, notamment celles relatives à la CENI.

«C’est quand l’Etat respecte la loi que le citoyen respecte la loi», a-t-il conclu. L’opposition et le pouvoir restent à couteaux tirés. Quand la CENI dit que les élections législatives pourront être organisées le 8 juillet prochain, l’opposition pense que techniquement cela est impossible alors que le pouvoir dit qu’il n’est pas tenu d’aller aux élections avec tous les partis politiques de l’opposition.

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