Journée du samedi 17 mars: Faut-il craindre le choc? | Alog News | www.africalog.com
home

Journée du samedi 17 mars: Faut-il craindre le choc?

Mar 17, 2012

«Qui a besoin d’aller jeter un caillou ou de faire quoique ce soit, si personne ne vous a provoqué ? » s’interroge Sidya Touré de l’UFR.

«Des armes à feu auraient été distribuées à certains individus malintentionnés pour en faire usage au cours de ce rassemblement sur la foule», avertit le général Ibrahima Baldé de la gendarmerie

Au regard de la température politique qu’il fait actuellement dans le pays, on est à craindre la non maîtrise des orgueils deux côtés (pouvoir et côté opposition) face à la projection faite par la seconde de tenir «un meeting de sensibilisation de nos militants» et la «perception que l’opposition est aujourd’hui l’obstacle» à la tenue de toute élection.

Les positions ont été données lors de la dernière conférence de presse des leaders de cette mouvance à la Maison de la Presse sous le libellé: «Point sur la situation socio politique» avec au présidium: MM. Sidya TOURE, leader de l’UFR, Lansana KOUYATE, Président du PEDN et Aboubacar SYLLA de l’UFC, pour ne citer que ces trois "ténors".

- Sidya Touré: «c’est l’idée de vouloir transformer cette volonté populaire de changement qui devait nous amener la démocratie, l’idée de vouloir transformer ça en une forme d’autocratie politique, c’est ça qui est dangereux. Et pour arriver à cela on [le pouvoir, ndlr] se dit : "nous allons organiser les élections", sur les combats que nous avons menés. Mais, ce n’est pas parce que le gouvernement le dit qu’il faut l’accepter ! Qui a besoin d’aller jeter un caillou ou de faire quoique ce soit, si personne ne vous a provoqué ? Nous allons montrer que nous sommes une majorité de Guinéens qui protestent tous ensemble contre le système qu’on est en train de mettre économiquement, politiquement en place dans notre pays. Nous avons décidé que dès samedi [17 mars 2012, ndlr], nous allons organiser un meeting à Conakry. Samedi matin, à partir de 10 h 00, nous allons, au stade de Bonfi, organiser un meeting de sensibilisation de nos militants. Quand nous aurons fini le meeting, nous allons vous communiquer le programme de ce que nous comptons faire, au niveau caravane, à l’intérieur du pays. Mais, ça sera dès la semaine qui suivra !»

- Lansana Kouyaté: «le dialogue, nous l’avons voulu, nous l’avons souhaité. Nous l’avons obtenu après que les conditions préalables aient été levées. En dépit de tout ce qui s’est passé à l’intérieur pour un peu divertir, nous avons accepté. Ce que je voudrais ajouter, c’est que, avoir constaté le manque de réaction de la part du gouvernement, nous avons signé une lettre conjointe au Chef de l’Etat pour lui demander de nous éclairer maintenant sur la conduite à tenir en vue de permettre au dialogue de finir véritablement les questions qui se posent pour l’organisation d’une élection transparente» voir ladite lettre après cet article.

- Aboubacar Sylla de se réjouir de l’unité d’action de l’opposition dans son ensemble: «Une chose est claire : pour une fois, depuis très longtemps, l’opposition guinéenne a définitivement acquis ses titres de noblesse en ce qui concerne son unité. Je crois qu’aujourd’hui, l’opposition en tout cas, ceux qui prônent les valeurs républicaines, est aujourd’hui unie au sein de l’ADP et le Collectif. Je crois que depuis longtemps, on n’avait pas vu, une opposition aussi unie autour des questions aussi importantes et aussi délicates sans qu’il y n’ait une seule fausse note de la part d’aucun des membres de cette opposition».

Face aux accusations selon lesquelles l’opposition ne veut pas aller aux législatives, Lansana Kouyaté réfute: «c’est faux de dire que cette opposition ne veut pas aller aux élections. Sans quoi, l’opposition n’allait pas être demanderesse de ce dialogue. C’est faut de penser que nous constituons l’obstacle.»

Fort de certaines expériences, le diplomate avertit: «c’est ce passage en force qui va amener les effets d’entraînement qu’il faut savoir prévoir. Prévoir les tensions, c’est facile. Mais prévenir, c’est plus difficile. On est dans un cas de prévention. Prévoir, tout le monde sait ce qui peut se passer. Ces histoires d’élections ont amené trop de contradictions dans les pays pour les faire aboutir parfois à du chaos. Ce n’est pas ce que nous souhaitons pour ce pays. Et nous sommes en train de puiser dans toute notre imagination pour que cela n’arrive pas. C’est le sens de la lettre qui est en cours d’acheminement vers le Président de la République afin que, ensemble, nous puissions trouver une solution à ces questions essentielles de la CENI et des démembrements.»

Il va conseiller en ces termes: «il faut que nous nous décomplexions. Il faut que les Guinéens sachent que la démocratie tant souhaitée ne viendra que si nous sommes responsables et dans la vérité et dans la justice et idéalement, dans la paix ! »

Par rapport au meeting du samedi, Lansana Kouyaté précise à son tour: «pour le meeting déjà de samedi, c’est à partir de 10h au stade de Bonfi. Ce qui constitue le premier pas vers des actions se veulent pacifiques, qui ont pour objectif d’informer nos militants et le peuple de Guinée de ce qui est entrain de se passer afin qu’il n’y ait pas une perception totalement erronée que l’opposition est aujourd’hui l’obstacle. On ne constitue pas l’obstacle. Nous voulons des élections. Nous les voulons transparentes, nous les voulons crédibles. Le temps découle de cela. Il ne sert à rien d’aller vers des élections qui ne sont pas transparentes. Ça va entraîner des dégâts. Tout comme, on ne peut pas attendre indéfiniment. »

Aboubacar Sylla de menacer «Le pouvoir doit savoir que l’opposition est déterminée et qu’elle ira jusqu’au bout de tous les droits qui lui sont reconnus par la Constitution et les lois de la République pour faire valoir les positions qui sont siennes et qui sont tout simplement des positions qui sont en harmonie avec les idéaux et la vision de tout le peuple de Guinée ».

Côté mouvance présidentielle, on crie à la surprise. La position est ainsi exprimée par Alhousséni Makanéra Kaké, un des leaders de l’Alliance RPG – Arc-en-ciel : «c’est une réaction de surprise. Surprise en ce sens que l’opposition qui se dit légaliste, dit qu’elle n’a pas été associée à la fixation de la date des élections législatives. Est-ce que vous avez des dispositions de la Constitution ou du Code électoral qui stipulent que la CENI doit absolument tenir compte des partis politiques dans la fixation de la date des élections ? Est-ce qu’ils doivent être consultés? Est-ce que cette consultation doit ressortir de l’avis conforme? C’est ma première grande surprise.

La deuxième surprise, c’est que nous venons de sortir du cadre de dialogue inclusif qui a pris près de deux mois, et nous nous sommes tous entendus de faire en sorte que toutes les décisions soient consensuelles. Qu’à défaut du consensus, que l’on devrait s’appuyer sur les textes de lois.

Je voudrais bien que l’opposition cite des textes qui disent que la CENI qui est indépendante, ne peut pas fixer la date des élections. »

Et l’orateur de faire la morale: «on ne peut pas vouloir de la démocratie et exiger l’unanimité. L’unanimité n’est pas démocratique. Elle est même impossible, c’est une simple vue de l’esprit.»

Réaction par rapport à la tenue du meeting: «je n’ai pas un état d’âme par rapport à ça. Tant que ces journées sont conformes aux dispositions légales en vigueur, c’est ça aussi la démocratie. Mais je crois d’ailleurs que l’opposition se fatigue. A tenir compte de ce que l’opposition nous apprend tous les jours, qu’elle représente 80% de la population guinéenne donc, elle n’a qu’à tout simplement dire à ses militants et sympathisants "je ne vais pas participer aux élections législatives", puisqu’elle dit que le RPG – Arc-en-ciel est moins de 20% de la population.

Lorsqu’une Assemblée [nationale, ndlr] sera là, qui a été choisie par moins de 20% des Guinéens, même moi, Alhousséni Makanéra Kaké, je vais récuser cette Assemblée. Je dirais qu’elle n’est pas conforme à la volonté du peuple de Guinée».

Le Ministre de la Communication Dirus Dialé Doré, Porte-parole du Gouvernement réagit: «J’ai appris comme tout le monde que l’opposition voudrait organiser un meeting demain samedi au Stade de Bonfi pour, dit-on, protester contre la fixation unilatérale à leur avis de la date des élections législatives. Je pense que nous devons faire la part des choses. Premièrement, l’opposition est libre de sensibiliser ses militants et de rencontrer ses militants et sympathisants mais dans les formes requises. A savoir obtenir l’accord des autorités locales et être sûr de maitriser ses militants. Dans ce sens-là, toute manifestation étant prévue par les lois ne peut provoquer aucun problème. Cela va avec le fonctionnement normal et régulier du système démocratique.»

D’après Sidya Touré, «Nous avons informé le maire de la Commune où doit se tenir notre meeting. Et comme la loi le dit, nous informons les autorités communales et nous ne nous attendons pas à une autorisation. Nous avons reçu l’accusé de réception de notre correspondance.»

Dans une déclaration télévisée dans la soirée du vendredi, 16 mars, madame le maire de la Commune de Matam de réfuter cette affirmation. Selon Hadja Nènè N’Koya Touré, elle aurait appris «à travers les ondes de certaines radios, que des partis politiques envisagent d’organiser des manifestations dans la Commune de Matam demain samedi, 17 mars 2012. Précisément dans les locaux du stade municipal de Bonfi.»

Après avoir rappelé le droit de manifestation accordé à tous les citoyens par les textes légaux, elle a souligné que «ce droit de manifestation s’exerce dans des conditions bien définies par les dispositions du code pénal» dont elle va rappeler également les articles y afférant.

Madame de nier: «je déclare n’avoir reçu aucune demande de manifestation d’une quelconque alliance de partis politiques au stade de Bonfi demain samedi, 17 mars 2012» avant d’ajouter que «quelque soit la suite à réserver à une déclaration de manifestation, il aura fallu que ladite déclaration ait été reçue. Or, dans ce cas de figure, le maire de Matam n’a reçu aucune déclaration de manifestation de qui que ce soit.»

Elle dit mettre «au défi quiconque pourrait me prouver le contraire». Hadja Nènè N’Koya de conclure : «il est donc très clair, qu’aucune manifestation n’est prévue dans ma Commune» tout en invitant «la population à vaquer à ses affaires habituelles» car, ajoute-t-elle «les dispositions sont prises pour assurer la sécurité et la quiétude de la Cité».

Par rapport à la sécurité des lieux, le leader de l’UFR semble banaliser la responsabilité qui devrait incomber aux organisateurs: «Ce n’est pas à nous d’assurer la sécurité des manifestations mais plutôt aux forces de sécurité. Il revient donc à la gendarmerie et à la police de répondre à la question de savoir si des mesures sont prises pour assurer la sécurité des gens».

Pour éviter que les forces de maintien de l’ordre ne se retrouvent devant le fait accompli, le Haut Commandant de la Gendarmerie et Directeur de la Justice militaire a également fait une déclaration télévisée dans la même soirée du vendredi, 16 mars 2012 dans laquelle il annonce qu’ «une certaine alliance au mépris des articles 106 à 109 du Code pénal relatifs aux cortèges, défilés, réunions publiques et des articles 110 à 114 du même Code relatifs aux attroupements, se propose d’organiser au stade de Bonfi, le samedi 17 mars 2012, une prétendue mission d’éducation politique des citoyens sans aucune formalité conformément à l’article 107 du Code pénal qui définit les conditions à remplir pour l’organisation de meetings.»

D’après le général Ibrahima Baldé, «nous disposons des informations selon lesquelles, des armes à feu auraient été distribuées à certains individus malintentionnés pour en faire usage au cours de ce rassemblement sur la foule et faire endosser cette responsabilité par les services d’ordre.»

Le patron de la gendarmerie nationale rappelle: «la mission de maintien d’ordre entre dans les attributions traditionnelles et régaliennes de la gendarmerie et de la police nationales qui n’ont en dotation que de matériels classiques et conventionnels».

«Ainsi, poursuivra-t-il, nous prenons en témoignage la communauté nationale et internationale, de l’intention de ces organisateurs que les services de gendarmerie et de police, en cas de trouble à l’ordre public, ne feront jamais recours aux armes à feu au contraire, n’utilisent que les moyens organiques conventionnels reconnus sur le plan international ».

Le général Baldé va conclure en appelant «la paisible population de Conakry et de ses banlieues à la retenue et à vaquer à ses activités quotidiennes » et en rassurant « les citoyens de la capitale que des dispositions sont prises contre tous ceux qui, de façon manifeste, tenteront de troubler l’ordre public».

No comment.

AfricaLog.com